Les dieux jumeaux

Les Kerdraï ont une tendance syncrétiste et peuvent vénérer de nombreux dieux ou entités diverses, autochtones ou étrangers. Néanmoins, tous ou presque adhèrent au dualisme. Comme son nom l'indique, ce culte tourne autour de deux divinités principales.

Sheazän est la personnification du Chaos, du feu et de l'été. Elle est création et destruction, source de toute vie et de toute mort. Si le feu peut ravager des lieues entières de champs et de forêts, ses cendres peuvent servir de terreau fertile à la prochaine génération végétale. Tout comme il brûle, il réchauffe dans les nuits glaciale du Nord. Il change la chaire morte en viande cuite, le levain en pain et la boue en poteries. Le soleil, une des incarnations de Sheazän, apporte lumière et chaleur et permet la fertilité des plantes et des bêtes, mais peut également répandre la mort par la sècheresse. Elle est également présente dans le feu du foyer, qui permet à la famille de se rassembler, et en son honneur chaque hadra transporte dans toutes ses pérégrinations un brasero alimenté en permanence et qui symbolise l'unité tribale. Sheazän est également la source des rêves, des émotions et de l'inspiration artistique, plus particulièrement celle des conteurs, danseurs, chanteurs et musiciens.
La déesse est généralement représentée sous la forme d'un phénix, animal qui par son cycle de mort et de renaissance perpétuelle symbolise à la fois la course du soleil et la double fonction créatrice et destructrice de Sheazän, ou sous les traits d'une jeune femme à la chevelure flamboyante.

Rahorn est la personnification de l'Ordre, de la glace et de l'hiver. Là où sa sœur est dans un processus perpétuel de création et de destruction, lui cherche à préserver toute chose dans un état figé. Sans lui, rien ne pourrait subsister plus d'une fraction de seconde, il est ce qui permet de stabiliser les créations de Sheazän et d'empêcher leur immédiate destruction. Il préserve des maladies et des calamités, est le garant des traditions et de la justice et c'est en son nom que sont prêtés les serments. Il apporte la mémoire et la raison, et il lui arrive de passer outre sa répugnance pour l'innovation et d'apporter aux hommes certains savoirs particuliers tels que l'écriture et l'architecture.
Les Kerdraï représentent Rahorn sous les traits d'un homme à la peau et aux cheveux entièrement blancs, sans pupille ni iris, revêtu de la fourrure d'un grand fauve afin de symboliser la victoire de l'humain sur sa bête intérieure.

Les Kerdraï aiment et respectent l'un et l'autre de leurs dieux majeurs, mais craignent également que l'un ne prenne le dessus sur l'autre, ce qui serait une catastrophe dans les deux cas. En effet, sans les limites imposées par Rahorn, sa sœur n'aurait de cesse de détruire le monde pour en créer un neuf encore et encore, mais sans l'énergie et la créativité de Sheazän, son frère plongerait la terre dans l'obscurité et figerait toute vie dans la pierre. Il faut donc maintenir un certain équilibre entre Ordre et Chaos et vénérer les deux dieux à part égale. C'est d'ailleurs pour cette raison que les roux et les albinos sont souvent victimes d'une crainte superstitieuse, car considérés comme entièrement sous l'emprise d'un des jumeaux sans laisser de place à l'autre.