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 Avènements des Princes - Récapitulatif

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LuciusLanda
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MessageSujet: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeLun 14 Jan - 20:14

Citation :
Ce topic servira à récapituler tous les tours et nouvelles diplomatiques qu'il y a eu sur ADP afin que vous puissiez retrouver des infos si vous en avez besoin sans galérer à chercher.

Prière de ne pas poster sur ce topic.

Avènements des Princes - Récapitulatif  Avenem10

AVÈNEMENT DES PRINCES
Si Deus Pro Nobis, Quis Contra Nos ?

11 août 1492. Alors que Christophe Colomb vient d’embarquer avec son équipage vers ce qu’il pense être les Indes orientales, Rodrigo Borgia, roi des intrigues du Saint-Siège, devient finalement le Vicaire du Christ. Souhaitant replacer l’Eglise au centre du jeu politique italien, il va amorcer un changement d’ère qui va bouleverser l’équilibre déjà instable d’une péninsule morcelée en une multitude d’Etats. Théâtre de la convoitise des grandes puissances qui la bordent, l’Italie a besoin de s’unir pour faire face aux ombres planant au-dessus de sa tête. Elle a besoin d’un sauveur, de quelqu’un qui parviendra à se hisser au-dessus de la mêlée pour la mener vers la gloire. C’est l’heure de la Renaissance !

CARTE :
Spoiler:

FACTIONS :

Chacune des factions peut avoir un véritable impact sur le jeu politique italien. Même les petites factions ont le pouvoir, si elles sont assez habiles, de jouer un rôle de premier plan, donc n'hésitez pas.

Grosses factions :

Royaume de Naples – Cela fait maintenant cinquante ans que le royaume de Naples est tombé dans l’escarcelle de la Couronne d’Aragon. La dynastie a été légitimée plus tôt dans l’année par Innocent VIII, mais en appuyant l’adversaire de Rodrigo Borgia pendant le conclave, Ferdinand 1er a remis en cause cette fragile entente qui le liait au Saint-Siège. Les Napolitains détestent leur roi, véritable tyran, et il se murmure que les Français pourraient bien être leurs sauveurs. (Silvio)

Duché de Milan – Les Sforza furent portés au pouvoir par le peuple milanais, espérant ainsi avoir une famille forte à sa tête. La ville connaît une période de stabilité depuis plusieurs décennies, sublimée par Ludovic Sforza qui en a fait une cité prospère et crainte par ses voisins. Si le duché est lié diplomatiquement au Royaume de Naples, via le mariage de son duc légitime avec une princesse aragonaise, un accord de non-agression a été conclu cette année avec la France, semant le doute sur les intentions milanaises. (kevin13)

République de Venise – Depuis la paix de Lodi, la Sérénissime a repris le rôle qui lui sied le mieux : faire fructifier son empire commercial. Mal vue par les autres Etats italiens qui l’accusent, à raison, d’être souvent l’intriguant se cachant derrière les affrontements entre potentats, elle n’en reste pas moins une forte puissance, assurément la plus riche de la péninsule. Cependant, le danger ottoman guette, et voir son influence décroitre ne déplairait pas à ses voisins. (Dodo)

Moyennes factions :

Etats pontificaux - Rodrigo Borgia vient d’être élu pape, prenant le nom d’Alexandre VI. L’Italie a les yeux rivés sur ce nouveau pontife, se demandant quelle politique il compte mener. On le sait réformateur et ayant une profonde envie de moderniser les Etats pontificaux, le pouvoir spirituel ne lui suffisant pas. Dans un premier temps, il compte remettre au pas ces seigneurs de la Romagne qui ne cessent depuis des décennies de manquer de respect à leur souverain légitime. (Hames)

République de Florence – Laurent le Magnifique vient de mourir, la ville pleure devant la perte de ce remarquable tyran. Son fils Pierre II de Médicis inquiète les Prieurs de la Seigneurie, tant il semble incertain qu’il puisse avoir les épaules pour diriger la ville. Conformément à la doctrine développée par les Médicis, Florence joue un rôle d’arbitre dans les tensions qui agitent l’Italie, prônant sa neutralité quelle que soit la situation. (hgh)

République de Sienne - Depuis la moitié du 14ème siècle, la République de Sienne a vu sa grandeur décroître à mesure que celle de Florence augmenter. Alors que son apogée semblait derrière elle, le gouvernement visionnaire de Pandolfo Petrucci a permis à Sienne de retrouver une certaine vigueur, inquiétant même des voisins qui se moquaient d’elle depuis trop longtemps. Son rapprochement avec la France n’a fait que renforcer cette impression d’un retour aux affaires des Siennois. (SergueiBorav)

Duché de Savoie – La Maison de Savoie s’est vue distinguée au début du 15ème siècle par le Saint-Empire qui, en récompense de sa fidélité, a érigé ses territoires en un duché important. De par sa position centrale entre toutes les puissances européennes, la Savoie se voit souvent mêler aux conflits qui ravagent la région. Hostile à la France qui a souvent essayé de l’annexer, le duché peut compter sur le soutien de son fidèle allié : le Marquisat de Montferrat. (Temudhun)

Duché de Ferrare - Administré d’une main de fer par Hercule 1er d’Este, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio, le Duché de Ferrare se révèle être une puissance respectée par les grands potentats qui la jouxtent. Autrefois très belliqueux – les d’Este étant des précurseurs dans l’usage de l’artillerie –, Ferrare s’est rangé, à l’instar de Florence, derrière un masque de neutralité pour ne plus être mêlé aux luttes intestines de la péninsule. Hercule 1er n’a cependant jamais renié l’historique affection de sa famille pour la Sérénissime. (Arkantos)

République de Gênes – La République n’est plus aussi superbe que ce qu’elle était au temps de Pétrarque mais elle n’en reste pas moins une puissance commerciale et maritime reconnue de tous. Autrefois asservie à la France, elle est passée depuis une trentaine d’années sous protectorat milanais. Administrée par le doge Paolo Fregoso, également cardinal, la République n’aspire qu’à retrouver sa gloire d’antan, lorsqu’elle faisait frémir Venise, son ennemi de toujours. (labtec)

Petites factions :

Marquisat de Montferrat
– Cela fait près de 200 ans que les Paléologues, descendants de la famille impériale byzantine, règnent sans discontinuer sur le Marquisat de Montferrat. Historiquement attaché au Duché de Savoie, le Marquisat n’a cessé de se battre au côté de son ami et protecteur, notamment contre le Marquisat de Saluces, puissance protégée par le Royaume de France, qu’ils ont récemment vaincus. (Beregil)

Marquisat de Saluces - Jusqu'à très récemment, les territoires du Marquisat de Saluces étaient occupés par le duché de Savoie. Cette occupation a été très mal vécue par les habitants du Marquisat, et encore plus par Ludovic II son souverain légitime. Appuyé par la France, le Marquisat a retrouvé l'entièreté de son territoire à la mort du duc de Savoie en 1490. Si ce petit potentat semble en déclin, son envie de revanche associée à la protection de son surpuissant allié devrait lui permettre de se relever. (Arzgluf)

Marquisat de Mantoue - Le Marquisat de Mantoue est unanimement vu par chacun comme un potentat calme et prospère. Les marquis successifs n'ont cessé de travailler pour faire rayonner cette petite puissance qui, bien que modeste, n'en reste pas moins étroitement liée au duché de Ferrare. François II, actuel marquis de Mantoue, a opéré ces dernières années un considérable rapprochement avec la République de Venise. (Endwars)

Duché d'Urbino - Le Duché d'Urbino est entre les mains de la famille Montefeltro depuis presque un siècle maintenant. Ayant été légitimée par le Saint-Siège en 1443 comme famille régnante sur le territoire, ils jouissent d'une situation moins bâtarde que les autres seigneurs de Romagne. Diplomatiquement très proche du Marquisat de Mantoue, Urbino a généralement vu à sa tête des seigneurs reconnus pour leur valeur militaire. (fabian)

Cités d’Imola et de Forli - Ces deux puissantes seigneuries sont passées sous le commandement de Catherine Sforza, suite aux décès "malheureux" de ses deux précédents maris. Véritable lionne crainte par toute la péninsule pour son habileté militaire et son implacabilité, la comtesse de Forli possède deux des plus puissantes citadelles de la Romagne. Elle voit cependant d'un œil inquiet l'élévation d'un nouveau pape qui semble vouloir reprendre le contrôle légitime sur cette région qui revient au Saint-Siège. (Firias)

Seigneurie de Rimini - La famille Malatesta, célèbres condottieri, règne depuis des siècles sur la Seigneurie de Rimini. S'ils le firent dans un premier temps au nom des Etats pontificaux, ils prirent rapidement leur indépendance en administrant ce territoire comme de véritables tyrans. Il semble que Pandolfo Malatesta, actuel seigneur de Rimini, réunit toutes les qualités inhérentes à sa famille et qui ne font qu'attiser une rancœur de plus en plus grande de ses sujets. (Lars)

Seigneurie de Faenza - La famille Manfredi gouverne Faenza depuis presque deux siècles. Cette petite seigneurie est connue pour son peuple totalement dévoué à l'égard de ses seigneurs. Astorre Manfredi, le jeune et magnifique prince de la ville, ne déroge pas à la règle, grâce à un conseil de régence qui fait preuve d'une infinie sagesse. (Aedhr)

Seigneurie de Bologne - Elle est sûrement la plus riche des multiples seigneuries qui émaillent la Romagne, au grand dam du Saint-Siège. Autoproclamés seigneurs de Bologne depuis le début du siècle, les Bentivoglio n'en restent pas moins fortement appréciés par leurs sujets. La ville vit en paix, prenant soin de ne jamais se mêler des joutes se tenant autour d'elle. (Maraud)

Seigneurie de Pérouse
- Gouvernée par Guido Baglioni, Pérouse est en proie à des constantes luttes de pouvoir entre les puissantes familles de la ville. Cependant, la famille Baglioni a su s'élever au-dessus de la mêlée pour devenir l'unique détentrice du pouvoir. Historiquement très fidèles à la papauté, les Baglioni ont eu l'habitude de mettre au service du Saint-Siège leur talent guerrier. (Zhyma)

République de Raguse - Raguse est peut être la plus originale de toutes les factions italiennes. A mi-chemin entre le monde occidental et le monde slave, elle est depuis 1458 vassalisée à l'Empire Ottoman. Forte de la protection de cette grande puissance, la République des Recteurs se développe de manière florissante, au grand dam de son adversaire vénitien. (ServietSky)

Factions non-jouables :

Royaume de France – La France, avec à sa tête le roi Charles VIII, est considérée comme la puissance dominante en Europe. Sa prodigieuse armée, alimentée par les vassaux dévoués du souverain, effraie même le Saint-Empire. L’ambition de Charles l’Affable se porte de plus en plus sur le trône de Naples, la Maison d’Aragon n’étant, à ses yeux, pas légitime.

Saint-Empire – Frédéric III, empereur des Romains, est confronté à une situation tendue dans un empire qui semblait jusqu’à peu au bord de l’éclatement. Cependant, sous l’impulsion de son fils Maximilien, l’emprise des Habsbourg tend à se renforcer, et ce de manière totalement inattendue. L’héritier du trône semble avoir une ambition démesurée et des idées à la mesure du titre qu’il s’apprête à porter.

Royaume d’Espagne – Ferdinand II a réussi le prodige de réunir en 1479 toute l’Espagne sous son autorité, en unissant les royaumes d’Aragon et de Castille. Le roi espagnol voit d’un mauvais œil les prétentions françaises de moins en moins feintes sur la couronne de Naples. Celle-ci est pour l’instant aux mains d’une branche aragonaise cousine de celle de Ferdinand II.

Empire Ottoman – Il n’y pas si longtemps, les Ottomans faisaient tomber une bonne fois pour toutes l’Empire Byzantin, causant une onde de choc terrible en Europe. Aujourd’hui, le sultan Bajazet II développe une politique de plus en plus hostile à l’égard de la République de Venise, la puissance commerciale de la Sérénissime desservant les velléités ottomanes de s’étendre en Méditerranée. Le conflit, s’il n’est pas officiellement déclaré, demeure cependant proche.



RÈGLES :

RÈGLES GÉNÉRALES:

DIPLOMATIE:

ECONOMIE:

MILITAIRE:

PERSONNAGES:

Le MJ a écrit:

A titre d'information, la Ligue italique est une alliance conclue en 1454 par Florence, Venise, les Etats pontificaux, Naples et Milan ayant pour objectif de maintenir une paix globale en Italie.
Elle a été rejointe par globalement toutes les puissances italiennes, hormis (et pas de bol pour lui) la Seigneurie de Rimini.

Autre information, les potentats se trouvant dans le Saint-Empire en 1492 sont :

- Marquisat de Montferrat
- Duché de Savoie
- Marquisat de Saluces
- République de Florence
- Marquisat de Mantoue
- Duché de Ferrare
- Duché de Milan
- République de Gênes



Dernière édition par LuciusLanda le Lun 14 Jan - 20:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeLun 14 Jan - 20:39

Echanges diplomatiques entre août 1492 et février 1493 :

Rapport du journal de Burchard en date du 15 août 1492:

Déclaration du doge de Venise:

Rapport du journal de Burchard en date du 25 août 1492:

Déclaration de la Régente de Savoie:

Déclaration du marquis de Mantoue:

Déclaration du doge de Gênes:

Rapport du journal de Burchard en date du 10 septembre 1492:

Rapport du journal de Burchard en date du 25 janvier 1493:

Déclaration du pape:

Déclaration du prieur de Sienne:



TOUR 1 - FÉVRIER 1493


Avènements des Princes - Récapitulatif  Adfas-10

Carte:

Cela fait finalement peu de temps qu’Alexandre VI siège sur le trône de Saint-Pierre, et pourtant l’Italie s’agite déjà dans tous les sens. La nouvelle d’une hypothétique invasion française a eu un effet impressionnant sur tous les potentats de la péninsule. Il est vrai que la réception de nombreux rapports indiquant les tractations diplomatiques de Charles VIII avec les grandes puissances européennes a de quoi inquiéter. Les dernières missives annoncent d’ailleurs que les négociations avec le Saint-Empire progressent, dans un sens qui ne plaira pas aux sujets italiens de l’empereur. Beaucoup d’experts, un brin pessimistes, estiment que l’Italie se verra livrer à elle-même quand les vagues françaises déferleront. On signale d’ailleurs, en ce sens, que des armées françaises stationneraient à la frontière savoyarde. Des éclaireurs ont été envoyés pour estimer les forces du roi de France, et ceux qui sont revenus ont rapporté qu’ils étaient au moins 15 000 hommes, sans compter les très nombreux canons qui accompagnaient les troupes.  

Le temps est donc à l’inquiétude pour tous. Face à la menace extérieure, les différentes factions qui composent l’Italie ont donc mis en place des politiques visant à se renforcer économiquement ou militairement. La tempête, si elle est encore loin, se rapproche de plus en plus, effrayant les moins courageux, excitant les plus téméraires.

Au nord de l’Italie

La République de Venise a considérablement développé un empire commercial déjà florissant. Les investissements en la matière ont été nombreux, et la richesse de la ville fait pâlir d’envie ses voisins. Pour assurer la sécurité de ses marchands, le Doge a ordonné aux puissants navires de guerre de la Sérénissime de patrouiller en Adriatique, faisant fuir les pirates et autres corsaires qui n’osent pas s’y frotter. Pas d’incidents à signaler concernant les Ottomans, les deux factions restant suffisamment prudentes pour ne pas créer d’évènements fâcheux pouvant faire dégénérer une situation déjà tendue.

Le Duché de Milan, l’autre puissant voisin des Vénitiens, n’a pas chômé lui non-plus. Ludovic Sforza s’est appliqué à agir diplomatiquement en envoyant de nombreuses missives au roi Charles VIII et à l’empereur Frédéric III. Fort de sa puissante armée, le duc de Milan s’est empressé de rappeler que l’Italie n’était pas le terrain de jeu de puissances extérieures. Les manufactures milanaises se sont fortement développées durant ces derniers mois. En ce sens, la production d’artillerie a été fortement facilitée par un ingénieur de génie travaillant pour le duc : Léonard de Vinci.

Le Duché de Savoie et le Marquisat de Montferrat, en première ligne si Charles VIII franchissait les Alpes, se sont efforcés de se préparer du mieux qu’ils le pouvaient face à la menace. Les investissements ont été pléthore pour redynamiser l’économie de la région. Élevages bovins, champs de blé, pêcheries, Blanche de Montferrat a multiplié de judicieux développements pour enrichir le Duché. Cependant, les plus impressionnantes améliorations sont à mettre au crédit du Marquisat, qui n’a pas hésité à emprunter pour multiplier la création d’ateliers, de manufactures et d’exploitations qui font le bonheur de ses sujets.
Sur le plan militaire, l’armée savoyarde a été réorganisée sous la supervision d’un brillant commandant : Pierre Terrail, seigneur de Bayard. Les progrès sont spectaculaires, les troupes du Duché ont vraiment fières allures.

Dans une moindre mesure, le Marquisat de Saluces a imité ses deux voisins. Cependant, se sachant lié au Royaume de France, Ludovic II n’a pas eu à supporter les mêmes soucis que les autres potentats italiens. Le temps n’étant pas à l’urgence, les progrès du Marquisat sont plus lents, mais n’en demeurent pas moins constants.  

Plus au sud, la République de Gênes suit la même politique de développement commerciale que son rival vénitien. Si les progrès sont plus modérés, il n’en reste pas moins que la manière de gouverner de Paolo Fregoso porte ses fruits. Les Génois sont inspirés par ce Doge qui ne cesse de déclamer que la République va retrouver son prestige d’antan et dominer la Méditerranée comme elle le fit au faîte de sa gloire. Les démonstrations de force de la marine génoise dans la mer Ligurienne ont vocation à le démontrer.

La cour d’Hercule 1er d’Este est l’exemple culturel à suivre pour toutes les factions italiennes. En plus de sa célèbre troupe de comédiens et de jongleurs, de nombreux artistes de renom se bousculent dans les salons de Ferrare, les spectacles se succédant à un rythme fou. Classiques gréco-romains, pastiches sociaux sur la situation chaotique de l’Europe chrétienne, pièces caricaturant les Ottomans, les sujets de Ferrare ne manquent de rien pour se distraire.
Cependant, le duc n’oublie pas que le spectre français rôde. Se faisant, l’investissement en matière militaire a été conséquent.

Le marquis de Mantoue, allié historique de Ferrare, a multiplié les projets économiques afin de faire prospérer son petit Etat. Grâce à un emprunt auprès de la banque de Sienne, il a pu moderniser les infrastructures de production du Marquisat. En parallèle, sous les ordres directs de François II, commandant reconnu, les forces militaires de Mantoue se sont rapidement améliorées. Peu nombreux, certes, mais très valeureux, ils sont la fierté du marquis.
Il est à noter que ce sont des éclaireurs de Mantoue qui ont permis de recueillir de nombreuses informations sur l’état des forces françaises se trouvant à la frontière.

Au centre de l’Italie et en Romagne

Le constat est simple à faire, Sienne est devenue la ville la plus riche de toute l’Italie. Les flux d’argent sont si nombreux que les Siennois ne savent plus où poser leurs yeux, tant les richesses abondent dans la ville. S’il est vrai que de nombreux prêts d’argent sont à mettre au crédit de la Banca Monte dei Paschi di Siena, c’est Pandolfo Petrucci qui est loué pour son gouvernement d’une efficacité redoutable. Le commerce a atteint un niveau inégalé dans l’histoire de la ville, les marchands se succédant à une vitesse folle dans la République.
Cette toute-nouvelle richesse profite évidemment à l’armée siennoise qui s'est vue dotée de tous nouveaux centres d'entraînement et de matériels flambant neufs. Sur les indications du Prieur Petrucci, les troupes n’ont cessé de patrouiller dans la partie nord du territoire, à la frontière florentine.

La République de Florence a connu six mois particulièrement agités. Pierre II de Médicis a rapidement engagé des mercenaires suisses, surprenant tous les potentats italiens qui se demandaient ce qu’il comptait en faire. Tardant de manière irresponsable à répondre, le seigneur de Florence s’est finalement expliqué en indiquant qu’il n’avait recruté ces mercenaires que dans l’optique de se défendre de l’invasion française quand elle viendrait à se produire.
La ville est marquée par des tensions entre les partisans et les opposants des Médicis. La gouvernance de Pierre II est décriée par certains, qui ne comprennent pas pourquoi il a fallu recruter de si onéreux soldats alors que la menace est encore lointaine. Un sentiment anti-vénitien grimpe également dans la ville, des voix s’élevant pour énoncer que la Sérénissime serait la cause des problèmes qui accablent la ville.  

Le Pape a commencé sa tournée de ses territoires de Romagne afin de recevoir les hommages de tous les seigneurs vassaux du Saint-Siège. Voulant réaffirmer son pouvoir temporel, il était accompagné par la glorieuse armée pontificale, commandée par son « neveu » Cesare Borgia. Il a cependant confirmé les maisons régnantes ayant assuré leur allégeance au Saint-Siège.

