J'ai reçu une invitation d'Ethan Draneold pour un repas et parler « affaires », invitation qui ressemblait trait pour trait à une convocation. Cet homme abuse trop de son statut : oser me convoquer, moi ?
En fait, nous avons parlé affaires à cinq. Trois autres hommes s’étaient joints à notre table. Et après une discussion ubuesque sur la beauté des tabourets entre notre hôte et le tiefellin, nous sommes arrivés au cœur du sujet : récupérer une statuette « de collection » dans une ancienne ruine infestée de viles créatures. Et bien sûr il l’aurait appris et d’autres collectionneurs seront également à sa recherche. Pour une statuette de collection. Bien sûr.
Mais qu’importe, deux de mes compagnons imposés maîtrisent des arts magiques différents des miens. Peut-être pourrais-je apprendre quelque chose à leur contact. Et si comme je le pense, cette statuette est bien plus que de collection, mieux vaut ne pas laisser passer pareille opportunité.
Le tieffelin, Laclesio, nous acheta des mulets au lieu de louer des chevaux. Moi, monter sur un mulet ? Mais je dois ronger mon frein pour le moment.
Nous partîmes et je tentai de mieux connaître mes compagnons – surtout si ma vie risquait d’être entre leurs mains. Laclesio est fou. Il fait partie de cette catégorie de personnages où les arts magiques leur ont fait quelque chose à la tête. Macron-Polo Ramondo semble assez fiable, mais avec un nom pareil, il a dû vivre une enfance difficile. Syenka a refusé toute coopération, cette sale petite créature sournoise. Il faudra la garder à l’œil.
Nous sommes passés par une auberge puis avons repris notre route. Au deuxième soir, nous avons campé à un endroit que j’ai choisi. Au moins mes compagnons ont-ils eu l’intelligence de reconnaître que la mienne est supérieure. J’ai tenté de faire un feu, mais l’herbe ne brûlait pas très bien.
Alors que je cherchai du bois, je sentis une créature dans les parages. Quand je revins au camp en faire part à mes compagnons, cet abruti de tieffelin lança un trait de feu sur la forêt. Voyant mes compagnons amorphes face à ce qui pourrait devenir en quelques instants un incendie de forêt nous prenant dedans, j’usai de ma magie et de ma cape pour éteindre les flammes.
Réveillés dans la nuit, nous surprîmes Macron-Polo, de garde, endormi sur sa souche. Mon cœur manqua un battement quand je vis que mon sac manquait. Heureusement, j’ai rapidement retrouvé mes affaires. Mais cet hurluberlu de Macron-Polo disait que ce n’était pas sa faute et est allé se coucher. Je ne pus fermer l’œil le reste de la nuit, mes affaires tout contre moi. Ma colère grondait quand mes compagnons se réveillèrent frais et dispo au petit matin.
Nous sommes allés chercher les affaires des autres en suivant les traces d’un ours, que nous avons trouvé et terrassé (mais en perdant deux mules). Dans sa grotte, nous avons aussi trouvé les petits de l’ours. Trop jeune, ils n’auraient pas survécu, aussi décidais-je de raccourcir leurs souffrances. Mais Syenka les dépeça sans la moindre once de dégoût.
Nous atteignîmes enfin les ruines. La roublarde partit en éclaireur. Apparemment elle tua un gobelin, mais il eût le temps de donner l’alerte ! Malédiction ! Nous contournâmes les ruines pour arriver d’un endroit où les gobelins ne nous attendaient pas, mais apparemment ils s’étaient repliés vers l’intérieur.
Nous descendîmes dans les ruines et nous affrontèrent de nombreux gobelins. Un javelot trouva mes côtes, et j’eus la plus grande difficulté à poursuivre. Laclesio utilisait une magie très étrange. Ses sorts étaient prodigieusement efficaces mais leurs effets secondaires semblaient incontrôlables. Comme cette barbe de plumes.
Après un dur combat, nous sommes arrivés devant un coffre. J’usai de mes capacités mystiques mais ne trouva aucun piège magique. J’ouvris le coffre et là, ô merveille : des bijoux, de l’or, un bouclier, et notre statuette. Avant de m’en saisir, je voulais examiner cette statuette de plus près. Je tendis le bouclier à Macron-Polo qui aurait pu en avoir usage.
Puis ce fut le vide. Je me réveillai, avec de terribles contusions, sur l’épaule de Macron-Polo et je voyais plus loin Laclesio qui tenait une Syenka inconsciente. Mais que s’était-il passé ?