La Romagne voit la création d’un nombre important de manufactures. La production de richesse s’accélère drastiquement dans la région, sous l’impulsion notable de Faenza qui est à la pointe en la matière, suivie par Urbino, Bologne, Rimini et Pérouse. Rimini et Pérouse ont également opéré des renforcements militaires, Baglioni réaffirmant que sa cité était au service plein et entier du Saint-Siège.

Au sud de l’Italie

Longtemps décrié par son peuple pour la cruauté avec laquelle il a mené son règne, Ferdinand 1er de Naples tente par tous les moyens de se rattraper pour contrecarrer la menace française qui se précise.
Le roi aragonais a lancé de grands chantiers afin de s’attirer les faveurs de son peuple. Diminution des taxes, organisation de festivités, réforme agraire profitant aux petits paysans, lutte contre le brigandage, le souverain a envie de se faire aimer et les premiers résultats montrent que ses efforts ne sont pas vains. La popularité de la Couronne remonte doucement mais sûrement.
Parallèlement à cette politique prolétarienne, le roi rédige un décret permettant aux populations dites « indésirables » de l’Empire ottoman de venir s’installer dans le Royaume de Naples. Les négociations avec la Sublime Porte ont abouti, et Bajazet II a autorisé ces populations à quitter le territoire.

Enfin, la réputation de l’armée française faisant craindre le pire, l’armée napolitaine s’est vue considérablement renforcée.

Il est également à noter que des bandes organisées de pillards ont commencé à se développer principalement à Rome, Naples et Florence. Ces bandits se sont principalement attaqués aux pèlerins et citoyens riches de ces territoires. Leur préparation laisse penser qu'ils sont financés par une puissance extérieure. Néanmoins, Ferdinand de Naples, par sa politique de chasse aux brigands, a pratiquement éradiqué la menace sur ses terres. Les troupes napolitaines n'ont cependant pas réussi à les faire parler pour savoir d'où ils venaient.

Le chaos entre Florence et Bologne

Alors que l’année 1493 venait à peine de commencer, Florence et Bologne se retrouvèrent emmêlées dans un indicible chaos.

En effet, les troupes de Giovanni II Bentivoglio firent route en direction de Florence après que le seigneur de Bologne eut déclamé que sa "glorieuse et puissante armée" avait été engagée par le fils de Laurent le Magnifique.
Alors que les troupes bolonaises pénétraient sur le territoire de Florence, un signal d'alarme fut lancé. "Bologne nous attaque !", entendait-on un peu partout dans les rues de la cité toscane. Pierre II ordonna directement qu'on envoya toutes les troupes disponibles pour écraser "cette menace". L'armée florentine, accompagnée des 2000 mercenaires suisses, se dirigera directement au contact des forces de Bologne qui n'eurent pas le temps de comprendre ce qui allait leur arriver. Les officiers bolonais eurent à peine le réflexe de sonner le tocsin qu'ils se firent absolument ravager par la puissance des mercenaires suisses, ravis de pouvoir enfin faire ce qu'ils adoraient plus que tout : tuer. La "bataille" ne dura à peine plus de dix minutes, et rares sont les chanceux ayant réussi à fuir. Au total, on dénombra à peine plus de 50 morts chez les troupes florentines, contre plus de 650 pour les Bolonais et la destruction totale de leur artillerie.

Loin de s'arrêter là, Pierre II de Médicis, tout en s'indignant face à cette "indigne attaque du seigneur de Bologne", ordonna que les Suisses et une partie de l'armée florentine mirent le cap sur Bologne. La ville, à peine préparée, fut assiégée par les troupes de Florence. À l'heure qu'il est, le siège est toujours en place, les fuyards et les troupes bolonaises fraîchement formées tenant tant bien que mal face aux assaillants. Les officiers suisses ne donnent pas plus de six mois à Bologne avant de tomber.


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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeLun 14 Jan - 21:17

Echanges diplomatiques entre février 1493 et août 1493 :

Le Marquis de Montferrat a fait parvenir la missive suivante aux différents seigneurs d'Italie:

Le seigneur de Bologne aux membres de la la Ligue italique et Rimini:

Déclaration du duc de Milan en réponse à l'attaque florentine:

Le Marquis de Montferrat a fait parvenir la missive suivante aux différents seigneurs d'Italie:

Réponse du seigneur de Florence:

Déclaration de guerre du prieur de Sienne contre Florence:

Rapport du journal de Burchard en date du 28 mai 1493:

Rapport de Guichardin quant aux événements de mars 1493:

Missive envoyée aux Seigneurs d'Italie par le roi de France, Charles VIII, en date du 6 juin 1493:

Déclaration en réponse du marquis de Saluces:

Déclaration en réponse du marquis de Montferrat :

Déclaration en réponse du duc de Milan:

Déclaration en réponse de la régente de Savoie:

Réponse de la France à la Savoie:

Réponse de la France à Milan:

Rapport du journal de Burchard en date du 22 juin 1493:

Avis d'excommunication de Florence :

Annonce de l'union des seigneuries de Faenza, Imola et Forli par le pape:

Annonce de la capitulation de Florence par Soderini:

TOUR 2 - AOÛT 1493


Avènements des Princes - Récapitulatif  Tour3a10
Les troupes françaises arrivant à Saluces

Carte:

Alors que l'Italie avait les yeux rivés sur le conflit opposant la République de Florence à la Seigneurie de Bologne, de nouveaux évènements sont venus éclipser cette querelle intestine, rendant la situation italienne encore plus chaotique. En effet, cette première partie de l'année 1493 a vu le roi de France envoyer des missives à tous les seigneurs d'Italie afin de s'assurer, au minimum, de leur neutralité dans sa conquête à venir de la Couronne de Naples. Si moult potentats l'ont assuré qu'ils n'opposeraient aucune résistance à ses desseins, se ralliant à sa cause dans certains cas, certaines puissances se sont élevées pour s'opposer à l'incursion française. Les Duchés de Savoie et de Milan se sont érigés comme les protecteurs de la liberté italienne, s'opposant à cette politique impérialiste française. Ils ont donc lié leurs destins à celui du roi de Naples, Ferdinand II d'Aragon, ce dernier étant plus que soulagé de voir qu'il ne serait finalement pas seul dans cette entreprise qui paraissait auparavant impossible : garder son trône face à la furia française.

Ayant imposé un ultimatum jusqu'au début de l'année 1494 aux seigneurs auxquels il s'était adressé, Charles VIII a préventivement envoyé une armée de six mille hommes sur le territoire du Marquisat de Saluces, son plus fidèle soutien dans la péninsule, afin de calmer les velléités de ses ennemis. Alors que l'on approchait d'août, les coalisés savoyo-milano-napolitains ont voulu montrer au roi de France qu'ils ne se laisseraient pas intimider en lançant un important assaut sur les terres du Marquisat de Montferrat, entré dans les mois précédents sous la protection du roi de France.

En réponse à cette attaque, Charles VIII a ordonné à ses armées de franchir les Alpes. Les premières batailles ont eu lieu, de nombreux hommes sont tombés. La Guerre d'Italie ne fait que commencer.

Au nord de l’Italie

A l'est de la péninsule, Venise continue d'étendre son empire commercial, s'affirmant mois après mois comme la puissance la plus riche de toute l'Italie. En parallèle, la Sérénissime a vu sa flotte s'agrandir, des bâtiments de guerre ayant en effet été livrés par un dignitaire italien venu de l'ouest.
Alors que le Doge avait donné l'ordre à ses navires de patrouiller dans l'Adriatique sans s'approcher des côtes ottomanes, un courrier en provenance de la Sublime Porte est venu apporter une bien mauvaise nouvelle aux oreilles d'Agostino Barbarigo . En effet, la missive rapporte que des navires ottomans ont été coulés par des bateaux sous pavillons vénitiens au large des côtes méditerranéennes. Bajazet II demande des explications au Doge de Venise, sous peine de terribles conséquences.

De l'autre côté, l'ennemi traditionnel de Venise, Gênes, continue de suivre la politique qui avait été entreprise durant la fin de l'année 1492. Développement de ses réseaux commerciaux, recrutements militaires - l'amiral Doria supervisant même la construction de nouveaux bâtiments de guerre pour le compte de la Superbe -, la République de Gênes continue son redressement sous l'égide de Paolo Fregoso.

Plus au nord, Milan, en repoussant les propositions du roi de France et en s'opposant à son libre-passage sur ses terres, est entré en guerre contre Charles VIII. Logiquement, les manufactures de Ludovic Sforza se sont mis en marche pour préparer la guerre, d'autant plus qu'un afflux massif de capitaux extérieurs a permis à Milan de voir grand. En plus du renforcement de son artillerie, le duc de Milan a entrepris d'augmenter considérablement le nombre de ses troupes.

A l'instar de son nouvel allié milanais, le Duché de Savoie, toujours régie d'une main de maître par Blanche de Montferrat, s'est considérablement préparé pour les affrontements à venir contre la France et ses alliés. La Régente a lancé de nombreux projets économiques afin de concourir à l'effort de guerre : les mines savoyardes ont été exploitées de manière intensive et de nombreux artisans ont été financés afin de créer des fonderies de canons et des fabriques d'armes.
L'armée de Savoie, commandée par le chevalier Bayard, est très impressionnante. Il se murmurerait qu'elle est la plus puissante de toute l'Italie, et la plus à même de contrer l'avancée française.

Les deux autres puissances directement impliquées dans le conflit à venir sont les Marquisats de Montferrat et de Saluces. Le premier s'est récemment déclaré en faveur de Charles VIII, espérant ainsi s'attirer les bonnes grâces du souverain français. En contrepartie de son allégeance, Boniface III s'est vu récompensé par le versement d'une certaine quantité de florins afin de moderniser et renforcer son armée, cela en plus de l'engagement de la France qu'elle s'occuperait de protéger les terres du Marquisat s'il devait y avoir une intrusion ennemie. Le marquis, conscient de sa position délicate face à ses voisins plus puissants que lui, s'est efforcé durant ces dernières semaines de consolider les positions défensives de ses troupes, espérant que cela suffirait en cas d'attaque.
Sur le territoire de Saluces, c'est l'effervescence depuis l'arrivée de l'avant-garde de l'armée française, commandée par Gilbert de Bourbon, comte de Montpensier. Le marquis de Saluces, Ludovic II, a pris sur ses deniers personnels pour organiser une fête grandiose en l'honneur des troupes françaises, célébrant ainsi "la victoire future de notre roi".

L'attaque d'une coalition composée de la Savoie, de Milan et de Naples contre le Marquisat de Montferrat

Alors que Montferrat s'affairait pour la guerre à venir, elle fut victime d'une terrible attaque conjointe des Duchés de Milan et de Savoie au nord, et du Royaume de Naples au sud, qui fit débarquer ses troupes à Nice, au sud de la Savoie.

Boniface III avait largement anticipé cette éventualité, et c'est pour cette raison qu'il avait prévu de nombreuses défenses afin de limiter le plus possible l'avancée ennemie, le temps que l'armée française soit prévenue et arrive à la rescousse.
À Saluces, le comte de Montpensier fut prévenu de la nouvelle par des messagers de Montferrat qui arrivèrent à la hâte, et décida promptement de scinder son armée en deux afin d'aller affronter les Napolitains au sud et les Savoyo-milanais au Nord.

La première bataille fut celle contre les forces du roi de Naples, récemment débarquées de Nice et avançant en direction de Montferrat. Le corps d'armée de 3000 hommes et de 9 canons envoyé par Montpensier intercepta l'armée napolitaine à quelques 40 km au nord de Nice. L'affrontement fut rapide et meurtrier, les Napolitains ne s'attendant pas à trouver l'armée française sur leur chemin. La puissance des Français submergea rapidement des soldats napolitains désorganisés, et le général de Ferdinand II ordonna à ses hommes de battre en retraite vers la côte. Les Français ne tentèrent pas de les poursuivre, sachant que les troupes napolitaines rembarqueraient probablement sur leurs navires. On décompta pas moins de 1500 morts durant cette courte bataille, les deux tiers étant des Napolitains. De nombreux canons furent également détruits.

La deuxième bataille fut celle opposant les forces conjointes de la Savoie et de Milan contre celles de Montferrat et de la France. La valeureuse armée de Montferrat retint le temps qu'elle put les importantes forces des Duchés, mais alors qu'elle était sur le point de se faire totalement submerger, les renforts français arrivèrent, commandés par le comte de Montpensier en personne. Les Français ne purent que constater les dégâts, et se portèrent directement au devant des forces de Montferrat afin de leur permettre de se replier. Alors que les lances françaises prenaient le dessus sur l'inexpérimentée armée milanaise, un tocsin retentit au loin et la cavalerie du chevalier Bayard chargea le flanc gauche français, causant d'énormes pertes. Les deux armées se valaient complètement, et l'issue du combat aurait été dure à déterminer si le général milanais n'avait pas judicieusement placé son innombrable artillerie. Face à cette puissance de feu, et incertain du cap à tenir, Montpensier ordonna prudemment la retraite de ses hommes.
Les forces savoyo-milanaises avancèrent à la suite des deux armées vaincues, s'emparant des défenses érigées par le marquis de Montferrat. Elles durent cependant se stopper, pour panser les plaies d'une bataille qui allait laisser des traces des deux côtés (on dénote plus de 3500 morts des deux côtés). Une bonne partie du territoire de Montferrat est sous le contrôle des coalisés, qui ont donc fait la preuve que "l'invincible armée française" ne l'est peut-être pas tant que ça.

Au centre de l’Italie et en Romagne

Il est dur d'être Florentin en cette fin d'année 1493. Pierre II de Médicis a capitulé, reconnaissant sa défaite et ses catastrophiques erreurs de jugement. Les Médicis ont été forcés à l'exil. Pier Soderini a été élu gonfalonier à vie et sa tâche semble gigantesque, tant Florence est six pieds sous terre.
Le territoire de la République a été sauvagement démembré entre les différentes puissances centrales de la péninsule. Sienne, Ferrare, Faenza, Pérouse, Urbino et, bien entendu, les Etats pontificaux se sont chacun servis sur le cadavre florentin. Le pire dans cette histoire, c'est que les anciens sujets des Médicis semblent heureux d'avoir trouvé un nouveau seigneur, se disant "qu'il ne pourra jamais faire pire que cette raclure de bidet de Pierre II".

Ce "diable de Petrucci" comme tende à l'appeler les Siennois, continue de faire des miracles afin d'élever Sienne au rang qui fut le sien quelques siècles auparavant. Bien que critiqué, ce roi de la fourberie et des coups savamment tortueux ne s'économise pas afin de rendre Sienne plus puissante. L'acquisition de Pise et des terres côtières appartenant auparavant à Florence contribue à rendre Sienne plus riche qu'elle ne l'était déjà. Elle semble presque la seule puissance capable de contrecarrer l'hégémonie économique de Venise.

À Ferrare, les festivités vont bon train. Hercule 1er, par sa diplomatie fine et son engagement auprès des puissances de Romagne et de Toscane, a permis à son Duché de s'agrandir, substituant à Florence le reste des terres côtières que Sienne ne s'est pas accaparée.
Partout à Ferrare, on célèbre la puissance d'Hercule 1er (qu'on compare à Heracles), notamment dans les pièces de la célèbre troupes de comédiens du Duché. Les comédies moquant Florence trouvent également un public réceptif, prompt il est vrai à rire du nain censé représenter Pierre II de Médicis.
Outre les pièces de théâtre, les festivités, les banquets et les beuveries, une grande loterie ducale a été organisée, rencontrant un grand succès auprès des sujets du duc.

L'allié historique de Ferrare, le Marquisat de Mantoue, s'est mué derrière un masque de neutralité durant ces derniers mois. François II, suivant la logique selon laquelle la ligue s'opposant à Florence en viendrait facilement à bout, a préféré resté en retrait, condamnant diplomatiquement l'attaque sur Bologne et soutenant l'action menée par les diverses puissances pour faire tomber Pierre II de Médicis.
Le marquis s'est essentiellement consacré à réaménager les voiries de Mantoue, afin de permettre un transport plus simple des ressources et des hommes. En parallèle, il a continué à développer la petite - mais fière - armée de Mantoue, continuant à envoyer ses intrépides éclaireurs dans les Alpes, afin d'observer au loin l'avancée des forces françaises. Les derniers chiffres rapportés aux oreilles du marquis évoqueraient environ 18 000 hommes et environ une cinquantaine de pièces d'artillerie, divisés en trois corps d'armée, s'apprêtant à pénétrer en Italie.

Des réaménagements en masse en Romagne : BONJOUR LE DUCHÉ DE FAENZA, AU REVOIR BOLOGNE INDÉPENDANTE

Si le Duché d'Urbino s'est vu récompenser pour son engagement dans la coalition contre Florence par l'obtention de nouvelles terres, le reste de l'année a été relativement calme, Guidobaldo de Montefeltro se cantonnant à continuer dans sa logique de développer le réseaux de manufactures et d'ateliers du duché. Même son de cloche du côté de Pérouse, où Baglioni s'est quant à lui efforcé de renforcer ses troupes, dans la tradition logique d'une seigneurie qui renouvelle fréquemment sa loyauté absolue envers le Saint-Siège.

À Rimini, historiquement plus guerrière que son voisin d'Urbino, Malatesta s'est essentiellement occupé à former ses troupes, craignant peut-être l'appétit de ses voisins.

Le Pape Alexandre VI ne s'est pas économisé durant ce début d'année. Leader spirituel de la ligue se battant contre Florence, il a émis un avis d'excommunication qui a probablement définitivement fait renoncer Pierre II dans son entreprise d'autodestruction. La République de Florence a accepté de se vassaliser au Pape pour échapper à sa destruction totale.
Les territoires des Etats pontificaux se sont donc grandement agrandis grâce à la prise de moult provinces appartenant anciennement aux Florentins. Cependant, cette extension du territoire pontifical s'est également fait au dépend de Bologne.
En effet, alors que les troupes pontificales menées par Cesare Borgia pénétraient triomphalement dans la ville, une délégation composée d'élus municipaux et de chefs des corporations est venue à la rencontre du gonfalonier de l'Eglise. Ils ont déclaré vouloir passer directement sous le giron du Saint-Siège, maudissant leur seigneur qui les avait mené dans cette épouvantable situation. En effet, le siège de la ville par les mercenaires suisses a été très éprouvant, de nombreux civils sont morts.
Alors que Cesare Borgia comptait s'emparer de Giovanni Bentivoglio pour le ramener à Rome, on lui indiqua, quand il pénétra dans le palais de la ville, que le seigneur déchu était parvenu à s'enfuir, passant par des souterrains et emportant avec lui une bonne partie du trésor de Bologne. L'homme est introuvable et en fuite.

Le conseil de régence du jeune Astorre III Manfredi n'en finit pas de servir avec brio son jeune seigneur. En effet, c'est à son initiative qu'une proposition de mariage a été envoyée à Forli afin de marier le prince de Faenza avec la fille de la Comtesse Sforza. La proposition a été rapidement acceptée par la dirigeante de Forli,  tant la nouvelle puissance économique de Faenza a de quoi convaincre n'importe qui.
Les fiançailles entre Astorre Manfredi et Bianca Riario ont donc été organisés et une grande fête a parachevé cette union des deux seigneuries en un nouveau duché : le Duché de Faenza.
L'immense fortune accumulée par Faenza durant l'année écoulée lui a permis de renforcer considérablement son armée, sous la supervision de Catherine Sforza qui a accepté de se mettre au service du jeune prince. Le tout-nouveau Duché de Faenza a donc de quoi impressionner ses voisins, apparaissant comme le premier vassal du Saint-Siège.

Au sud de l’Italie

À Naples, on continue de se préparer pour la guerre prochaine. Recrutements, développement de centres d'entraînements, les troupes napolitaines ont fière allure par rapport à ce qu'elles étaient il y a encore quelques mois.

Ferdinand II s'est efforcé de faire marcher son réseau diplomatique afin de se trouver des alliés et des capitaux pour pouvoir préserver sa couronne. L'entrée en guerre à ses côtés de Milan et de la Savoie, en plus d'afflux d'actifs étrangers dans ses caisses, a de quoi rassurer légèrement un souverain qui paraissait encore il y a peu au bord du précipice.
Sa politique intérieure continue de fonctionner, le parti pro-aragonais prenant de plus en plus d'importance. Incroyable mais vrai, il semblerait que les sujets du roi de Naples ne le détestent plus ; mieux, la plupart espèce qu'il parviendra à repousser les Français. Cependant, les soucis ne font que commencer.


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LuciusLanda
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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMar 15 Jan - 18:24

Echanges diplomatiques entre août 1493 et février 1494 :

Déclaration du seigneur de Rimini quant au nouveau Duché de Faenza:

Réponse du duc de Faenza:

Réaction du marquis de Montferrat à son invasion:

Rapport du journal de Burchard en date du 20 octobre 1493:

Annonce du doge de Gênes quant à un laisser-passer pour les armées de France et de Naples:

Réponse du roi de France à l'annonce génoise:

Création du Pacte d'Italie du Nord:

Annonce de Florence sur sa vassalisation auprès du Saint-Siège:



TOUR 3 - FEVRIER 1494


Avènements des Princes - Récapitulatif  Guerre10
Les combats firent rage sur le territoire de Montferrat

Carte:

Comme il l'avait promis, Charles VIII laissa jusqu'au début de l'année 1494 aux potentats italiens avant de mettre à exécution son plan. Une fois la date passée, l'armée française se mit en marche, hâtées d'autant plus par les attaques de coalisés qui avaient mis à mal son avant-garde, commandée par le comte de Montpensier, et son allié, le Marquisat de Montferrat.
Ayant appris la défaite de Montpensier, Charles VIII, fou de rage, ordonna qu'on sépara son armée en quatre partie, chacune étant dirigée par des généraux émérites. Trois d'entre-elles se concentreraient sur la reprise des terres du nord, afin de pacifier la situation avant de fondre sur le réel objectif de cette campagne : la Couronne de Naples. La dernière fut envoyée avec une grosse partie de la flotte française vers le sud de la péninsule, afin de préparer l'arrivée du roi.

Ce début d'année 1494 fut donc marquée par les nombreux combats qui émaillèrent le nord de l'Italie. Les morts furent pléthore, dans chaque camp. Pendant que les deux coalitions se faisaient la guerre au nord, certains des seigneurs italiens épargnés par ce chaos en profitèrent pour charogner sur le dos de princes qui ne pouvaient se défendre face à tant de périls. Ainsi, la Corse vit une armée débouler pour faire changer son allégeance, bien escortée par une des flottes les plus puissantes de la Méditerranée, dont le dirigeant était toujours prompt à semer la discorde.

Cette guerre, que les historiens appelleraient plus tard la première Guerre d'Italie, s'était déjà montrée plus meurtrière qu'on n'aurait pu l'imaginer. Cinq mille mort, dix mille morts, chaque jour les cadavres s'amoncelaient un peu plus ; le pire étant que cela paraissait n'être qu'un début, tant la résistance italienne était acharnée.

L'arrivée de l'armée française au nord de l'Italie :

Dès le début de janvier, plus de 18.000 hommes, avec Charles VIII à leur tête, franchirent les Alpes pour voler au secours des alliés de la France. L'objectif était simple : libérer Montferrat de l'occupation savoyo-milanaise. Pour ce faire, Charles VIII prit la tête du 3ème corps d'armée française et décida que c'était à lui, et à personne d'autre, qu'incombait cette mission. Il ordonna à son cousin, Louis d'Orléans, de partir avec son corps d'armée vers le Nord de la Savoie pour faire plier les défenses de la trop entreprenante régente. Enfin, il fit embarquer la dernière partie de son armée, avec Robert de Balzac à sa tête, vers le sud de l'Italie afin de préparer son arrivée qui ne tarderait pas. Une fois cela fait, les combats allaient enfin pouvoir commencer.

Le débarquement napolitain sur la côte ligure (Décembre 1493) :

Le roi de Naples, Ferdinand 1er, se décida à mener lui-même son armée au combat sur les terres de ses alliés septentrionaux. Pour ce faire, il négocia avec le Doge de la République de Gênes afin d'avoir un laisser-passer sur ses terres, l'idée étant de débarquer en toute sérénité avant de foncer vers le nord à la rescousse de la Savoie et de Milan.
Cependant, bien au courant des accords de Gênes avec le roi de France, le souverain napolitain décida de se préparer à l'éventuelle trahison de la Superbe. Se faisant, il envoya une flotte marchande déguisée en flotte militaire afin de voir comment les Génois réagiraient dès le moment où les Napolitains mettraient le pied à terre, et évidemment ça ne manqua pas : l'armée génoise, qui se tenait en embuscade, jaillit et ravagea férocement les maigres troupes napolitaines qui n'avaient été envoyées là que pour les leurrer.

Plus à l'ouest, les véritables navires militaires napolitains accostèrent, délivrant des milliers de soldats, prêts à en découdre avec ceux qui venaient de les trahir. L'armée génoise arriva promptement, consciente de son erreur, et le combat s'engagea entre les deux forces. Malgré leur désorganisation, les troupes napolitaines étaient bien plus aguerries que celles de Gênes, et le combat, bien qu'équilibré au début, pencha rapidement du côté de l'Aragonais. La présence du roi à leur tête inspira fortement les hommes, qui repoussèrent aisément des Génois qui se débandèrent très vite. En une heure de combat, près de 2000 hommes étaient tombés, les trois-quart portant les couleurs de la Superbe. Naples avait gagné, occupant une partie du territoire de la République de Gênes, ce qui lui permettait à présent de regarder vers le nord, où des combats autrement plus meurtriers l'attendaient.

Au large, suivant le plan de Paolo Fregoso, les navires génois attaquèrent la flotte napolitaine. Cette dernière était légèrement inférieure en nombre, mais les deux forces se valaient en tout point. Ce combat maritime se solda donc par une courte défaite de Naples, malgré le même nombre de navires coulés de chaque côté. L'amiral napolitain ordonna à sa flotte de se replier du côté des eaux savoyardes. Les côtes ligures restaient donc aux mains de Gênes : une petite victoire dans un océan de mauvaises nouvelles.

La première bataille de Montferrat (Janvier 1494) :

Les temps étaient rudes du côté du Marquisat. En effet, outre l'invasion savoyo-milanaise qui avait amputé Montferrat d'une partie de son territoire, le début de l'année 1494 vit la mort du vieux marquis Boniface III. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que tous ces soucis avaient eu raison de la santé du vieil homme, qui n'oublia cependant pas sur son lit de mort de demander au comte de Montpensier de protéger son successeur : le jeune Guillaume IX, âgé d'à peine 12 ans.
Juste avant de s'éteindre, le marquis délivra une dernière mise en garde au général français : "Mon ami, je me dois de vous donner ce dernier avertissement. Des missives anonymes m'ont rapporté que le prince de Mantoue se serait enorgueilli d'avoir des éclaireurs infiltrés sur les flancs des armées françaises pour informer les coalisés de tous les mouvements de troupes, il préparerait même une tentative pour nuire à la personne du roi de France. Nous vous implorons de rester vigilant, et d'en informer notre monarque au plus vite.". Mis au courant, Montpensier se hâta d'envoyer un coursier à Charles VIII.

Les troupes françaises et l'armée du nouveau marquis de Montferrat étaient toujours repliées derrière les murailles de la ville, résistant tant bien que mal au siège mis en place par les troupes coalisées. Ils n'attendaient plus que l'arrivée des renforts venus de l'ouest, sinon ils ne seraient pas de taille face à la puissance de leurs adversaires.
Soudain, du haut des murailles, ils virent au loin l'étendard à la fleur de lys en même temps qu'ils entendirent le tocsin annonçant l'arrivée de Charles VIII et de son allié Ludovic II, marquis de Saluces. Au même moment, ils réalisèrent que l'armée savoyarde de Bayard et les forces napolitaines menées par Ferdinand 1er étaient en train de se mettre en place au sud de la ville pour lancer l'assaut final sur Montferrat.

Les Français arrivèrent juste à temps pour empêcher que cela ne se produisit. Dès lors, il ne faisait plus aucun doute que la première bataille de Montferrat allait avoir lieu, puisque voyant l'ennemi fondre sur eux, Bayard ordonna à ses troupes de changer de cap pour s'opposer à l'avancée française.
Les Napolitains occupaient le flanc gauche de l'armée coalisée, alors que les troupes savoyardes, plus nombreuses, occupaient le centre et le flanc droit. Par un parallélisme presque parfait, les forces du marquis de Saluces détenaient le flanc droit et les Français tout le reste. Les armées étaient quasiment équivalentes en nombre  même si l'artillerie penchait assez aisément du côté français. Toute l'issue de la bataille se jouerait donc dans la valeur des soldats, qui était fort grande dans chaque camp.

Les canons tonnèrent en même temps que les hommes et les cavaliers s'élancèrent. Ce fut une boucherie sans nom. Les Napolitains et les Saluciens se battirent férocement, chacune des deux armées étant menées par son prince. Les hommes de Ferdinand 1er était plus nombreux et plus expérimentés, et, se battant avec fureur, prirent au fur et à mesure de la lutte un léger avantage sur les troupes de Ludovic II, qui se démenait pourtant en première ligne (certains dirent qu'il cherchait se faisant à impressionner un roi de France qui de toute façon était bien trop occupé pour voir ses exploits).
De l'autre côté, la troupe personnelle du roi de France bataillait contre l'armée du plus glorieux des généraux coalisés : Bayard. Bien qu'en sous nombre, les forces savoyardes tinrent tête un long moment à l'armée française. Charles VIII, surpris de voir une telle résistance, ordonna à son régiment d'élite suisse de se jeter dans l'assaut pour forcer la décision. Malheureusement pour Bayard et ses hommes, l'importante artillerie française allait finalement faire pencher la balance du côté français, obligeant finalement le Savoyard à se replier face aux pertes qui commençaient à s'accumuler de plus en plus. Voyant son allié en grosse difficulté, Ferdinand, sagement, ordonna à ses troupes de faire de même, sachant bien que les Français ne tarderaient pas à contrebalancer l'avantage qu'ils avaient acquis contre l'armée de Saluces.

Les comptes furent salés pour les deux camps : près de 3000 morts du côté franco-salucien, contre 2500 morts du côté des coalisés. De nombreux canons furent perdus de part et d'autre. La victoire était malgré tout française, au moins du point de vue stratégique. Ferdinand 1er se replia sur les terres qu'il occupait à Gênes, tandis que l'armée savoyarde se replia en hâte vers le nord de la Savoie, d'où des nouvelles inquiétantes étaient parvenues aux oreilles de Bayard.

La deuxième bataille de Montferrat (Janvier 1494) :

Alors que les combats faisaient rage au sud du Marquisat, Montpensier comprit qu'était venu le temps d'agir contre les Milanais qui encerclaient plus au nord Montferrat. Voyant que les troupes du duc de Milan commençait à bouger pour rejoindre les coalisés plus au sud, il ordonna à ses troupes restantes et aux forces de Montferrat de tenter une sortie pour aller directement affronter les Milanais. Pris de court et ne pouvant éviter ce mouvement des assiégés, l'armée milanaise se résolut à combattre : la deuxième bataille de Montferrat pouvait commencer.

Le gros atout des Milanais reposait dans leur immense artillerie, qui surpassait largement celle des assiégés. Cependant, le sous-nombre criant et l'inexpérience de son armée furent comme deux boulets que le général milanais dût se traîner pendant une bataille qui s’avéra tristement déséquilibrée.
Les canons milanais bombardèrent sans relâche les premières vagues d'assaut françaises qui se virent décimer face à une telle puissance de feu. Au fur et à mesure cependant, ils ne purent empêcher les forces des assiégés d'atteindre les troupes régulières milanaises. Si les Français se battaient bien, comme à leur habitude, les troupes de Montferrat ferraillèrent comme jamais, hurlant à tout va "Non passeranno !", à des Milanais effrayés par une telle ardeur. Ces derniers, largement en sous-nombre et démoralisés de voir leur emprise disparaître, finirent par sonner la retraite abandonnant une quinzaine de pièces d'artillerie qui furent détruites par la furia montferratoise.
La bataille fit là encore un nombre conséquent de victimes : 1500 milanais périrent. On déplora le même nombre de morts dans l'autre camp, plus quelques canons détruits.

Progressivement, les troupes franco-montferratoises libérèrent les zones auparavant occupées par les coalisés. Les troupes milanaises se retirèrent sur les territoires du Duché. Montferrat était libre.

Plus au nord du Marquisat, à la frontière franco-savoyarde, de nouveaux périls semblaient menacer les coalisés.

L'invasion française au nord de la Savoie par l'armée du duc d'Orléans : la bataille de Pinerolo (Février 1494)

Charles VIII avait bien prévu son coup. Sachant que les armées coalisées seraient occupées à se battre contre les forces franco-saluco-monferratoises au sud de la Savoie et sur les territoires de Montferrat, il ordonna à son cousin Louis d'Orléans, de tenter une incursion en terre savoyarde par le nord afin de redescendre vers Turin.

Louis d'Orléans progressa rapidement, dévastant tout sur son passage. Cependant, Blanche de Montferrat, vite mis au courant, rappela au plus vite l'armée de Bayard, défaite récemment sur les terres de Montferrat, afin qu'elle s'oppose à l'avancée française. Les deux armées s'affrontèrent finalement près de la ville de Pinerolo.

Sans être le plus grand des experts militaires, il était aisé de voir à la vue des forces en présence qui gagnerait cette bataille. Les troupes savoyardes, même si elles étaient les plus fameuses de toute la péninsule, auraient bien du mal à faire le poids face à l'armée du duc d'Orléans qui lui était deux fois supérieure en nombre. Les Français étaient de plus frais et avaient hâte d'en découdre, là où les Savoyards sortaient particulièrement fatigués d'une rude campagne.
Le combat s'engagea et la résistance savoyarde fut absolument acharnée, les soldats sachant bien qu'une lourde défaite mettrait Turin à la merci des troupes françaises. Cependant, selon une certaine logique, les Français finirent par faire plier les Savoyards, qui durent logiquement se replier vers leur capitale. Cette défaite ne fut cependant pas vaine, puisqu'elle brisa l'élan de l'armée du duc d'Orléans, qui ordonna un repos forcé pour penser les plaies d'hommes qui avaient quand même fortement dégustés.
On compta près de 1500 morts du côté français, contre 1000 savoyards. L'armée savoyarde se réduisait comme peau de chagrin, bataille après bataille, alors même qu'elle paraissait être la plus vaillante sur le champ de bataille.

Au large des côtes savoyardes :

Les mauvaises nouvelles s'accumulèrent à Turin où un messager apprit à Blanche de Montferrat qu'une offensive du Marquis de Saluces avait eu lieu après la victoire franco-salucienne lors de la première bataille de Montferrat.
En effet, Ludovic II ordonna au reste de son armée de se ruer sur Nice, non-défendue, afin de s'emparer des terres au sud de la Savoie. L'idée était simple : empêcher le débarquement d'autres renforts coalisés.

Ce fut rapidement fait, en même temps qu'au large des côtes avaient lieu des affrontements entre la flotte française et les flottes coalisées. 25 navires français s'opposèrent à la maigre flotte savoyarde et aux bateaux restants napolitains qui avaient servi au débarquement sur les côtes ligures. Les coalisés furent éradiqués sans autre forme de procès, tous les navires furent coulés là où les Français ne perdirent que cinq bâtiments. La mer Ligure était sous contrôle français à présent.

Autres nouvelles :

A Venise, le Doge continue de suivre sa politique commerciale expansionniste. Pour l'instant, l'argent coule à flots, malgré les tensions récentes avec l'Empire Ottoman. Des négociations se sont récemment ouvertes avec ces derniers, Pietro Bembo ayant été envoyé dans la capitale ottomane afin d'évoquer les récents événements en Méditerranée. L'ambassadeur vénitien n'a pas chômé pour se faire bien voir, multipliant les réceptions. Cela n'aura pas eu d'effet sur Bajazet II, le Sultan attendant des résultats avant de se positionner.

Le réseau d'espionnage de Mantoue continue de faire des miracles. Il se dit que les espions de François II seraient parvenus à voler des plans et des informations de la première importance concernant l'entreprise des Français. Le Marquis de Mantoue s'en réjouit fortement. Cependant, des nouvelles récentes feraient l'état de la mise en place dans le camp français de mesure pour retrouver tous les éclaireurs et espions. Certains ont déjà été arrêtés et dûment écorchés.
Dans un autre registre, Léonard de Vinci est bien arrivé du côté du Marquisat. Il est rapidement allé prendre ses ordres auprès de son nouveau maître et s'est mis au travail.

En Savoie, on célébra l'héroïsme des héros savoyards qui avaient repoussé la première offensive française durant l'année précédente : Bayard est vu comme une idole nationale. Cette ferveur ne s'éteignit pas malgré les défaites récentes de la coalition. Pour exalter sa population, Blanche de Montferrat n'hésita pas à déclamer un grand discours depuis le balcon du palais turinois : "Nous sommes agressés dans cette guerre ourdie par le roi de France afin d'étendre son influence sur nos terres, il a corrompu ou manipulé nos voisins de Montferrat afin d'en faire ses marionnettes, nous attaquer dans le dos et piller nos terres, et nous n'avons fait que nous défendre de manière préventive. Toute sa clique est composée de lâches impies et dépravés, et il manigance même avec les Juifs qui devaient lui ouvrir les portes de Turin mais ont heureusement été démasqués à temps. Par mesure préventive, j'ordonne l'expulsion de tous les juifs de Savoie, la saisie de leurs biens et l'annulation de toutes les dettes contractées par la maison de Savoie et ses sujets à leur égard.". Cette annonce prit au dépourvu les juifs de Savoie qui n'eurent pas le temps de répliquer, les soldats étant déjà à leurs portes pour les chasser.

Certains marchands de Ravenne rapportèrent qu'un seigneur fortuné aurait embarqué sur un bateau en direction de Chypre. Il semblait pressé et fortement inquiet.

Le centre de l'Italie :

Alors que le nord de l'Italie était en proie au chaos, certains seigneurs en ont profité pour se repaître du malheur de leurs voisins septentrionaux.

L'invasion de la Corse
:

Alors que l'armée siennoise séjournait à Pise, des navires vénitiens apparurent au large. Loin d'effrayer des Siennois qui les attendaient de pied ferme, la flotte vénitienne vint gentiment accoster pour permettre l'embarquement des hommes de Pandolfo Petrucci.

Bien au courant des périls qui planaient sur la tête de Gênes, les deux alliés en profitèrent pour naviguer en direction de la Corse. Les troupes siennoises débarquèrent à l'est et, suivant les instructions du Prieur, prirent directement les choses en mains. L'objectif était simple : sachant l'île dégarnie, les Siennois n'auraient aucun mal à placer de nombreux territoires sous leur contrôle. C'est ce qu'ils firent, n'oubliant pas au passage de s'emparer des greniers de blés et de piller les villes les plus riches de l'île. Cependant, la Corse étant grande et l'armée siennoise étant réduite, elle se retrouva rapidement sans possibilité de continuer davantage sans s'exposer. Le général siennois ordonna dès lors l'arrêt de l'invasion. Il organisa également la distribution de nourritures auprès des citoyens les plus modestes, espérant ainsi pacifier une région qui n'aimait pas facilement se faire soumettre.

Autres nouvelles :

La fin de l'année 1493 vit donc Pier Soderini prendre le contrôle de Florence. La ville, en bien piteux état, espérait que le nouveau gonfalonier lui permettrait de retrouver un tant soit peu de sa splendeur. Force est de constater que celui-ci ne ménagea pas ses efforts pour remettre la ville en état de marche.
Avec un investissement massif dans les manufactures de la ville, Florence retrouva rapidement toute son agitation. Avec une politique populaire marquée par sa volonté d'unir tous les Florentins derrière son projet, Soderini vit ses soutiens augmenter jour après jour. Si Florence n'est plus ce qu'elle était du temps de sa splendeur, elle semble toutefois avoir laissé derrière elle l'image de Pierre II.

Le Saint-Siège marqua sa volonté d'aider son nouveau vassal florentin en lui faisant un don de liquidités afin de reconstruire ce qui avait été détruit. Le Pape continua également sa politique de modernisation du Saint-Siège tout en rassurant les peuples de son état quant aux dangers qui menacent l'Italie. Il envoya dans toutes les villes et tous les villages des Etats pontificaux des crieurs chargés de marteler le message suivant : "Le Saint-Siège ne laissera quiconque piller les biens, détruire les récoltes et les corps de ses sujets. Nous voulons vous faire connaitre notre détermination quant à la recherche de la paix, de la prospérité mais également de notre inébranlable détermination à ne pas laisser le peuple dépérir à cause de ceux qui ne recherchent que la guerre."

Du côté de Ferrare - qui s'est récemment déclarée neutre en autorisant le roi de France à passer sur ses terres -, on profita de la chute de la seigneurie bolonaise pour proposer à ses anciens artisans, artistes et commerçants, ruinés par les six mois de guerre, de venir s'installer sur les terres du Duché. Cette politique allant dans le sens de ce qu'Hercule 1er d'Este ne cessait de mettre en place depuis plus d'un an, elle rencontra un grand succès auprès des anciens sujets du peu regretté Giovanni Bentivoglio.

Du côté des principautés romagnoles, rien de bien nouveau à signaler. Tous les Etats vassaux des Etats pontificaux continuèrent leur développement tant économique que militaire, sous la sainte bénédiction d'Alexandre VI. On dénota cependant un large commerce de cartes représentants des parties inexplorées des Indes occidentales récemment découvertes par l'aventurier Christophe Colomb. L'exemple du navigateur génois créa un large engouement auprès de riches marchands toujours enclins à faire fortune. Il est fort amusant de noter qu'aucun de ces marchands ne tenta de vérifier si les cartes étaient fiables avant de se lancer dans ces périlleuses expéditions.

A noter que de nombreux prêts ont encore été acceptés par la Banca Monte dei Paschi di Siena qui a décidé en conséquence de fermer ses guichets jusqu'à nouvel ordre, attendant le retour des liquidités avant de permettre de nouveaux emprunts.

Au sud de l'Italie :

Alors que Ferdinand 1er décida de prendre directement la tête de son armée afin de débarquer à Gênes et de tenter d'entraver la progression française au côté de ses alliés savoyards et milanais, il laissa derrière lui son royaume sans défense. Rasséréné, il est vrai, par une population de plus en plus disposée à le suivre dans la lutte, il ne prévit pas qu'une offensive, pourtant largement anticipable, aurait lieu directement sur ses terres.

L'invasion de Naples (Janvier 1494) :

En effet, Charles VIII, bien conscient qu'il serait largement mis à contribution dans le nord de la péninsule, décida d'envoyer en "éclaireur" le quatrième corps d'armée commandé par Robert de Balzac, pour voir si un débarquement sur les terres napolitaines était possible.
La flotte française fit donc un détour en passant par les Bouches de Bonifacio afin d'éviter les flottes qui ne manqueraient sûrement pas d'être en nombre en mer Ligure. Arrivant à proximité des côtes napolitaines, les Français eurent la stupéfaction de ne voir aucun navire de guerre napolitain pour les attendre. Si les tocsins sonnaient au loin, annonçant à la population qu'un débarquement était proche, ils ne virent aucune troupe régulière prête à les attendre pour riposter. Naples était tout simplement sans défense.

Le général français ordonna dès lors à ses troupes d'entrer dans Naples afin d'en prendre le contrôle. Ils trouvèrent de temps à autre des barricades dans les rues de la ville, la plupart des citoyens se réclamant pro-aragonais, mais aucune réelle résistance ne se mit en place pour contrecarrer leur avancée. Le Royaume de France était donc maître de Naples, sans même avoir eu à combattre. Interloqué, Robert de Balzac commanda à ses troupes de continuer d'avancer à l'intérieur des terres. Finalement, ne voyant toujours pas l'once d'une véritable opposition, il estima qu'il était de son devoir d'attendre les ordres de Charles VIII afin de voir ce qu'il devait faire - l'ordre initial ayant été de s'emparer seulement de la ville de Naples.

Les Napolitains s'interrogeaient sur ce qu'il allait advenir, attendant avec inquiétude des nouvelles d'un roi qui leur semblait bien loin à cette heure.

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 16 Jan - 0:37

Echanges diplomatiques entre février 1494 et août 1494 :

Annonce de la vassalisation de Sienne auprès du Saint-Siège:

Annonce de la vassalisation de Ferrare auprès du Saint-Siège:

Rapport du journal de Burchard en date du 5 février 1494:

Rapport de Guichardin quant aux événements de mars 1494:

Missive de Charles VIII à l'attention du duc de Milan et de la régente de Savoie:

Reddition de Milan:

Reddition de la Savoie:

Missive de Charles VIII à l'attention des potentats italiens:

Déclaration de guerre de Gênes contre Sienne et Venise:

Réponse de Venise:

Faenza rejoint le Pacte de l'Italie du Nord:

Rapport de Guichardin quant aux événements de mars 1494:

Annonce d'un pacte de non-agression entre Milan et Venise:

Cession officielle de la région de la Spezia à Gênes par Milan:

Déclaration du marquis de Montferrat quant aux événements en Italie:

Déclaration du pape sur la question française, et acceptation des nouveaux vassaux:


TOUR 4 - AOÛT 1494


Avènements des Princes - Récapitulatif  Tour410
Charles VIII s'est fait couronné roi de Naples, les Aragonais sont définitivement chassés

Carte:

Les défaites récentes des coalisés avaient eu raison de la résistance des alliés du roi Ferdinand 1er d’Aragon. Les Duchés de Milan et de Savoie s’étaient, à la fin du mois de février 1494, retirés du conflit, acceptant bon gré mal gré la proposition que leur avait faite le roi de France. En échange de leur retrait immédiat des combats et de la reconnaissance de sa légitimité sur la Couronne napolitaine, Charles VIII leur avait promis qu’ils n’auraient pas à souffrir d’une quelconque hostilité de la part des forces françaises, prouvant sa bonne foi en retirant les troupes de son cousin d’Orléans des terres savoyardes.
Ainsi, le roi aragonais se trouvait dans une position catastrophique avant d’affronter les armées françaises qui s’approchaient rapidement de sa position en Ligurie. Naples occupée, sa flotte décimée, lui et son armée isolés près de Savone, les motifs d’espoir étaient fort minces pour Ferdinand. L’affrontement proche ressemblait à un baroud d’honneur pour le roi de Naples, malgré le renfort de nombreux mercenaires embauchés à la va-vite. Il ne faisait plus aucun doute pour personne que cette bataille serait probablement la dernière de ce conflit : si Charles l’emportait, à lui le trône de Naples, la voie serait royale jusqu’en Campanie.
Mais alors que les yeux des observateurs se tournaient tout naturellement vers Gênes - d’autant plus qu’on avait appris par de nombreuses missives qu’une coalition sienno-vénitienne semblait s’apprêter à envahir les terres du doge Fregoso -, la surprise fut totale quand l’on fut informé que des troupes armées en grand nombre envahirent sans préavis le territoire du Duché de Milan. Débarrassé de la guerre il y a peu, espérant profiter d’un repos bien mérité, le duc de Milan fut abasourdi quand les premiers messagers arrivèrent à la hâte dans le palais des Sforza pour lui annoncer la terrible nouvelle.

L’Italie semblait donc devoir connaître un nouvel épisode meurtrier, matérialisé par une nouvelle invasion de grande ampleur. La péninsule ne semblait devoir connaître le repos, les appétits toujours plus grands de ses potentats semblant se repaître de ces épisodes sanglants. Les périls les plus dangereux étaient peut-être internes, mais déjà, au loin, on vit apparaître des menaces supplémentaires : la Sublime Porte, lasse d’attendre que Venise lui prouve ses bonnes intentions, décida, en signe d’avertissement musclé, d’envoyer ses troupes pour envahir les territoires les plus orientaux de la Sérénissime.

Un jeune secrétaire florentin se rappela cette fameuse citation de Cicéron « O tempora, o mores ! ». Il se mit à sourire, stupéfait de voir à quel point la nature humaine ne semblait pas changer le moins du monde.

Au nord de l'Italie :

Alors que le sort du Royaume de Naples se jouait en Ligurie et que Gênes se préparait soigneusement à se défendre face aux envahisseurs sienno-vénitiens, une énorme force coalisée débarqua à tire-d’aile sur les terres lombardes du Duché de Milan. L’année 1494 semblait devoir être l’une des plus meurtrières qu’avait jamais connu le nord de l’Italie.

L'affrontement final entre Charles VIII et Ferdinand 1er d'Aragon : la bataille de Savonne (avril 1494)

18 avril 1494, près de Savone, sur le territoire occupé de la République de Gênes, Ferdinand 1er d’Aragon attendait avec une certaine fatalité l’arrivée des armées françaises qui n’étaient plus qu’à quelques heures de marche. Il avait eu l’idée d’attaquer en toute hâte les forces françaises stationnées à Montferrat, mais ayant appris que les troupes du duc d’Orléans avaient rapidement rejoint celles du roi de France, les membres de son état-major lui avaient déconseillé d’entreprendre ce qui s’apparentait à un raid fantaisiste.
Dès lors, il s’était efforcé de préparer ses défenses, en attendant que le Français arrive à lui. Il n’avait aucune nouvelle de sa famille ou de ses terres, hormis celles de quelques pêcheurs locaux qui rapportaient que l’armée du général de Balzac continuait à étendre les possessions françaises dans les Pouilles. La situation semblait tellement misérable, qu’il lui était arrivé de penser que le suicide serait peut-être la plus honorable des façons d’en finir : il se disait qu’on se souviendrait de lui comme on se remémore les héroïques Anciens. Mais rapidement, il avait enlevé cette hypothèse de son esprit, résolu à se battre jusqu’au bout.

Les tocsins sonnèrent finalement, ils étaient là. L’armée napolitaine se mit en ordre de marche, les mercenaires suisses en tête afin de galvaniser des troupes qui se sentaient protégées par la réputation d’infaillibilité de ces hommes qui avaient toujours fait des miracles sur le champ de bataille. Le chef d’état-major de Ferdinand lui rapporta les premiers éléments de la situation : on avait en face près de 12000 soldats français et 6000 hommes venant de Saluces et de Montferrat, en plus d’une cinquantaine de pièces d’artillerie. C’était plus de deux fois l’équivalent des forces napolitaines. Ferdinand avait compris, il sourit, remerciant son général et lui ordonnant de se préparer : « Puisse Dieu être avec nous mon ami. ».

A 14 heure, le combat s’engagea. Il fut terrible par son intensité : les forces napolitaines savaient que leur survie dépendait de cette bataille, ils avaient conscience que le roi de France n’accepterait aucun prisonnier. Les lances napolitaines chargèrent aux cris de « Fert ! Fert ! Fert ! » les forces de Ludovic II qui recula un bref instant, avant de voir les Gascons de Louis d’Orléans arrivaient à sa rescousse. Le flanc gauche fut rapidement enfoncé, ainsi que le centre où les 4000 mercenaires ne pouvaient contenir les 10000 français qui se ruaient à l’assaut, bien soutenus par l’artillerie de Charles VIII. Après une heure, l’issue de cette bataille ne faisait plus aucun doute, les Napolitains s’écroulaient, malgré la force du désespoir. Ferdinand s’apprêta à s’élancer avec le reste de sa garde personnelle lorsqu’un homme lui hurla : « Sire ! Regardez au loin, près des plages ! Des navires ! ».

En effet, à l'horizon, le roi de Naples discerna une quarantaine de navires approchant, certains ayant déjà commencé à débarquer des troupes. S’il ne parvint pas à distinguer leur étendard, il estima qu’il valait mieux aller à leur rencontre que de les attendre alors que le fiasco était proche. Il hurla à ses hommes de se replier, les Suisses restant en poste pour couvrir la retraite des troupes napolitaines. A quelques dizaines de mètres de ces hommes à l’armure étincelante, il vit fondre vers lui un homme à l’allure belle, coiffé d'un splendide panache rouge.
Celui-ci, s’approchant, se présenta : « Sire, je suis Gonzalve de Cordoue. Votre cousin, notre roi, m’envoie pour vous secourir. Les forces de Castille et d’Aragon ont passé les Pyrénées. Il nous faut absolument partir, embarquez ! Vite ! ». Sans se faire prier, lançant un dernier regard de défi à l’armée française, Ferdinand 1er d’Aragon et ses 1500 hommes encore en vie suivirent le général espagnol, quittant les côtes ligures en toute hâte.

Les Français avaient gagné, les Suisses furent massacrés, ainsi que les hommes du condottiere Prospero Colonna (celui-ci fut exécuté sans forme de jugement).  En tout, plus de 6500 hommes périrent du côté de l’Aragonais, contre « à peine » 3000 du côté français. Le triomphe était presque total, seul Ferdinand avait échappé à son funeste destin, à la grande rage de Charles VIII. Cependant, la voie était maintenant ouverte pour prendre possession de la Couronne qu’il avait ardemment convoité. Mais tout d’abord, il lui faudrait passer par Rome pour demander sa bénédiction au Saint-Père.

Les combats à Gênes, loin de l'invasion attendue par le Doge : la bataille de Busalla (mai 1494)

De l’autre côté de la Ligurie, Paolo Fregoso se démenait pour préparer les défenses de Gênes avant l’invasion largement annoncée des forces coalisées de Sienne et de Venise. Il savait que ces derniers ne reculeraient sûrement devant rien pour mettre à exécution leurs menaces. Dès lors, le doge de la Superbe s’empressa de se renforcer avant la bataille, se remémorant ô combien la défaite récente contre les Napolitains fut humiliante – elle eut au moins le mérite de l’éclairer quant aux failles de son armée. Se faisant, il décida qu’il lui fallait renouer le dialogue avec son protecteur milanais, dont il savait qu’il avait récemment pris sous ses ordres le célèbre condottiere Vitellozzo Vitelli. Ludovic Sforza fut habile, lui assurant qu’il mettrait sous ses ordres ses mercenaires, en échange de la région de la Spezia. Fregoso fut obligé d’accepter, effrayé face aux périls qu’il sentait arriver.
Grâce à l’arrivage de liquidités étrangères, il se permit même de recruter des mercenaires suisses, qu’il plaça directement aux abords de Gênes. L’ami de la Superbe, le marquis de Montferrat, suite à la victoire récente contre le Napolitain, envoya quant à lui son armée pour aider Gênes. Ordonnant à sa flotte de se placer en embuscade, Paolo Fregoso vit fin avril les navires vénitiens poindre au loin, ces derniers mettant rapidement en place un blocus sur les ports génois. C’était un signe, l’invasion allait sans aucun doute commencer.

Plus au nord, les troupes savoyardes de Bayard traversaient le territoire milanais afin de participer à l’invasion en Ligurie. En effet, la République de Venise avait engagé les troupes de la Régente afin de participer à l’opération contre Gênes. Bayard, contraint de suivre les ordres de l’officier vénitien qui l’accompagnait, était inquiet des combats à venir, sachant ô combien son armée était éreintée après les nombreuses défaites du début d’année, ses hommes avaient besoin de repos ; mais les ordres étaient les ordres.
Au début du mois de mai, obéissant aux instructions vénitiennes, il attaqua au nord de Gênes, se doutant que Sienne et le reste de l’armée vénitienne attaqueraient au sud. Le combat s’engagea aux abords de Busalla, une petite bourgade au nord de la capitale génoise. Les 2000 hommes expérimentés de la Savoie s’attendaient à trouver une force équivalente en face, mais leur surprise fut grande quand ils virent 6000 hommes, dont de nombreux mercenaires, qui s’approchaient furieusement vers eux. Il était évident qu’il ne pourrait faire face à une telle force et Bayard questionna l’officier vénitien pour lui demander où étaient les forces coalisées. Le Vénitien lui répondit : « Mais elles sont là mon brave général, vous êtes la coalition. Personne d’autre ne viendra. ». Comprenant qu’il se battrait seul, Bayard, fou de colère, envoya un coup de poing ravageur dans la mâchoire de son cynique chaperon qui tomba par terre, inconscient. Les Savoyards ne pouvaient plus reculer, ils allaient devoir se battre en dépit des circonstances.

Bien logiquement, la victoire fut aisée pour les forces génoises qui repoussèrent facilement les troupes de Bayard, causant plus de 1000 morts à l’armée du jeune général. Ce dernier ordonna à ses hommes de battre en retraite et, se déliant de son engagement vénitien, de rentrer directement à Turin où il expliquerait la situation à sa souveraine.
Les Génois, heureux mais un peu dubitatifs, comprirent rapidement que les annonces faites par les coalisés étaient des leurres destinés à tromper la vigilance des alliés du nord.
Paolo Fregoso, assis dans son bureau, reçut un coursier milanais essoufflé qui lui délivra le message suivant : « C’était un piège. Nous sommes envahis, envoyez-nous Vitelli au plus vite ! Signé, Ludovic Sforza ». Le doge, ulcéré par la perfidie des coalisés qui avaient encore une fois bafoué toutes les règles de l’honneur, ne réfléchit pas et ordonna à tous ses mercenaires de faire route vers Milan, se disant sans grand espoir qu’il n’était peut-être pas trop tard.

L'énorme invasion de Milan par les quatre coalisés, des affrontements terribles : la bataille de Bergame (mai 1494)

Pandolfo Petrucci avait encore une fois trompé tout son monde. Pragmatique, le prieur de Sienne avait bien conscience que le Duché de Milan était fortement affaibli après des mois de guerre contre le roi de France. Dès lors, voyant là une occasion d’augmenter – encore une fois – la puissance de Sienne, il avait ourdi avec son allié vénitien - qui venait pourtant de signer un pacte de non-agression avec Milan - d’envahir la Lombardie afin de faire plier Ludovic Sforza. Les deux princes joignirent à leur complot le duc de Ferrare et le marquis de Mantoue qui voyaient là une trop belle occasion de s’enrichir au détriment d’un grand.

Se préparant à l’assaut, la Sérénissime avait décidé d’engager des mercenaires. C’est pourquoi il fut annoncé en grande pompe que le condottiere Bartolomeo d’Alviano et l’armée de Catherine Sforza du Duché de Faenza seraient embauchés pour les six mois à venir. Les potentats italiens, dont le duc de Milan, ne s’en offusquèrent pas plus que cela, sachant que Venise était en guerre ouverte contre Gênes. Ils ne se doutaient pas à quoi serviraient toutes ces troupes.
Le plan était ficelé : les troupes coalisées progresseraient par le sud et par l’est afin de prendre Milan le plus vite possible, espérant jouir de l’effet de surprise afin de faire plier les forces milanaises. Les armées de Sienne, de Mantoue et de Venise se retrouvèrent sur le territoire du duc de Ferrare, afin de progresser tous ensemble. Les forces de Sienne et de Venise seraient à l’avant-garde pendant que les troupes de Mantoue et de Ferrare seraient à l’arrière, afin de couvrir une éventuelle contre-attaque venant de l’ouest.

Progressant rapidement et sans réelle résistance face à une telle démonstration de puissance, le premier vrai affrontement eu lieu à Bergame, à la mi-mai. En effet, le duc de Milan fut prévenu par des messagers que son territoire était envahi : on le sommait de venir en aide à ses sujets. Promptement, il ordonna à ses troupes et à son artillerie de se mettre en marche vers Bergame, espérant intercepter l’avant-garde de l’armée coalisée.
Les deux forces engagèrent le combat, mais même s’il n’y avait là « que » les troupes de Sienne et de Venise, elles étaient six fois plus importantes que celles du duc Sforza, qui ne pouvait compter que sur sa forte artillerie pour essayer de les retenir. Cependant, cette dernière ne pouvait faire de miracles et l’armée milanaise fut inéluctablement ravagée. On compta près de 2000 morts milanais, et une dizaine de pièces d’artillerie détruite. Les coalisés connurent globalement le même nombre de pertes, mais cela semblait peu par rapport aux nombreux régiments qui leur restaient. Leur avancée pouvait continuer et Milan ne semblait plus loin.

Ludovic Sforza, au loin, savait que son temps était compté. Il avait envoyé des missives à ses alliés, mais il était probablement trop tard. Il ne savait pas que Gênes, par la voix de Vitelli, avait déjà répondu à son appel. Les mercenaires de la Superbe, en partie engagés par Milan, volaient à son secours.  

L'arrivée des mercenaires génois, conflit avec l'arrière-garde coalisée : la bataille de Plaisance (juin 1494)

Dès que Fregoso eut acté que « l’invasion de Gênes » était selon toute vraisemblance une supercherie, il prit la décision de renvoyer Vitelli auprès de son maître afin de lui permettre de tenir Milan. Il espérait secrètement qu’en donnant à Sforza la possibilité de gagner du temps, il parviendrait à réunir les puissances du nord afin d’aider le malheureux milanais. Se faisant, il donna à Vitelli le commandement de ses mercenaires suisses en plus.

Le célèbre condottiere progressa rapidement au nord de la Ligurie jusqu’à arriver aux frontières de la Lombardie. Près de Plaisance, ses éclaireurs lui indiquèrent qu’ils voyaient au loin des troupes se dirigeant vers le nord, vers Milan. Il ordonna à ses hommes de se mettre en ordre de bataille afin d’engager le combat avec ce qui ressemblait à une arrière-garde. Le plan était simple : faire une percée au travers de ces troupes afin de progresser jusqu’à la forteresse milanaise afin d’aider Ludovic Sforza à tenir la ville un peu plus longtemps.

François II de Mantoue, qui menait l’arrière-garde coalisée et donc les forces de Mantoue et de Ferrare, se retourna dès qu’il entendit le bruit des tambours de Vitelli. Il ordonna promptement à ses troupes de se préparer à recevoir l’assaut des mercenaires, qu’il évalua à vue de nez à 4000 hommes. Pas dupe de la fébrilité des troupes du duc de Ferrare, il savait que le combat serait très dur et que les retenir tenait probablement de la chimère.
La bataille tourna rapidement à l’avantage des forces mercenaires qui enfonçaient irrémédiablement les lignes coalisées. Les hommes de Vitelli eurent pu infliger de plus solides dégâts s’ils n’avaient pas vu au loin surgirent l’armée de Catherine Sforza qui volait au secours de ses alliés. Sachant qu’ils ne feraient pas le poids face à ce nouveau rapport de force, le condottiere ordonna à ses troupes de faire une percée sur le flanc droit défaillant des coalisés. Les mercenaires parvinrent à passer et se hâtèrent de rejoindre au plus vite Milan, voyant au loin arriver les troupes de Sienne et de Venise qui s’apprêtaient à mettre le siège sur la ville. On dénombra 1000 morts chez les mercenaires contre 1500 pour les forces coalisées. Le marquis de Mantoue ne se priva pas de maudire son allié de Ferrare, responsable selon lui de l’issue de la bataille.
Ironiquement la victoire, d’un point de vue stratégique, fut pour la coalition puisque les mercenaires ne parvinrent pas réellement à endiguer l’avancée des troupes coalisées. Cependant, d’un point de vue tactique, la réussite de cette percée de Vitelli s’apparentait à un véritable exploit. Elle permettait à Milan de se préparer au siège de manière plus sûre.

Ludovic Sforza reçut avec un grand soulagement ce qu’il restait des troupes de Vitelli. Mais il savait cependant que la ville ne résisterait pas plus de quelques mois si des renforts n’arrivaient pas pour les aider. Le sort du Duché n’était plus entre ses mains, à son grand désespoir.  

Des troubles frappent le territoire de Venise : les Ottomans passent la frontière

Nombreux étaient ceux qui se demander quand les menaces de Bajazet II seraient mises à exécution : leur appel a été entendu. En effet, suite à l’attaque perpétrée sur de nombreux navires marchands ottomans par des bâtiments sous pavillons vénitiens, le Sultan avait menacé la République de Venise de représailles si elle ne lui apportait pas la preuve que ces bateaux avaient été envoyés par une puissance souhaitant créer le chaos, comme le déclarait la Sérénissime.

Le doge Barbarigo avait promptement envoyé Pietro Bembo, son ambassadeur, à Constantinople afin de lui assurer que toutes les preuves nécessaires lui seraient remises. Venise soupçonnait en effet Gênes d’être derrière cela, ce qui pouvait expliquer ses mouvements à l’encontre de la Superbe. Cependant, en se détournant de son objectif initial pour se focaliser sur l’invasion du Duché de Milan, Venise a, selon Bajazet, trahi ses engagements envers la Sublime Porte. Ayant été patient pendant plus d’un an, le Sultan décida d’envoyer une armée pour occuper les territoires les plus orientaux de la République de Venise. Un émissaire fut envoyé directement au palais des Doges avec une proposition simple : payer pour rembourser les bateaux marchands coulés ou apporter des preuves de la machination qu’ils ont dénoncé. Sans cela, les troupes ottomanes continueraient à avancer.

Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, Agostino Barbarigo a appris que le condottiere Bartolomeo d’Alviano s’est récemment rebellé, quittant l’armée coalisée afin de s’installer dans les terres au sud de Venise. Exprimant sa colère d’avoir été engagé et ayant attendu, en vain, la paie qui lui fut promise, il décida de se payer lui-même sur les possessions de la Sérénissime. Ses troupes ravagèrent les villages et la campagne au sud de Padoue. Les sujets de Venise étaient extrêmement inquiets face aux récents événements, se demandant où était l’intérêt de s’étendre si le Doge n’est pas capable de protéger ce que Venise possède déjà.

Autres nouvelles :

Avant que les combats ne frapassent le territoire milanais, certains événements se produisirent dans cette Italie du nord qui venait de voir la guerre avec les Français se terminer. La paix étant signée entre les principaux belligérants, des territoires changèrent de main et des indemnités de guerre furent versées.
Ce fut notamment le cas pour la Savoie. En effet, le Duché accepta de céder la partie sud de son territoire que se partagèrent équitablement les deux alliés de la France : les Marquisats de Saluces et de Montferrat. Ce dernier négocia également, au nom des dommages causés sur son territoire pendant l’occupation milano-savoyarde, des compensations avec le Duché de Milan qui accepta de lui livrer des pièces d’artillerie. Le paiement des indemnités de guerre n’étant pas terminé, Ludovic Sforza accepta de livrer sa fille Bianca en otage au jeune marquis Guillaume IX, voulant prouver sa bonne foi.

La question des juifs expulsés de Savoie fut aussi réglée. En effet, de nombreuses puissances (Saluces, Milan, Faenza) se proposèrent pour les recevoir. Mais alors qu’ils semblaient se diriger vers le territoire proche le plus riche, à savoir le Duché de Milan, les nouvelles de la guerre leur parvinrent. Se faisant, ils se décidèrent à finalement rejoindre le Marquisat de Saluces, la proximité aidant.

La Savoie justement pansa ses plaies. La Régente, après avoir accepté les onéreuses demandes des alliés du roi de France, s’employa à remettre son Duché en ordre. Un besoin d’or s’était fait ressentir, expliquant le louage des troupes de Bayard à Venise, afin de redynamiser l’économie de la région. De nombreux ateliers de tissage furent mis en place, dans lesquels furent recrutées en priorité des veuves de soldats tombés à la guerre afin de produire des draperies. Blanche de Montferrat voulut s’assurer par ce moyen que les familles ayant connu des pertes dans le conflit ne se retrouvèrent pas dans la misère.

Du côté de Montferrat, un des grands gagnants de l’invasion française, l’heure ne fut pas à s’occuper des finances, les indemnités de guerre ayant été suffisantes pour se remettre des dommages causés par l’occupation. Guillaume IX s’efforça surtout de renforcer une armée qui avait été décimée pendant la guerre, recrutant une pléthore d’hommes vaillants prêts à rendre fier le Marquisat.

Au centre de l'Italie :

Les combats faisant rage au nord, la situation fut relativement calme durant ces six derniers mois en Romagne et en Toscane. Les potentats romagnols, non-impactés par les batailles septentrionales, et les États pontificaux se concentrèrent sur le développement économique d’une région devenant, au fil du temps, la plus riche de toute l’Italie. Trois événements vinrent cependant troublés cette relative quiétude.

L’arrivée de l’armée française à Rome (juin 1494) :

La victoire définitivement acquise contre Ferdinand d’Aragon, Charles VIII avait tout de même vu ses rêves de s’emparer de l’Aragonais s’envoler en étant témoin de l’arrivée de la flotte de Gonzalve de Cordoue qui débarqua en Ligurie afin de sauver le roi de Naples déchu. Cependant, il fallait le reconnaître, son invasion était une réussite puisqu’il avait éliminé tous ses ennemis et pouvait à présent voguer librement vers Naples afin de s’emparer d’un territoire que de Balzac avait largement pacifié en l’attendant.

Toutefois, il était nécessaire, avant de descendre à Naples, de se rendre auprès du pape afin de recevoir sa bénédiction et lui faire accepter le serment d’obédience au roi. Charles VIII décida donc de débarquer à Ostie pour se rendre, avec ses 10.000 hommes, à Rome. Alexandre VI le reçut et accepta toutes ses demandes, bien conscient qu’une telle force serait capable de piller Rome s’il n’accédait pas aux exigences de Charles VIII. Le roi de France lui demanda également de l’accompagner pour le sacrer roi de Naples, ce à quoi le Saint-Père lui répondit qu’il serait plus profitable à son image que cela soit l’archevêque de Naples qui le couronna, afin de renforcer les liens du nouveau roi de Naples avec le clergé local et son nouveau peuple. Le roi de France, déçu face à ce refus, se rangea cependant derrière l’avis d’Alexandre, ne voulant plus s’attarder.

L’armée française prit donc le chemin du sud et entra bientôt en Campanie, où Robert de Balzac attendait avec impatience son souverain.

L’envoi d’une troupe française à Mantoue :

François II de Mantoue avait joué avec le feu en envoyant ses nombreux espions aux abords des armées françaises. S’il avait pu récolter des informations précieuses, il fut dénoncé par Boniface III de Montferrat sur son lit de mort. Il reçut dès lors une missive du roi de France, lui enjoignant de lui rendre les documents saisis en échange de sa miséricorde. S’il avait répondu favorablement, le marquis de Mantoue « oublia » de lui envoyer les informations promises, ce qui entraîna la colère d’un roi de France qui avait été, de son avis, bien trop patient.

C’est pour cela qu’une fois à Rome, et après avoir reçu la bénédiction papale pour son entreprise, il envoya le général Gilbert de Montpensier à la tête d’une troupe de 2000 hommes sur les terres de Mantoue. Il ordonna à Montpensier d’y rester tant qu’il n’aurait pas récupéré les documents volés par les éclaireurs de Mantoue. Le marquis étant absent, Montpensier s’empara de son palais, toujours à la recherche de ces documents.

Un émissaire fut sur le champ de bataille en Lombardie afin de remettre à François II un ultimatum : rendre les documents ou payer une compensation dans les six mois. Sans réponse de la part du marquis, Montpensier promit qu’il ravagerait la capitale du Marquisat.

Des soulèvements en Corse :

En tout début d’année, Pandolfo Petrucci, le roi des complots, avait réussi à envahir la Corse grâce à la complicité de la puissante flotte vénitienne. Sienne avait en quelques semaines réussi à conquérir une bonne moitié de l’île, bien aidée, il est vrai, par les soucis métropolitains de la République de Gênes. Mais alors que la situation semblait se stabiliser pour les occupants siennois, les nouveaux plans de leur maître les firent rapidement quitter les lieux. Ils ne laissèrent sur place que de maigres forces, peu optimistes quant à leurs chances de conserver ce qu’ils avaient acquis. Évidemment, ce qui devait arriver se produisit : les Corses se révoltèrent contre leurs envahisseurs.

Par nature indomptables, les habitants de l’île génoise, rassérénés par les nouvelles venant du continent annonçant que l’invasion n’avait pas eu lieu et que le territoire de Gênes était libre, se décidèrent à agir. Des foyers de résistance émergèrent un peu partout, prenant rapidement le dessus de soldats siennois submergés face à la détermination des autochtones. Les territoires sous contrôle siennois s’amoindrirent rapidement jusqu’à ne plus se cantonner qu’à la région entourant Bonifacio. Les troupes de Petrucci, en grande difficulté, attendaient les ordres du Prieur, sachant qu’ils ne parviendraient pas à tenir encore longtemps.

Autres nouvelles :

À Sienne, Pandolfo Petrucci, bien conscient que ses manœuvres audacieuses et sa tendance à vouloir toujours plus de pouvoir commençaient à créer des troubles au sein de sa propre cité, entreprit de dépenser des sommes faramineuses afin de contenter les inquiets et les mécontents de sa politique. Une grande partie de son attention fut surtout concentrée sur la région de Pise, par essence indépendantiste, pour faire comprendre à ses habitants la volonté particulière du Prieur de l’inclure dans son « grand projet ».

À Mantoue et à Ferrare, de multiples messagers firent la navette entre les deux villes et Vienne. Des chroniqueurs rapportèrent que l’accession au pouvoir du nouvel empereur Maximilien fit germer de nouveaux projets dans l’esprit des deux seigneurs.

En Romagne, Rimini, Urbino et Pérouse se concentrèrent sur le renforcement de leurs armées, s’inspirant de la politique suivie par le Saint-Père durant les six derniers mois. Les armées de toute la Romagne avaient vraiment belle allure, même si elles étaient encore relativement à distance de la puissante armée de Faenza. Le Duché d’Astorre Manfredi, quant à lui, s’efforça de développer encore un peu plus ses capacités de production, pourtant déjà considérables. Un chantier sans précédent consistant en la création de nombreuses manufactures et ateliers d’artisanat fut lancé. La plupart des observateurs s’accordèrent pour énoncer que ce projet entérinait Faenza comme la puissance financière majeure en Italie.

Au sud de l'Italie :

Le temps de la domination aragonaise sur le trône de Naples était arrivé à son terme. Charles VIII, victorieux, allait se faire couronner roi de Naples, réparant l’affront fait cinquante ans auparavant à la maison d’Anjou. Ferdinand 1er avait cependant survécu, grâce à l’arrivée des forces espagnoles.

Charles VIII, couronné roi de Naples : Palerme, dernier bastion aragonais.

Arrivant de Rome, Charles VIII fit son entrée triomphale à Naples le 13 juin 1494. Le même jour, l’archevêque de Naples, Alessandro Carafa, le couronna roi de Naples : son entreprise était une réussite absolue. Il s’empressa de nommer Robert de Balzac vice-roi de Naples, lui expliquant qu’il gouvernerait le territoire pour lui lorsqu’il serait reparti en France.
En effet, il fut mis au courant par des messagers que les armées de Ferdinand II d’Aragon et d’Isabelle 1ère de Castille avaient franchi les Pyrénées, bafouant le traité de Barcelone qu’ils avaient passé en janvier 1493. Ses vassaux réclamaient son retour au plus vite pour bouter les envahisseurs hors de France.

En attendant, il décida qu’il lui fallait faire un tour de son nouveau royaume napolitain. Accompagné de son cousin le duc d’Orléans, il entreprit de se rendre en Sicile afin d’être mis au courant de la situation. En effet, Gonzalve de Cordoue, général du corps expéditionnaire espagnol, avait entrepris de mettre en place de grosses défenses pour empêcher l’avancée des troupes françaises déjà sur place.
La flotte espagnole mouillait à Palerme, faisant de facto de la ville la capitale du roi aragonais, empêchant par ce moyen les navires français d’approcher et d’entreprendre un blocus de l’île. Les deux flottes s'étaient au cours de l'année déjà affrontées à l'ouest de la Corse, la bataille s'étant soldée par un statuquo.

Charles VIII décida d’envoyer un émissaire auprès du Gran Capitán, afin de tâter le terrain.

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeDim 20 Jan - 0:20

Echanges diplomatiques entre août 1494 et février 1495 :

Discours du marquis de Montferrat évoquant la création d'une Ligue Lombarde:

Déclaration du duc d'Urbino, s'interrogeant sur le silence papal face aux exactions de la coalition envahissant Milan:

Réponse de Venise, le doge essayant de justifier l'invasion:

Annonce de l'implication de l'empereur Maximilien dans le conflit:

Traité de Monza de 1494, proclamant la paix entre Gênes et Milan d'un côté et Venise et Sienne de l'autre:

Proposition de paix de Milan à Mantoue et Ferrare:

Acceptation des termes milanais par Mantoue et Ferrare:

Rapport du journal de Burchard en date du 18 octobre 1494 énonçant la fin de la guerre entre Charles VIII et Ferdinand d'Aragon:

Proclamations des entrées de la République de Gênes, du Duché de Milan et du Marquisat de Saluces dans la Ligue Lombarde:

Excuses publiques du doge de Venise à l'attention de l'Empire Ottoman concernant la crise des navires marchands coulés:

TOUR 5 - FÉVRIER 1495


Avènements des Princes - Récapitulatif  Tour5b10
La fin de l'indépendance de Florence, le duché de Faenza fut sans pitié

Carte:

La guerre pour le trône de Naples prit officiellement fin à l'automne 1494. Charles VIII et Gonzalve de Cordoue s'entretinrent pour déclarer un cessez-le-feu et permettre l'élévation du roi déchu Ferdinand à la tête du nouveau duché de Palerme. Le général espagnol déclara qu'il resterait le temps qu'il faudrait auprès du duc aragonais pour lui permettre de se relever. Charles VIII avait finalement atteint son but : il était roi de Naples et souverain d'un territoire pacifié, bien quadrillé par sa puissante armée.
En janvier 1495, le roi de France prit la décision de repartir vers sa patrie, emmenant avec lui son cousin le duc d'Orléans et laissant les rênes napolitaines au vice-roi Robert de Balzac. Il laissa une partie de ses troupes au gouverneur de Naples, et embarqua avec le reste sur les navires français qui prirent la direction de Marseille. A vrai dire, dans son esprit et après une longue campagne marquée par les exactions de potentats italiens imprévisibles, Charles VIII pria pour ne plus jamais revenir dans cette maudite péninsule, qui était incapable, selon lui, de vivre en paix.

La guerre étant finie, tous les seigneurs d'Italie n'aspiraient plus qu'à une chose : la paix, même pour une courte période, tant ils en avaient besoin pour redresser des Etats fatigués par des années de chaos. La fin de l'année 1494 fut donc marquée par une volonté presque universelle d'investir dans de nombreux projets économiques et sociaux afin de recommencer à vivre normalement, loin du tumulte des batailles et de l'effort de guerre continu. Cependant, alors que l'Italie vivait dans une relative quiétude, un seigneur ambitieux en profita pour mettre à terre définitivement une ancienne cité glorieuse. Florence était tombée, la cité des Médicis n'était plus indépendante, aisément annexée par son voisin surpuissant.

Les Romagnols se remirent à avoir peur, s'interrogeant sur les mesures qu'allait prendre le Pape pour faire face à l'insolence du prince qui avait osé s'attaquer à un de ses vassaux. A la Cour pontificale, des frissons parcoururent toute l'assemblée quand un messager apporta la missive sur laquelle était inscrit le nom du bourreau de Florence : "Les troupes du duc de Faenza ont pris possession de la ville. Soderini a disparu. Les Florentins n'ont opposé aucune résistance à l'entrée des invincibles troupes d'Astorre Manfredi.". Le Pape fronça les sourcils, conscient que les problèmes ne faisaient sûrement que commencer pour sa Romagne.

Au nord de l'Italie :

Suite au traité de Monza, les troupes de la Sérénissime et de Sienne quittèrent les terres milanaises, acceptant la paix avec Milan et Gênes en échange de comptoirs commerciaux en Corse. Le duc de Milan, Ludovic Sforza, s’efforça de négocier avec Mantoue et Ferrare afin de se libérer de la dernière - relative - menace qui planait sur son territoire. Une paix blanche fut conclue et la Lombardie fut libérée des ses envahisseurs. On raconta que les lettres désespérées que Sforza envoya à l'empereur Maximilien jouèrent un grand rôle dans les négociations qui suivirent le siège de Milan. Cette incursion de Maximilien dans la politique italienne laissait supposer que le nouvel empereur du Saint-Empire n'allait pas jouer le même rôle que feu son père, ses vassaux étaient en tout cas prévenus.

Pour expliquer le revirement vénitien, il était également aisé de comprendre les raisons, outre le comptoir commercial sur le territoire génois, qui les poussèrent à abandonner un conflit dans lequel ils n'avaient finalement pas grand chose à gagner. Agostino Barbarigo s'empressa, suite au retrait de ses troupes du territoire de Milan, de négocier avec le condottiere rebelle Bartolomeo d'Alviano qui prenait plaisir à ravager les terres vénitiennes au sud de Padoue. Une délégation du Doge arriva auprès du mercenaire afin de lui payer la somme qui lui avait été promise dans un premier temps, raison pour laquelle il s'était décidé à se servir directement sur les possessions de Venise. Une fois cela fait, d'Alviano et ses troupes partirent, et le Doge s'engagea auprès de ses sujets à donner des compensations à tous les citoyens qui avaient été lésés par les exactions des mercenaires.
Plus important encore, Barbarigo paya une grosse somme d'argent aux envoyés de la Sublime Porte pour que le Sultan accepta de retirer ses troupes des territoires vénitiens en Dalmatie. Reconnaissant pleinement les errements de Venise dans l'enquête devant établir la culpabilité génoise dans les actes de piraterie de 1493, le Doge de la Sérénissime présenta ses excuses. Bajazet II, formulant tout de même des menaces futures en cas de nouveaux problèmes, accepta cependant les excuses de Venise et les troupes ottomanes firent marche arrière, passant la frontière pour repartir vers Constantinople.
Suite aux nombreuses difficultés qu'avaient connu Venise pendant l'année 1494, les grandes familles aristocrates, au travers du Conseil des Dix, ordonnèrent une enquête sur Agostino Barbarigo, afin de s'assurer que le Doge n'avait pas agi dans son intérêt personnel au cours des derniers mois. L'enquête démontra que le Doge avait bien œuvré aux intérêts de Venise, ce qui relégitima sa position et ramena la paix sociale dans la lagune.

En Savoie, Blanche de Montferrat continua sur la voie qu'elle avait emprunté depuis la paix avec la France : rétablir l'économie savoyarde. La Régente continua de financer l'artisanat de sa région, en particulier le tissage, la forge et la maçonnerie, afin de permettre notamment la reconstruction des villages ravagés par la guerre. Elle insista sur le fait que les veuves, orphelins et éclopés de guerres aptes au travail furent recrutés en priorité.
Bayard, enfin de retour à Turin, eut la mission de reconstituer l'armée savoyarde, lourdement impactée par les nombreuses batailles auxquelles elle avait participé. Blanche de Montferrat lui confia également le rôle de précepteur militaire du jeune duc Charles-Jean-Amédée, afin de la familiariser à ses futures prérogatives.

A Gènes, Paolo Fregoso s'efforça de négocier la paix avec Venise et Sienne. Celle-ci fut signée au travers du traité de Monza, le Doge de Gênes autorisant en contrepartie à ses deux anciens ennemis d'installer des comptoirs commerciaux en Corse. Afin de s'assurer que Petrucci se tiendrait bien, des otages siennois et vénitiens furent envoyés à Gênes et placés en résidence surveillée.
Le Doge de la Superbe, heureux de voir son territoire débarrassé de toutes ces menaces, décida de récompenser les habitants de la Corse pour leur fidélité pendant l'occupation siennoise. Ce fut dans cette optique que des investissements furent réalisés pour rapprocher commercialement l'île du continent.

A Montferrat, les sujets de Guillaume IX étaient très heureux des dernières nouvelles qui traversaient leur contrée. En effet, ils avaient eu vent des grands discours de leur jeune marquis, à l'origine de la création de la Ligue Lombarde, et le voyaient à présent comme probablement l'unique rempart en Italie à la félonie des autres potentats. Milan, également membre au même titre que Saluces ou Gênes de la Ligue Lombarde, fit parvenir à Montferrat les derniers remboursements de guerre qui furent directement investis dans le remboursement définitif de la dette montferratoise. Tout semblait allait pour le mieux à Montferrat, même si la nouvelle du départ de Charles VIII vers la France inquiéta quelque peu l'opinion.

L'allié de Montferrat, le Marquisat de Saluces, continuait à percevoir les effets de l'immigration des anciens juifs savoyards. En effet, un véritable boom économique secoua la région : de nombreux ateliers et manufactures s'érigèrent et le trafic sur les routes commerciales du Marquisat était de plus en plus important.

A Mantoue, l'arrivée de François II concorda avec le départ des troupes de Montpensier. Le marquis de Mantoue remit les documents récoltés par ses espions et s’efforça de s'excuser de la manière la plus plate possible afin de voir le général français repartir auprès de son maître. Celui-ci, bien conscient de son évidente position de force, s'amusa à faire la leçon à un marquis bien penaud. Il lui asséna des ultimes menaces d'usage, baisa la main de sa charmante hôtesse et prit congé. L'armée française quitta Mantoue aux alentours de novembre 1494.
Pendant l'absence de son mari, Isabelle d'Este s'appliqua à gérer le Marquisat du mieux qu'elle put. En ce sens, elle mena une politique économique qui fit le bonheur de la bourgeoise de Mantoue, au travers d'investissements importants dans l'artisanat. Des chroniqueurs rapportèrent que les soldats français furent les premières victimes de cette production massive d'objets en tout genre, repartant vers Naples les bras chargés de bibelots.
La nouvelle année vit également le départ de Léonard de Vinci, le célèbre inventeur et ingénieur militaire, vers Faenza. Le conseil de régence du duc Manfredi paya une grosse somme à François II afin de jouir des compétences du florentin.

Au centre de l'Italie :

Alors que le nord connaissait une étonnante période de calme, la Romagne et la Toscane aspiraient à la même chose. La quiétude fut de mise jusqu'en janvier 1495, lorsque Florence vit l'ombre de Faenza fondre sur elle : près de 400 ans d'indépendance allaient finalement arriver à leur terme.

Florence envahie, rattachement au Duché de Faenza (Janvier 1495) :

Pier Soderini, élu gonfalonier à vie en début de l'année 1494, avait considérablement redressé l'état de Florence depuis son arrivée au pouvoir. Les citoyens voyaient en lui un dirigeant capable, empathique et profondément attaché à l'idéal florentin. Économiquement, il était évident que la situation s'était améliorée, les marchands recommençant à affluer comme à la belle époque sur le Ponte Vecchio. Le seul problème venait du fait que le traité qui avait suivi le découpage de son territoire après l'incident bolonais avait obligé Florence à se démilitariser. Le gonfalonier, charmé par les propositions avantageuses du Duché de Faenza, accepta d'y envoyer des liquidités afin de jouir de sa protection si une guerre venait à éclater. A posteriori, les chroniqueurs se demandèrent comment Pier Soderini, pourtant sage et avisé, put se laisser berner aussi aisément.

En effet, alors que la nouvelle année venait à peine de commencer, la Seigneurie reçut des courriers énonçant que Sienne allait se mettre en ordre de bataille pour conquérir Florence. Au même instant, des mouvements de troupes furent annoncés par les éclaireurs florentins au gonfalonier. On lui rapporta qu'une énorme armée approchait par l'est, l'étendard de Faenza étant bien visible parmi les hommes de tête. Soderini trouva étrange que les troupes de Faenza furent si rapidement sur place alors qu'il venait à peine d'apprendre qu'une éventuelle menace planait sur la ville. En voyant que l'armée menée par Catherine Sforza se dirigeait tout droit vers les portes de la ville, il comprit dès lors qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps avant que l'irrémédiable ne se produisit. Les forces de Manfredi allaient bien protéger la ville, mais d'une manière bien plus intrusive que Soderini ne l'avait imaginé initialement.  

La souveraine de Forli entra dans le Palazzo Vecchio, suivie par une escouade de ses plus valeureux soldats, et se dirigea directement vers les appartements du gonfalonier. Celui-ci, toujours en état de choc, entreprit de se reprendre avant de lui demander ce qu'était cette farce. Laconiquement, elle lui ordonna de la suivre. Refusant cette injonction d'un commandant étranger, Soderini se vit saisir par les hommes de Sforza. On ne sut pas ce qui lui arriva par la suite, certains supposèrent qu'on l'emmena à Faenza, d'autres affirmèrent qu'il avait été étranglé sans sommation dans la Salle des Cinq-Cents. Ce qui était certain, c'était que Florence avait changé de maître. En effet, les troupes de Faenza s'efforcèrent de se disperser stratégiquement dans tous les points essentiels de la ville, les maigres forces florentines furent désarmées et acceptèrent de se soumettre à leur nouveau souverain. On fit déclarer publiquement que "Faenza serait bien plus à même de défendre Florence face aux prétentions de toute sorte.". Les nouveaux arrivants énoncèrent que les moyens mis à disposition par l'ancien gouvernement florentin pour protéger la ville étaient ridicules, que le rattachement au Duché de Faenza apporterait prospérité et sécurité à Florence. Les notables de la ville, devant cette démonstration d'hyperpuissance, prêtèrent allégeance à Astorre Manfredi et furent renouvelés dans leurs fonctions. La République florentine n'était plus.

Autres nouvelles :

En somme, un mot pourrait résumer ce qui eut lieu en Romagne pendant la fin d'année 1494 : armée. A Faenza, comme à Rome ou à Sienne en passant par Urbino, Ferrare ou Rimini, on s'appliqua à recruter énormément d'hommes, à développer des méthodes d'entraînement de plus en plus perfectionnées et à fabriquer des pièces d'artillerie. Ces renforcements militaires démontraient bien à quel point les tensions étaient grandes en Romagne. La nouvelle de l'annexion de Florence fut accueillie avec surprise et terreur, les citoyens des potentats comprenant qu'une grande menace planait sur la région. La période de paix était probablement terminée.


Au sud de l'Italie :

Robert de Balzac, vice-roi de Naples, prit ses fonctions, une fois Charles VIII parti. Il s'efforça de réorganiser l'armée et d'assigner à Gilbert de Montpensier, demeuré à Naples pour en prendre le commandement, des missions de maintien de l'ordre dans les diverses zones sensibles du territoire, comme à Capoue par exemple. Les Français étaient là depuis peu de temps, mais des chroniqueurs rapportèrent que les nouveaux sujets du roi de France commençaient déjà à se plaindre du comportement parfois insolent des troupes françaises.

A Palerme, on fêta la paix ! Gonzalve de Cordoue parvint à un accord avec le roi de France pour mettre fin à la guerre pour le trône de Naples. Ferdinand d'Aragon fut contraint d'accepter les termes français, bien poussé par le général espagnol à céder (en même temps, il n'avait pas les moyens de faire autrement).
Le cessez-le-feu acté, le nouveau duc de Palerme s'efforça de se montrer bienveillant auprès des hommes qui l'avaient soutenus jusque sur les plages ligures. Un grand défilé fut organisé pour mettre en valeur l'ancienne armée napolitaine, et Gonzalve de Cordoue, en tête du cortège avec Ferdinand, fut présenté comme le héros libérateur de Palerme. Une grande statue fut érigée à sa gloire devant le Palais des Normands, nouveau palais ducal de Ferdinand. Celui-ci prit ensuite la décision de lancer un grand programme de développement d'ateliers, de manufactures et d'industries pour redynamiser l'économie de la région historiquement la moins riche de l'ancien Royaume de Naples.

Pour la première fois depuis bien longtemps, on reçut des nouvelles de la République de Raguse. On rapporta que le Recteur de Raguse, Girolamo Bona, entreprit de faire fructifier la puissance commerciale de la ville. Suivant le même modèle que son voisin vénitien, les protégés de la Sublime Porte paraissaient encore bien mystérieux et repliés sur eux-mêmes. En ce sens, Bona fit donner l'ordre de stationner toute l'armée et la flotte de la République dans la capitale, craignant des incursions extérieures.



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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMar 22 Jan - 0:22

Guerre pour le trône de Naples (1493-1494)


INFORMATIONS GÉNÉRALES
Date : Janvier 1493 à Novembre 1494 (1 an et 10 mois)

Lieu : Italie

Casus belli : Revendications françaises sur le trône de Naples

Issue : Victoire française, couronnement de Charles VIII sur le trône de Naples. Ferdinand d'Aragon devient duc de Palerme.
BELLIGÉRANTS

Royaume de France                                                                           
Marquisat de Saluces
Marquisat de Montferrat
Royaume de Naples                                                                                
Duché de Milan
Duché de Savoie
Royaume d'Espagne (Avril 1494)

COMMANDANTS

Charles VIII de France                                                                       
Louis d'Orléans
Gilbert de Montpensier
Robert de Balzac
Ludovic II de Saluces
Ferdinand 1er d'Aragon                                                                          
Pierre Terrail de Bayard
Gonzalve de Cordoue

FORCES EN PRÉSENCE

- 24.000 soldats français et 70 pièces d'artillerie                                  
- 4.000 soldats saluciens et 6 pièces d'artillerie
- 3.500 soldats montferratois et 12 pièces d'artillerie
- 25 navires français

Total : 31.500 soldats et 88 pièces d'artillerie
25 navires
- 9.500 soldats napolitains (dont 4.000 mercenaires) et
6 pièces d'artillerie
- 5.000 soldats milanais et 39 pièces d'artillerie
- 6.000 soldats savoyards et 15 pièces d'artillerie
- 14 navires coalisés
Total : 19.500 soldats et 60 pièces d'artillerie
14 navires

PERTES

11.000 hommes et 30 pièces d'artillerie                                              
10 navires français
13000 hommes et 33 pièces d'artillerie                         
14 navires coalisés  

BATAILLES
Siège de Montferrat / Montferrat (1ère) / Montferrat (2ème) / Pinerolo / Savone                           
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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:42

Echanges diplomatiques entre février 1495 et août 1495 :

Déclaration du duc d'Urbino sur la rupture de son serment d'allégeance auprès du Pape, et annonce de l'élévation de l'évêque d'Urbino comme antipape :

Faenza rejoint la cause du duc d'Urbino:

Annonce de la neutralité de Sienne:

Annonce de la neutralité de Montferrat:

Annonce de la neutralité de Venise:

Réponse du Pape ave déchéance des renégats:

Rimini rejoint le camp de l'antipape:

Maximilien d'Autriche, roi des Romains, rejoint le camp de l'antipape:

Soutien de la Savoie à l'antipape:

Charles VIII, roi de France, soutient le Pape:

Les Rois catholiques soutiennent le Pape:

Ferrare rejoint le camp du Pape:

Le Pape excommunie Maximilien et récompense la France:

"Annonce du soutien de Mantoue au camp de l'antipape:


TOUR 6 - AOÛT 1495


Avènements des Princes - Récapitulatif  Tour611
La Romagne à feu et à sang

Carte:

A la fin du mois de février 1495, les agissements du Duché de Faenza trouvèrent rapidement une résonnance auprès de ses voisins. Il était vrai que l’annexion pure et simple de Florence avait surpris, en bien ou en mal, la plupart des potentats italiens. Ceux-ci, bien conscients de la grande puissance de l’ancienne seigneurie de Romagne, ne s’étonnèrent pas de son coup de force puisqu’il était bien connu que Florence, laborieusement maintenue en vie par son gonfalonier Soderini, n’aurait plus aucun grand rôle à jouer sur la péninsule. Le problème vint plutôt du fait que la République florentine était, avant son extinction, un vassal du Saint-Siège, au même titre que son nouveau « protecteur » : c’était plutôt cela qui inquiétait tous les seigneurs italiens, quelles seraient les conséquences de cette attaque ? Il paraissait évident que les justifications avancées par le conseil de régence d’Astorre Manfredi ne passeraient pas auprès du Pape, toujours prompt à punir ceux qui défiaient son autorité.
Sans attendre que le Saint-Siège eut le temps de faire une déclaration officielle, Faenza dévoila son jeu ; le duc d’Urbino, son allié, fit une déclaration dans laquelle il annonça renier son serment d’allégeance auprès du Pape et déclara reconnaître l’évêque Giampietro Arrivabene comme le légitime souverain de l’Eglise catholique. Cette annonce fut suivie par des déclarations identiques du Duché de Faenza, de la Seigneurie de Rimini, du Duché de Savoie, du Marquisat de Mantoue et, surtout, de Maximilien de Habsbourg, roi des Romains et archiduc d’Autriche qui, de plus, informa qu’il reconnaissait Faenza et Urbino comme ses nouveaux vassaux. L’objectif de cette coalition antipapale était simple : marcher sur Rome, déposer Alexandre VI et introniser Pie III.

Chacun attendait donc la déclaration du Pape et celle-ci ne tarda pas : il excommuniait tous les « traîtres » et certifiait qu’ils allaient payer pour leurs crimes. Il s’efforça de trouver des soutiens pour mettre à mal le dessein des forces antipapales ; les Royaumes de France et d’Espagne certifièrent au Saint-Père qu’ils enverraient des troupes pour défendre la Chrétienté ; le Duché de Ferrare, lié à la fois au Saint-Siège et au Saint-Empire, se prononça en faveur d’Alexandre VI. Tous les autres potentats, explicitement ou implicitement, firent comprendre qu’ils resteraient neutres dans le conflit à venir.

Dès le mois de mars 1495, on vit des mouvements de troupes un peu partout en Italie. Les belligérants louèrent en masse des mercenaires et les armées des princes qui ne voulaient en aucun cas participer politiquement à ce conflit. Rapidement, les formations de lansquenets s’activèrent au nord des Alpes, l’armée de Gilbert de Montpensier passa la frontière pontificale et le corps expéditionnaire de Gonzalve de Cordoue débarqua à Ostie. Les hommes prirent leurs ordres et se mirent en ordre de bataille : la Guerre des deux Papes allait commencer.

Au nord de l'Italie :

Lorsque Maximilien annonça qu’il soutiendrait la cause de Pie III et ferait donc partie de la coalition antipapale, moult chroniqueurs se demandèrent comment ses vassaux allaient réagir. Le Duché de Savoie, rapidement, se rangea derrière la position de son suzerain, tout comme le Marquisat de Mantoue. Ludovic Sforza reçut également une missive, mais ne fit aucune déclaration officielle concernant l’épineuse question papale. Parallèlement, de nombreuses questions se posèrent sur la devenir de la nouvelle Ligue Lombarde, composée de différentes factions affiliées soit au Saint-Empire, soit à la France – qui s’était ralliée quant à elle à Alexandre VI. Finalement, et de manière très sage, tous les membres de la Ligue éludèrent cette interrogation en ne faisant aucune déclaration officielle concernant la guerre à venir. Tout au plus affirmèrent-ils leur neutralité, certains se permettant même de louer leurs troupes aux différents belligérants (tout en prenant soin de ne pas froisser les intérêts de leurs suzerains respectifs).

En somme, alors qu’il avait été le théâtre de la plupart des conflits lors de ces trois dernières années, le nord-ouest de la péninsule semblait enfin pouvoir goûter à un repos bien mérité. Toute l’attention se posa donc sur le territoire de Venise, et plus précisément sur l’endroit où allait passer les troupes de Maximilien, qui, assurément, ne tarderaient plus. Pour ce faire, le duc de Faenza s’était entretenu avec Venise et Sienne afin qu’elles se rangeassent derrière lui, demandant à minima que Venise laissa passer librement les renforts germaniques. Les deux puissances italiennes ne se dressèrent pas contre les prétentions des renégats, ils acceptèrent même, officieusement, de participer à l’effort de guerre de la coalition antipapale.

Maximilien fit donc mettre en ordre de marche les contingents qu’il avait promis d’envoyer à Faenza. C’est ainsi qu’au tout début du mois d’avril 1495, les troupes commandées par Albert III de Saxe et Sigismond d’Autriche, stationnées à Innsbruck, prirent la route du sud pour aller rejoindre l’armée de Manfredi. Alors qu’ils entraient sur les terres du Val Venosta, un coursier fut arrêté par l’avant-garde des troupes germaniques. Envoyé par François II, marquis de Mantoue, il disait devoir se rendre immédiatement auprès d’Albert de Saxe pour lui donner une nouvelle de la plus grande importance. Quelques brefs instants plus tard, le duc de Saxe ouvrit la missive : « Mon ami, nous avons des nouvelles très graves. Nos espions sont parvenus à intercepter des messages transitant entre Rome, Sienne et Venise. Ces deux truands comptent nous trahir, des troupes vénitiennes font déjà marche vers vous alors que les hommes de Petrucci se dirigent vers Pérouse pour se joindre à l’ost papal. J’en ai informé le duc de Faenza, qui a tant besoin de vos hommes. Faites attention, préparez-vous à être attaqué à tout moment. ». Le général impérial ordonna sans attendre que ses troupes se mirent en ordre de bataille, il n’était plus question d’avancer sottement : ils étaient en territoire ennemi à présent. Tout en continuant à progresser précautionneusement, Albert de Saxe ordonna à Sigismond et son corps d’armée de prendre un autre chemin en parallèle, pour pouvoir surprendre les troupes vénitiennes lorsque l’affrontement aurait lieu.

Arrivés à proximité de la ville de Trente, les éclaireurs du Saint-Empire virent au loin avancer une forte armée portant un étendard avec une tête d’aigle bicéphale : Venise avait envoyé les troupes de Montferrat louées par Guillaume IX pour repousser, ou du moins ralentir, l’armée de Maximilien. La Guerre des deux Papes allait donc commencer non pas en Romagne comme chacun s’y attendait, mais dans le Trentin, sur les propres terres du roi des Romains.

Venise dévoile son jeu : la bataille de Trente (Avril 1495)

En somme, le plan des Vénitiens était simple : envoyer les mercenaires de Montferrat au front pour compliquer la progression des Impériaux. L’état-major de la Sérénissime n’était cependant pas dupe, il savait très bien que l’armée montferratoise, aussi valeureuse et aguerrie fut-elle, ne sortirait probablement pas victorieuse d’une bataille rangée avec les armées impériales. La seule chose importante était qu’elle les retint relativement longtemps pour faciliter l’entreprise des troupes de la coalition papale plus au sud. Cependant, Venise n’avait probablement pas anticipé que ses plans seraient dévoilés avant la bataille. Grâce aux espions mantouans, les généraux impériaux avaient été prévenus en amont, ce qui leur avait permis d’anticiper l’affrontement et de se préparer en conséquence. L’effet de surprise serait pour les forces du Saint-Empire.

L’armée montferratoise et le corps d’armée d’Albert de Saxe se firent donc face près de Trente. Sur le papier, les mercenaires au service de Venise, en plus d’être plus nombreux, semblaient avoir l’avantage au niveau de l’artillerie. Le commandant montferratois fut étonné de trouver les lansquenets déjà en ordre de combat mais la bataille s’engagea si rapidement qu'il était de toute façon trop tard pour changer de tactique ou reculer. Les deux lignes de front chargèrent l’une contre l’autre pendant que les bombardes se faisaient entendre dans chaque camp. Le combat était rude et aucun vainqueur ne se dessinait, l’expérience et la brutalité des lansquenets contrebalançant leur sous-nombre. C’est alors, après une heure de lutte, que le son des tocsins se fit entendre à l’ouest : Sigismond d’Autriche et son corps d’armée se lançait à l’assaut du flanc gauche montferratois. Le général de Montferrat comprit à cet instant pourquoi les lansquenets avaient eu l’air de les attendre au début de la bataille : ils savaient que Venise avait trahi sa parole. Rapidement, l’issue de la bataille fut scellée tant les mercenaires au service de Venise furent balayés par la puissance impériale. Leur commandant ordonna le repli, la victoire était pour les Impériaux. Les troupes de Montferrat partirent vers le sud, sur le territoire du Duché de Ferrare, où les attendaient un regroupement des troupes de la coalition papale, alors que les lansquenets fondirent sur le territoire de Mantoue où les attendait avec impatience François II. La bataille de Trente fit près de 1000 morts chez les Impériaux, contre près du double du côté des mercenaires montferratois.

Tout ce beau monde allait se retrouver à Ferrare où le marquis de Mantoue avait soif de contrecarrer les plans initialement imaginés par Hercule d’Este et Agostino Barbarigo. Il fallait sauter à la gorge de l'ennemi avant qu'ils ne s’engouffrent sur le territoire de Faenza.

Mantoue sort les griffes : la bataille de Stellata (Avril 1495)

Les troupes de Montferrat arrivèrent à la mi-avril et firent jonction avec les forces régulières du duc de Ferrare. Le général montferratois alla prendre ses ordres auprès du commandant vénitien déjà présent, celui-ci ayant amené avec lui les mercenaires du condottiere Giovanni della Rovere. Il lui expliqua notamment que son armée n’avait pu ralentir considérablement les Impériaux, ces derniers étant déjà au courant de la trahison opérée par la Sérénissime. Quelques jours plus tard, les troupes du marquisat de Saluces, louées par la République de Sienne, rejoignirent les autres afin de se préparer à marcher sur Faenza. La coalition papale espérait que les troupes du duc de Faenza seraient trop occupées à batailler l’énorme armée qui se constituait plus au sud, à Pérouse, et que le regroupement opéré à Ferrare pourrait ainsi les prendre en étau.

Cependant, ce plan initial allait être contrecarré par l’attaque imminente des forces conjointes du marquis de Mantoue et de l’armée impériale. En effet, remontant la vallée du Pô, les forces antipapales furent rapidement en vue de la capitale du Duché, ce qui obligea les troupes papales à se mettre en ordre de marche pour empêcher cette avancée. Si la première bataille de la Guerre des deux Papes fut rapidement scellée, la seconde allait être beaucoup plus meurtrière : 25.000 hommes allaient s’affronter à Stellata, au nord de Ferrare.

François II, reconnu pour ses qualités militaires, prit la tête de l’armée antipapale et ordonna aux généraux impériaux d’occuper les flancs pendant que lui et ses propres lansquenets garniraient le centre. Les troupes mantouanes se battirent contre les hommes de Saluces, pendant que les Impériaux s’occupèrent des forces de Venise et de Ferrare. La bataille fût âpre, si bien qu’elle dura près de trois heures. Les lansquenets allemands prirent facilement le dessus sur les troupes régulières ferraro-vénitiennes, ces hommes-là n’étant pas taillés pour une lutte pareille. Ils ne durent leur salut, ou du moins leur non-massacre, à la maestria de Giovanni della Rovere qui se démena pour maintenir les lignes en place, avec l’appui des mercenaires de Montferrat. Au centre, les troupes de Saluces firent des miracles, bien qu’en sous-nombre, et parvinrent pendant les trois-quarts de la bataille à résister vigoureusement aux troupes menées personnellement par le marquis de Mantoue. Cependant, au moment où les flancs cédèrent, la férocité salucienne ne put rien faire face à l’implacable vérité : les troupes antipapales étaient trop fortes, il fallait se replier pour éviter un fâcheux massacre. Le commandant de l’armée papale ordonna la retraite, et toute l’armée reflua vers Ferrare, espérant que les murailles de la ville leur seraient d’un précieux secours.

François II et Albert de Saxe comprirent rapidement qu’ils avaient plus à gagner à poursuivre l’armée en déroute plutôt qu’à rejoindre Faenza comme ils en avaient eu les ordres dans un premier temps. L’armée antipapale suivit donc les battus jusqu’à Ferrare et entreprit d’y mettre le siège. Le duc de Saxe, pas sot pour autant, donna la consigne à Sigismond d’Autriche de se diriger vers Faenza pendant que son corps d’armée et les troupes de Mantoue s’occuperaient du siège de la cité de la famille d’Este.
Les lansquenets autrichiens de Sigismond prirent donc la direction de Faenza, espérant pouvoir être d’un salutaire secours pour les forces antipapales qui allaient connaître l’enfer en Romagne.

La bataille de Stellata fut, comme le dira Guichardin quelques années plus tard, une "boucherie sans nom". On dénombra environ 7.000 morts sur les rives du Pô ce jour-là, les deux belligérants se partageant les pertes à peu près équitablement. La victoire fut compliquée pour la coalition antipapale mais elle avait accompli son dessein : elle avait empêché Ferrare et Venise de pouvoir poignarder dans le dos Faenza et ses alliés centraux.

Autres nouvelles :

La guerre ne pointa pas le bout de son nez au nord-ouest. Les membres de Ligue Lombarde s’efforçaient de continuer à rebâtir leurs pays après des années de guerre.

A Milan comme à Montferrat, on s’attela à relancer la production. Guillaume IX et Ludovic Sforza investirent des sommes considérables pour construire des manufactures d’armements et des ateliers. Du côté de Turin, Blanche de Montferrat ordonna de faire exploiter les carrières de pierre de Savoie notamment pour faire bâtir de nouvelles églises et abbayes afin de prier pour le salut des âmes des chrétiens en ces temps de troubles et de divisions. Les chroniqueurs locaux rapportèrent que les nouveaux maçons savoyards semblaient être de véritables prodiges.

A Gênes, Paolo Fregoso lança un nouveau programme maritime pour relancer le commerce après sa coûteuse guerre contre Sienne : redynamisation du port de Gênes et importation de produits exotiques furent les deux principaux crédos du Doge durant ces six mois.


Au centre de l'Italie :

Les débats au nord de la péninsule avaient largement penché en faveur des forces antipapales, les coups perfides imaginés par Venise n’ayant pas atteint leur but. Mais du point de vue de tous, la véritable décision dans ce conflit se ferait en Romagne. Le Pape s’était activé auprès des seigneurs chrétiens pour recevoir de l’aide dans la défense de son Eglise : la France et l’Espagne avaient répondu à son appel. Cependant, près d’un tiers de l’armée française rebroussa chemin lorsqu’on fit parvenir la nouvelle à Montpensier que des troubles avaient eu lieu sur le territoire napolitain et que des soldats étaient attendus pour rétablir la situation.

Sienne avait trahi sa parole auprès de Faenza et de ses alliés et s’était rangé derrière le Pape. Toute la coalition papale devait se réunir sur le territoire de la Seigneurie de Pérouse où la famille Baglioni était bien trop heureuse de pouvoir, enfin, servir son maître. Faenza, Urbino et Rimini avaient été mis au courant par les espions mantouans de la trahison siennoise, dès lors les mouvements orchestrés par les soutiens du pape ne furent pas une surprise pour les troupes fidèles à Pie III. Une partie du destin de la Romagne allait se jouer dans une gigantesque bataille rangée, il n’y aurait point de surprise, juste du sang.

L’Enfer sur Terre : la bataille de Città di Castello (Mai 1495)

Les armées s'affrontèrent au milieu de mois de mai 1495, une fois que chacun des camps ait pu se réunir et tabler sur une stratégie. Les ambassadeurs présents auprès de leurs maîtres rapportèrent que près de 50.000 hommes et 70 bombardes se firent face près de Città di Castello, sur le territoire du Duché d’Urbino.
Du côté papal, on scinda l’armée en deux : les troupes de Sienne, de Gilbert de Montpensier et de Gonzalve de Cordoue se chargeraient d’affronter l’impressionnante armée de Faenza, dirigée par Catherine Sforza (sur le côté ouest), tandis que les forces conjointes des Etats pontificaux et de Pérouse s’occuperaient des hommes de Rimini et d’Urbino (sur le côté est).

L’affrontement commença par un bombardement intensif des premières lignes ennemies. Sur le côté est, l’importante artillerie du duc Guidobaldo 1er di Montefeltro faisait mal aux soldats pontificaux, d’autant plus que Gian Paolo Baglioni semblait avoir oublier de faire emmener l’artillerie pérousienne. En conséquence, Cesare Borgia, le capitaine général des armées pontificales, ordonna à ses hommes de charger les lignes adverses. Urbino, renforcé par l’arrivée des mercenaires génois engagés par Faenza, tint le choc un long moment. Cependant, le temps avançant, la solide ligne défensive mise en place par Urbino et Rimini fut mise à mal par l’enfoncement en règles des innombrables mercenaires suisses qu’avaient recruté le Pape et Pérouse. Les troupes de Rimini, bien que valeureuses, ne purent tenir l’impact suisse bien longtemps, l’inexpérience de ces hommes qui n’avaient jamais connu la guerre se fit durement ressentir. Guidobaldo 1er ordonna bien à ses trois-cents lances de tenter une contre-offensive en passant par les bois proches de la bataille, mais rien n’y fit, les forces papales prirent largement le dessus. La mort dans l’âme, le duc ordonna la retraite, conscient que la guerre se jouerait maintenant à l’intérieur de ses terres et de celles de Rimini.

La véritable lutte se jouait principalement sur le front ouest. La réputation de l’armée de Faenza n’était plus à faire, mais elle était dans un tel sous-nombre que l’hypothèse d’une victoire était très audacieuse. Contre les 10.000 Faentins, la coalition papale opposait plus de 15.000 hommes, dont les expérimentés soldats français et espagnols et le condottiere Bartolomeo d’Alviano (alias le « saccageur de Padoue »). Ici la lutte dura plus de cinq heures, les troupes de Faenza se battant encore alors qu’Urbino et Rimini avaient déjà fui. Le génie militaire de la Lionne de Forli ne put rien face à l’implacabilité des troupes rompues au combat qu’elle avait en face. Consciente de la déconfiture du flanc est, Sforza ordonna le repli de toute son armée sur ses terres, afin de se préparer à la défense du territoire ; avec un peu de chance, les contingents impériaux seraient déjà arrivés. La coalition papale avait vaincu au prix de pertes monstrueuses : 6.000 morts de son côté, contre 8.500 du côté de l’Anti-pape. L’armée siennoise se lança à la poursuite des troupes de Faenza, Petrucci voulait enfoncer le clou une bonne fois pour toutes avant de voir les troupes impériales venir à la rescousse de ses ennemis.

Les troupes du Pape et de Pérouse fondirent sur les territoires de Rimini et d’Urbino, mettant le siège sur les deux capitales. Dans l’Adriatique, la flotte vénitienne s’occupa de ravager les ports des deux Etats, y mettant en place un blocus destiné à empêcher tout renfort extérieur. Les destins du duc d’Urbino et de son Anti-pape Pie III étaient entre les mains d’Alexandre VI et de ses suppôts, en tout cas, tant que Faenza et les Impériaux n’arriveraient à la rescousse.

Le dernier affrontement de ce milieu d’année 1495 eut lieu sur le territoire de Faenza, l’armée siennoise ayant fini par rattraper les troupes de Catherine Sforza. L’affrontement allait avoir lieu dans un endroit qui avait fait sa légende, sa propre ville : Forli.

Petrucci contre Sforza, l’affrontement des glorieux : la bataille de Forli (Juin 1495)

Arrivées à Forli, les troupes de Sforza comprirent qu’ils ne pourraient aller plus loin avec les forces siennoises à leur trousse. Dès lors, la générale harangua ses hommes afin de se préparer à se battre sur des terres qu’ils connaissaient à la perfection. L’intégrité du territoire était menacé, il fallait repousser ces « chiens galleux envoyés par le Démon » si l’on ne voulait pas finir comme les Bolonais après leur annexion par le Pape.

Les 6.000 soldats siennois attaquèrent sans tarder les positions retranchées faentiennes. La bataille fut brève mais indécise, toutefois les troupes de Sforza prirent finalement l’ascendant, leur connaissance du terrain faisant la différence. Le commandant mandaté par Petrucci comprit qu’ils ne vaincraient pas aujourd’hui et il ordonna le repli vers la ville de Cesena, sur le territoire pontifical, afin de ne pas s’exposer à des pertes stupides et non-nécessaires : 4.000 morts étaient déjà bien assez pour aujourd’hui, surtout quand le général siennois apprit que d'Alviano avait succombé. Le Duché de Faenza pourrait goûter à un peu de repos avant de reprendre la lutte. Le reste de l’armée victorieuse de Sforza repartit vers Faenza, où l'attendaient Astorre Manfredi, son conseil de régence et le général impérial Sigismond d’Autriche qui était finalement arrivé avec ses hommes. Une réunion fut organisée afin d'envisager la suite des opérations : la Guerre des deux Papes était loin d’être finie.  

Au sud de l'Italie :

Sur le territoire français, de nombreux groupes d’insurgés émergèrent un peu partout, se réclamant comme les « fils d’Archimède ». Ces derniers, financés par des capitaux inconnus, se revendiquant anti-français, se rebellèrent contre la présence française sur les territoires de l’ancien roi aragonais. Attentats, assassinats, renversements des gouverneurs français mis en place par Robert de Balzac, les fils d’Archimède s’efforcèrent de préparer le terrain à une révolte générale.

En réponse, le vice-roi de Naples fit rappeler une partie des troupes envoyées auprès du Saint-Père pour aller mater les insurgés, mais même avec l’appui de ces nouveaux soldats, les Français eurent du mal à calmer les ardeurs de ces rebelles. En conséquences, certaines zones du territoire napolitain passèrent aux mains des insurgés, le plus symbolique étant la prise de Syracuse.

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeLun 11 Fév - 13:23

Echanges diplomatiques entre août 1495 et août 1496 :

La Savoie annonce envoyer un ost au roi des Romains:

Reddition de Ferrare:

Annonce de la reddition de Venise et de l'arrivée de renforts dans chaque camp:

Annonce de la reddition de Rimini, qui s’avérera finalement feinte:

TOUR 7 - AOÛT 1496


Avènements des Princes - Récapitulatif  Imaget14
Le sort de cette guerre fut décidé lors de la bataille d’Arezzo

Carte:


Au nord de l'Italie :

Dès le mois de septembre 1495, Maximilien s’enquerra du sort de Venise. Décidé à faire payer sa traîtrise à la Sérénissime, il fit envoyer une force armée pour frapper le cœur de la République. Les Impériaux pénétrèrent aisément dans la lagune, Venise étant, il faut l’avouer, complètement dégarnie depuis que ses troupes étaient retenues captives sur les terres du duc de Ferrare. Celui-ci, désireux de faire pardonner son soutien à Alexandre VI, se montra fortement zélé dans sa fonction de geôlier des armées vénitiennes. Le général du Saint-Empire délivra au doge Agostino Barbarigo les demandes du roi des Romains : cessez-le-feu de deux ans et laisser-passer pour les troupes impériales, levée du blocus opéré sur les côtes de Rimini et d’Urbino, compensation financière pour les pertes subies par les troupes impériales envoyées au secours de la coalition antipapale et cession de certaines terres occidentales (dont la ville de Bergame) aux sujets du Saint-Empire. En contrepartie, le futur empereur des Romains s’engageait à restituer ses troupes prisonnières à Venise et à préserver l’intégrité territoriale de la République. Contraints et forcés, Agostino Barbarigo et le Grand Conseil acceptèrent les exigences de Maximilien pour éviter que la ville ne soit mise à feu et à sang par des lansquenets qui avaient soif de vengeance.

Venise quitta donc la coalition papale, humiliée et défaite. Cet énième raté d’Agostino Barbarigo, doge depuis presque neuf ans, sonna le glas de ses espérances. Dès que les Impériaux eurent quitté la lagune, le Grand Conseil ordonna qu’on jugeât ses actions qui avaient, selon les Anciens, « contribué à ternir la puissance et le rayonnement de l’éternelle République ». À l’instar de Marino Faliero, jugé et condamné un siècle et demi auparavant, Barbarigo fut reconnu coupable d’une incompétence criminelle qui fut proche de pousser la Sérénissime vers l’abime. En conséquence, le Grand Conseil ordonna qu’il fût exilé loin de Venise ; ses biens furent saisis pour rembourser les sommes énormes qu’avaient dépensé, à perte, la République sous son dogat. Dès octobre, un nouveau doge fut élu pour faire oublier les errances récentes : Leonardo Loredano.


Au centre de l'Italie :

La Guerre des deux Papes faisait rage lorsque les Duchés de Savoie et de Milan répondirent à l’appel du roi des Romains. De plus ou moins bonne grâce, les deux potentats envoyèrent leurs osts afin d’aider les forces antipapales dans la guerre qui les opposait aux fidèles d’Alexandre VI. Les premiers combats avaient laissé deux enseignements : la grande victoire de la coalition papale lors de la bataille de Città di Castello démontra, s’il fallait en douter, la grande puissance des armées pontificale, pérugine et siennoise. Ce succès avait conduit à l’occupation des territoires de Rimini et, surtout, d’Urbino où se trouvait Pie III, l’Antipape soutenu par le Saint-Empire, Faenza et consorts. La deuxième conclusion que les chroniqueurs tirèrent des affrontements périphériques, tous remportés par les troupes antipapales, fut que les autres alliés du Pape n’étaient pas du tout au niveau.

Globalement, à la fin d’août 1495, la balance semblait toute de même pencher légèrement du côté du Pape. Cependant, la nouvelle des redditions du Duché de Ferrare et de la République de Venise, adjointes à l’arrivée de nombreux renforts vers Faenza, était prompt à contrarier les certitudes pontificales. Si l’équilibre des forces restait foncièrement le même, devins étaient les observateurs pouvant prédire qui l’emporterait dans cette lutte à mort ; toutefois s’il y avait bien une chose que ces derniers avaient appris au fur et à mesure des jeux de pouvoir en Italie, c’était que les princes italiens demeuraient les créatures les plus imprévisibles qu’on puisse trouver. Une nouvelle fois, ils allaient être nombreux à donner raison à cet adage.

La tentative de sortie des troupes d’Urbino, la mort d’un héros (Septembre 1495)

A Urbino, la situation n’était pas loin d’être insoluble. En effet, Guidobaldo 1er di Montefeltro, en déclarant renier Alexandre VI et en érigeant comme pape légitime son propre évêque, avait mis sur le tapis la survie de son propre Etat. La grande bataille de Città di Castello ayant tourné en la faveur des forces papales, le duc et ses sujets se retrouvèrent assiégés par l'armée pontificale de Cesare Borgia dans la forteresse d’Urbino. Attendant d’hypothétiques renforts, les habitants de la cité furent mis au courant par leurs assiégeants que Rimini avait cédé et rejoint le camp d’Alexandre VI. Celui-ci, se voulant miséricordieux, avait envoyé une proposition au duc : il lui fallait livrer l’évêque renégat et rejoindre le camp papal, contre quoi tout serait pardonné. Guidobaldo prit le temps de la réflexion ; il savait très bien que de son choix dépendait la vie ou la mort de milliers de ses sujets. Cependant, en homme d’honneur, il fit parvenir une réponse lacunaire au gonfalonier de l’Eglise : « Nous avons contribué à l’émergence d’un homme digne, dans ses actes comme dans ses paroles, d’être Pape. Nous renier serait un parjure infâme. Voilà donc notre réponse : le champ de bataille nous dira quelle Eglise est dans le vrai. »

A la réception de cette missive, Cesare Borgia sourit. Il savait qu’il ne faudrait plus beaucoup de temps avant que la forteresse ne cède et que les rêves des alliés romagnols ne s’envolent. Ce qu’il ignorait, c’était que le duc d’Urbino avait une autre idée derrière la tête que celle d’attendre la mort patiemment : il voulait sauver, coûte que coûte, la vie de Pie III.  Si Alexandre VI parvenait à l’abattre, il ne se gênerait pas pour ériger sa mort comme la preuve de l'impiété des prétentions coalisées. Il était certain qu’aux yeux des fidèles, cela serait un signe de la providence démontrant la légitimité d’Alexandre VI à occuper le trône de Saint-Pierre. Guidobaldo conçut alors le plan suivant : il tenterait avec ce qui lui restait d’hommes et de mercenaires de faire une percée au travers des lignes pontificales afin de briser le siège suffisamment de temps pour permettre à une escorte d’emmener l’Antipape auprès des troupes qui se réunissaient sur le territoire de Faenza. Le duc d’Urbino, lucide sur les réussites de son stratagème, prit les dispositions pour que son neveu, François-Marie della Rovere, tout juste âgé de six ans, lui succéda s’il venait à lui arriver malheur.

Il lui fallait attendre le moment opportun pour lancer son entreprise, et celui-ci vint au début du mois de septembre 1495 quand on entendit des tocsins sonner à l’ouest. Un étendard jusque-là jamais vu dans la métropole apparut au loin : Raguse, débarquant plus à l’ouest, venait en aide aux assiégés. Les troupes étaient à vue d’œil peu nombreuses, mais elles étaient suffisantes pour attirer le regard de Cesare Borgia. Celui-ci, sûrement trop confiant, ordonna à une partie de ses hommes de se porter à la rencontre des Ragusains pour écraser ces insolents qui pensaient pouvoir rompre le siège. Le duc d’Urbino, conscient qu’il n’aurait pas de moment plus propice, ordonna à tous ses hommes, 3500 en tout, de sortir en hâte de la forteresse et d’attaquer l’endroit où les troupes pontificales étaient le moins en nombre. Ce baroud d’honneur incroyable surprit totalement les assiégeants qui n’auraient jamais pensé que Guidobaldo eut tenté pareille folie. Le combat s’engagea avec force, les soldats d’Urbino se battant comme des damnés pour la survie de leur patrie. Au bout d’un moment, ils parvinrent à percer une brèche dans la formation adverse et l’escorte de Pie III s’engouffra dedans sans attendre. On leur avait attribué les meilleurs chevaux et ils réussirent à semer les cavaliers qui tentèrent de les poursuivre. Cesare Borgia avait compris ce qui venait de se passer sous ses yeux et, fou de rage, il ordonna à toute ses lances de se lancer sur les hommes qui avaient profité de son inattention pour percer une faille. Le combat désespéré prit fin avec la mort de Guidobaldo 1er di Montefeltro, tombé l’épée à la main. Le mauvais tour qu’avait joué Urbino aux Borgia lui avait coûté cher : 3000 hommes avaient péri pour permettre la fuite de Pie III. Les soldats encore en vie sonnèrent la retraite, emportant le corps sans vie de leur défunt duc à l’intérieur de la cité. Les Ragusains avaient également fui, repartant vers leurs navires pour se rendre plus au nord à la rencontre des coalisés.

Guidobaldo était mort comme un héros et ses citoyens le pleurèrent. Fort de cet exemple de bravoure, ils résistèrent aux assauts des troupes pontificales qui suivirent ce camouflet terrible pour le fils du Pape. Le sacrifice héroïque du duc d’Urbino n’avait pas sonné le glas de l’espoir des assiégés, au contraire il leur avait permis de se battre en attendant des secours qui se rapprochaient. Les forces antipapales étaient en vue : la bataille finale allait commencer.

Le tournant décisif de la Guerre des deux Papes : la bataille d’Arezzo (Octobre 1495)

Le commandant général des forces papales ordonna le rassemblement de toutes les troupes. En plus de ses 7000 hommes, il put compter sur les forces de Pérouse, l’armée de Gilbert de Montpensier et les renforts tout frais envoyés par l’Espagne : Gonzalve de Cordoue ayant près de 6.500 hommes sous ses ordres. Il put aussi voir que Pandolfo Malatesta avait tenu parole et envoyé, même si elle se fit attendre, son armée. Mais il se rendit compte que quelqu’un manquait lorsque son aide de camp accourra : « Mon seigneur ! Nos éclaireurs ont repéré des mouvements de troupes à Cesena : les Siennois sont repartis chez eux ! ». Cesare Borgia ne pouvait y croire : « Petrucci, cette putain ! Ce tas de fiente ! Ce coprolithe ! Cette face de latrine ! ». La fureur du fils d’Alexandre VI fut prodigieuse, tant cette trahison siennoise était catastrophique pour son camp. Il ne savait pas que le Prieur de Sienne avait reçu, quelques semaines plus tôt, l’émissaire personnel du duc de Faenza, Nicolas Machiavel. Ce dernier lui avait transmis la proposition fort généreuse de son maître. Petrucci, sentant que le vent était en train de tourner, décida qu’il n’était plus dans l’intérêt de Sienne de se mêler à cette lutte pieuse. Celui qui avait été la tête pensante des actions de la coalition papale l’abandonna comme le parieur abandonne le champion qui ne l’inspire plus. La question papale ? Ce n’était plus le problème de Sienne.

C’était sûrement pour cela que la générale de Faenza, Catherine Sforza, avançait si sûre d’elle à la tête des troupes de la coalition. Les troupes impériales étaient arrivées, tout comme celles de Milan, de la Savoie, de Raguse et de Mantoue. Il était indéniable que l’artillerie était à l’avantage des forces antipapales : les industries faentines n’ayant pas chômé durant les quelques semaines qui précédèrent l’affrontement. Les deux armées se firent face près de la ville d’Arezzo, en Toscane. Les chroniqueurs rapportèrent que près de 50.000 hommes se firent face ce jour-là, avec une quasi égalité de chaque côté. Le combat s’engagea le 18 octobre 1495 à dix heures, la chrétienté allait connaître avec certitude le nom du Vicaire du Christ après cette bataille.

La lutte fut sanglante, chacun des camps se rendant coup pour coup. Les joutes les plus fabuleuses eurent lieu entre les propres hommes de Borgia et ceux de Faenza, qui étaient largement les meilleurs combattants sur le champ de bataille. Français et Espagnols se battaient main dans la main contre les Impériaux, pendant que les vassaux de Maximilien affrontaient les troupes romagnoles, tout cela se déroulant sous le tonnerre assourdissant des bombardes. L’affrontement était très serré, jusqu’au moment où un coup de poignard frappa les forces des Borgia : au cœur de la bataille, les forces de Rimini, en réponse à un coup de tocsin prévu au préalable, se retournèrent subitement, faisant face aux soldats pérugins au côté desquels ils luttaient jusque-là. Malatesta avait trahi lui aussi. Il avait feint son ralliement à Alexandre VI pour pouvoir le frapper au pire des moments. L’organisation pontificale vola totalement en éclat en même temps que le flanc droit se désagrégeait face à ce soudain surnombre des ennemis. Cesare Borgia hurla bien des ordres pour tenter de remédier à cette situation intenable, mais rien n’y fit : la Fortune avait définitivement choisi son vainqueur. Les forces papales se débandèrent complètement, le triomphe des Antipapaux était total. On s’empressa d’envoyer des troupes à Urbino pour libérer la cité.

Les conséquences de cette défaite pour le camp d’Alexandre VI furent nombreuses. Bientôt, Cesena, Bologne, Ancône, Spolète et les territoires pontificaux de Romagne passèrent sous le contrôle des forces de Pie III. Pérouse fut écrasée en à peine un mois, les Baglioni semblant totalement tétanisés devant l’ampleur de la menace. Les troupes de Cesare Borgia et des grandes puissances catholiques qui avaient soutenu son père se replièrent aux alentours de Rome, attendant avec fatalité l’avancée inexorable des forces de Pie III. Ces derniers, sublimés par l’enchaînement des victoires, se rapprochèrent rapidement de Rome. Au mois de février 1496, la Cité éternelle fut en vue, en même temps que la fin du tyran.


Le siège de Rome : la fin d’Alexandre VI (Mars 1496)

Rome fut assiégée au début du mois de mars 1496. Sa garnison était décimée suite aux nombreuses défaites qui s'étaient succédées après la bataille d’Arezzo. Le Pape et son fils avaient pleinement conscience que plus rien n’y ferait : le temps des Borgia était révolu. Les coalisés envoyèrent des messagers pour demander la reddition des assiégés mais ne reçurent pas de réponses pendant les deux premières semaines de siège.

Réfugiés au château Saint-Ange, l'hydre à deux têtes se mit d’accord sur ce qui allait advenir : Alexandre VI avait accepté l’idée qu’il ne survivrait pas à cette défaite. Plutôt que de se laisser prendre vivant et servir de trophée aux vainqueurs, il préféra se donner la mort. Attablé avec ses enfants, il but le vin que lui servit Cesare et s’affala pour ne plus jamais se relever. Aussitôt sa mort actée, le gonfalonier de l’Eglise envoya un message à Catherine Sforza dans lequel il énonçait que ses hommes et lui-même acceptaient de se rendre à la condition qu’aucun mal ne soit fait aux soldats et aux citoyens. Ce fut accepté. Les forces antipapales entrèrent triomphalement dans la Ville avec dans l'escorte de tête Catherine Sforza, le jeune duc Astorre Manfredi, François II de Mantoue, le chevalier Bayard et les deux généraux impériaux. Le gonfalonier de l’Eglise remit son épée aux vainqueurs et fit constater la mort de son père. Il demanda l’autorisation de se joindre aux forces de Gonzalve de Cordoue afin de rentrer sur les terres originelles de sa famille, dans le duché de Gandie. Dans la liesse suivant le triomphe, on accepta cette requête sans se soucier des répercussions qu'elle pourrait avoir dans l’avenir. Les troupes de Gonzalve de Cordoue embarquèrent pour l'Espagne, l'armée de Montpensier repartit vers Naples ; Rome appartenait maintenant à ceux qu'on avait jusque-là appelé "les Antipapaux".

En avril, Giampietro Arrivabene fit son entrée à Rome. Le conclave, bien conscient qu’il ne pouvait s’opposer au nouvel ordre, le fit couronné pape à une quasi-unanimité. Le rêve imaginé par Faenza et Urbino avait été exaucé : Alexandre VI n’était plus et leur Pape lui avait succédé. Il ne faisait plus aucun doute que les Etats pontificaux allaient redevenir ce qu’ils n’avaient jamais cessé d’être avant l’avènement de Rodrigo Borgia : un simple pouvoir spirituel. A présent, les Princes allaient pouvoir se disputer l'Italie sans se soucier de Rome.


Au sud de l'Italie :

Du côté de la Sicile, l’insurrection initiée par les fils d’Archimède ne cessa de se propager. Bien aidés initialement par des financements étrangers, les rebelles continuèrent leur travail de sape et ils virent bientôt, avec un temps de retard, le duc de Palerme Ferdinand d’Aragon se réveiller. L’occasion était bien trop belle pour lui.
Tout à fait conscient qu’il aurait dû se montrer plus prompt au début de ce soulèvement populaire, l’ancien roi de Naples envoya le condottiere Giovanni della Rovere à Reggio, en Calabre, pour préparer sa reconquête. Le mercenaire prit la ville aisément, aidé par des insurgés bien trop heureux de voir de vrais militaires venir à leur secours. Parallèlement à ce débarquement calabrais, Ferdinand ordonna en Sicile à ses troupes de se mettre en marche en direction de Messine. Face au manque de résistance de maigres garnisons laissées à elles-mêmes, l’entreprise fut facile pour ces hommes expérimentés. Syracuse, déjà aux mains des insurgés depuis le milieu de l’année, ouvra ses portes aux forces palermitaines et Ferdinand y fit une entrée triomphale. A la fin du mois de novembre 1495, toute la Sicile était tombée dans l'escarcelle de l'Aragonais.

Evidemment, Robert de Balzac, vice-roi de Naples, fut mis rapidement au courant des agissements du seigneur de Palerme. Toutefois, les troupes françaises laissées sur place par Charles VIII étaient trop insuffisantes pour pouvoir contrecarrer efficacement les plans de Ferdinand. De plus, avec l’envoi en Romagne d’un détachement important commandé par Gilbert de Montpensier pour aider Alexandre VI dans la Guerre des deux Papes, l’armée française se retrouva dans l’impossibilité de faire quoique ce soit face aux agissements aragonais dans des territoires septentrionaux qui leur étaient durs d’accès. Néanmoins, peu enclin à se laisser abattre, le vice-roi ordonna qu’on envoya toutes les forces disponibles à la frontière calabraise pour stopper la marche conjointe des insurgés et des troupes de Palerme.

Durant la première moitié de l’année 1496, la progression fut bien plus lente pour Ferdinand. Son armée occupait la moitié de la Calabre, mais les troupes françaises avaient stoppé son avancée en fortifiant de nombreuses zones autour de la région. L’arrivée de renforts gascons engagés par de Balzac participa grandement à briser l’élan des fils d’Archimède. Même si de nouveaux foyers de contestations commencèrent à s’élever en Campanie ou dans les Pouilles, l’effet de surprise était passé, et cette Riconquista, comme l’appela Ferdinand d’Aragon dans son discours de libérateur à Messine, se mit à ressembler de plus en plus à une guerre de position. Le chemin vers Naples paraissait encore bien long pour le duc de Palerme, mais cela faisait longtemps qu’il n’avait plus été si proche de son ancien trône.

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 20 Fév - 11:40

Guerre des deux Papes (1495-1496)


INFORMATIONS GÉNÉRALES
Date : Janvier 1495 à Mars 1496 (1 an et 2 mois)

Lieu : Italie

Casus belli : Annexion de Florence par le Duché de Faenza. Proclamation de Giampietro Arrivabene comme Pape légitime de l'Eglise par Urbino.

Issue : Victoire des forces antipapales, couronnement de Pie III comme Souverain Pontife. Alexandre VI se suicide. Le Royaume de Romagne est proclamé.
BELLIGÉRANTS

Etats pontificaux                                                                           
République de Sienne
République de Venise
Duché de Ferrare
Seigneurie de Pérouse
Royaume de France
Royaume d'Espagne
Duché de Faenza                                                                                
Duché d'Urbino
Seigneurie de Rimini
Duché de Savoie
Duché de Milan
République de Raguse
Saint-Empire

COMMANDANTS

Alexandre VI                                                                      
Cesare Borgia
Pandolfo Petrucci
Agostino Barbarigo
Hercule 1er d'Este
Gian Paolo Baglioni
Gilbert de Montpensier
Gonzalve de Cordoue
Astorre Manfredi
Catherine Sforza
Guidobaldo 1er di Montefeltro
Pandolfo Malatesta
François II de Mantoue                                                                       
Pierre Terrail de Bayard
Albert III de Saxe
Sigismond d'Autriche

FORCES EN PRÉSENCE

- 9.000 soldats pontificaux(dont 3.000 mercenaires) et 9 pièces d'artillerie                                  
- 10.500 soldats siennois (dont 3.500 mercenaires) et 6 pièces d'artillerie
- 9.500 soldats vénitiens (dont 7.000 mercenaires) et 15 pièces d'artillerie
- 2.500 soldats ferrarais et 12 pièces d'artillerie
- 7.000 soldats pérugins (dont 2.000 mercenaires)
- 5.000 soldats français et 18 pièces d'artillerie
- 7.000 soldats espagnols

Total : 50.500 soldats et 60 pièces d'artillerie
- 14.500 soldats faentins (dont 2.500 mercenaires)
et 24 pièces d'artillerie
- 6.500 soldats urbinates (dont 2.000 mercenaires)
et 18 pièces d'artillerie
- 4.000 soldats riminesques et 9 pièces d'artillerie
- 5.500 soldats mantouans (dont 3.000 mercenaires)
et 6 pièces d'artillerie
- 1.500 soldats milanais et 6 pièces d'artillerie
- 4.500 soldats savoyards et 6 pièces d'artillerie
- 2.000 soldats ragusiens et 6 pièces d'artillerie
- 12.000 soldats impériaux et 18 pièces d'artillerie
Total : 50.500 soldats et 93 pièces d'artillerie

PERTES

31.000 hommes et 21 pièces d'artillerie                                              33.500 hommes et 27 pièces d'artillerie                         
  

BATAILLES
Trente / Stellata / Città di Castello / Forli / Siège d'Urbino / Arezzo / Siège de Rome                           
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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 24 Avr - 16:48

Echanges diplomatiques d'intérêt entre août 1496 et février 1497 :

Annonce du recrutement de César Borgia par la République de Sienne:

Annonce de la création du Royaume de Romagne:

TOUR 8 - FÉVRIER 1497


Avènements des Princes - Récapitulatif  Tour811
Le temps de la splendeur de Ferrare semblait devoir être un lointain souvenir

Carte:


Au nord de l'Italie :

Dans les territoires de la Ligue Lombarde, les dirigeants s’efforcèrent de renforcer leur économie alors que la région connaissait pour la deuxième année consécutive une période de paix. À Milan, à Saluces, à Mantoue mais encore plus à Turin, on vit de gros investissements pour multiplier les moyens de production. La Régente de Savoie s’attela à dynamiser les carrières de pierre, les corporations de maçonnerie, et lança des projets de rénovation urbaine dans la capitale, en continuant à construire des églises, des hôpitaux et léproseries pour les personnes les plus vulnérables.

À Venise, Leonardo Loredano s’employa à corriger les erreurs de son prédécesseur. Premièrement, il régla les dernières dettes de la Sérénissime à la Savoie – du temps de l’invasion du Duché de Milan – et s’employa à pacifier ses relations avec le Saint-Empire. Également conscient des grandes lacunes de l’armée vénitienne, il entreprit de les corriger en recrutant de nouveaux instructeurs et en faisant construire moult bombardes. En quelques mois, et bien que toujours faiblardes par rapport à leurs homologues italiennes, les troupes de Venise eurent vite fait d’avoir fière allure.

Du côté des côtes ligures, le vieux Doge, Paolo Fregoso, s’appliqua à opérer un recrutement jusque-là jamais vu du côté de Gênes. Les grandes liquidités à disposition dans les caisses de la Superbe permirent au Doge de faire des folies : plusieurs milliers d’hommes furent formés pendant la fin de l’année 1496 et, sous la supervision de l’amiral Doria, des dizaines de navires de guerre furent bâtis par les ingénieurs militaires de la République. En quelques mois, la situation militaire de Gênes s’améliora considérablement, passant de ridicule à impressionnante.

François II de Mantoue, récemment récompensé de son service lors de la Guerre des deux Papes par l’obtention du titre de duc, fit louer son armée par le duc de Palerme - celui-ci étant toujours dans l’optique de reconquérir son ancien trône napolitain. Parallèlement, vexé et mécontent des agissements de Faenza, le duc de Mantoue déposa une plainte auprès de Maximilien d’Autriche pour pouvoir trouver une solution à ce qu’on appelait « l’affaire de Vinci ». Selon lui, l’ancien ingénieur (qui fut loué au Duché de Faenza une année auparavant) était retenu contre sa volonté par Astorre Manfredi et son Conseil de régence. Il somma le futur empereur de trouver une solution à ce différend, ce à quoi le duc de Faenza répondit qu’il était prêt à trouver un arrangement pour un problème qu’il jugeait « assez ridicule ».

Enfin, les deux vassaux du roi de France, Montferrat et Saluces, répondirent à son appel en acceptant d’envoyer leurs troupes à Naples. La marine française les fit embarquer à Nice et tout ce monde – les mercenaires gascons promis par Charles VIII étant déjà sur les bateaux – prit la direction de la Campanie afin de recevoir les différentes affectations directement auprès du vice-roi Robert de Balzac. Débarquant dans le port de la grande ville du sud, seuls les soldats de Ludovic II de Saluces restèrent dans les galères : les Français avaient un autre plan pour eux.

Au centre de l'Italie :

Alors que tous les regards se portaient sur Naples où la guerre entre Français et Palermitains était sur le point de redémarrer, plusieurs potentats romagnols et le – mesquinement - célèbre Petrucci en profitèrent pour se jeter comme des vautours sur le Duché de Ferrare, qui était sans aucun doute le genre de proie dont Il Magnifico avait eu l’habitude de se délecter : une ancienne grande faction au bord de l’asphyxie.  

L’invasion de Ferrare : la bataille d’Abetone (Octobre 1496)

Sans aucun signe annonciateur – comme toujours disaient les plus tatillons chroniqueurs –, une coalition composée de Sienne, Rimini et Faenza entra sur le territoire de Ferrare. Les membres du nouveau Royaume de Romagne avaient, durant la période de paix suivant la fin de la Guerre des deux Papes, fomenté un plan pour abattre définitivement un voisin très (trop ?) amoindri par les différents échecs qu’il avait subi lors des dernières années. Estimant qu’il fallait battre le fer tant qu’il était encore chaud, les alliés estimèrent qu’il était temps de s’emparer de Ferrare comme Astorre Manfredi s’était emparé de Florence quelques années plus tôt. Peu importaient le casus belli ou les raisons d’un dessein que tout le monde trouverait déshonorable, le crédo des Romagnols semblait devoir être : « Quand on en a les moyens, on le fait, peu importe les répercussions. ».

Il était connu de tous que l’armée de Ferrare avait la réputation d’être l’une des armées les plus faibles de toute l’Italie. Hercule d’Este entreprit d’ailleurs, après la paix signée avec Maximilien, de la réformer pour en faire une force plus combative et plus professionnelle. Il ne pouvait se douter – bien que la réputation de ses voisins aurait dû éveiller au minimum des soupçons chez lui – que le Royaume de Romagne passerait à l’attaque sans tarder. En effet, au début d’octobre 1496, une fois le plan bien ficelé, les troupes des coalisés se mirent en marche en direction du nord. Sienne devait envahir par l’ouest alors que les forces conjointes de Rimini et Faenza devaient pénétrer par l’est ; l’objectif était simple : assiéger Ferrare et faire plier pour de bon le duc d’Este. A la tête des troupes de la République siennoise se trouvait Cesare Borgia, ancien gonfalonier de l’Eglise et capitaine général des armées pontificales, qui avait été recruté très récemment par le Prieur. Peu rancunier envers l’homme qui avait contribué indirectement à la mort de son père et au délitement des intérêts de sa famille en Italie, le nouveau général en chef de l’armée siennoise ordonna de presser le pas pour se diriger vers la capitale du Duché.
Les éclaireurs ferrarais prévinrent rapidement Hercule d’Este de l'avancée de l'envahisseur. En conséquence, celui-ci fit envoyer son armée à la rencontre des Siennois, pas encore au courant qu’à l’ouest les forces romagnoles allaient pénétrer sous peu sur ses terres.

Les deux armées s’affrontèrent près de la commune d’Abetone. Loin des monstrueux affrontements qui avaient émaillé la Romagne et la Toscane peu de temps auparavant, on ne vit seulement « que » 8000 hommes s’affronter sur le champ de bataille. D’un point de vue strictement comptable, les deux armées étaient égales en tout point, que cela soit en hommes ou en artillerie. La seule, mais essentielle, différence reposait dans la qualité des troupes : l’armée siennoise était surentraînée et commandée par un général de génie, l’armée de Ferrare était … l’armée de Ferrare.

L’affrontement fut, comme on peut s’en douter, assez bref. Sienne prit le dessus aisément et le général ferrarais ordonna le repli vers la capitale, mis au courant au cours de la lutte que d’autres envahisseurs approcher de la ville. Les coalisés ne se virent opposer que peu de résistance jusqu’à Ferrare où le duc avait concentré toutes ses défenses et tous ses hommes restants. Toutes ses troupes se battirent vaillamment pour défendre leur terre, mais inexorablement le rouleau compresseur romagnol fit son œuvre : Ferrare fut assiégée à la fin du mois. Les plus fins observateurs estimèrent que la ville ne tiendrait pas plus de six mois avant de céder face aux assiégeants. Les jours de la famille d’Este semblaient arriver à leur fin.

Le couronnement de Maximilien comme Empereur des Romains (4 novembre 1496)

Comme il l’avait annoncé au cours de l’année, Maximilien de Habsbourg entreprit le voyage en Italie pour se faire sacrer à Rome. Descendant la péninsule, il se fit au cours de son voyage rejoindre par la plupart des seigneurs qui faisaient partie ou étaient vassaux du Saint-Empire. Faenza, Milan, Turin, Mantoue, Urbino et Lucques furent de la fête.

Le 4 novembre 1496, le Pape Pie III – qui savait à quel point il devait sa fonction à l’archiduc d’Autriche – posa la couronne sur la tête du fils de Frederic. Comme son père, sacré quarante-quatre ans plus tôt, Maximilien devint donc officiellement Empereur du Saint-Empire. Une fois cela fait, et après une tournée dans les terres de ses vassaux, il décida de repartir vers le nord où l’attendait de nombreuses sollicitations. La plupart des cours d’Europe s’accordaient pour dire qu’il était probablement à ce jour le plus puissant de tous les princes d’Europe. En joignant la croisade menée par les fidèles de l’ancien évêque d’Urbino, il avait tenté un coup de poker risqué qui fut finalement remporté de manière magistrale. Ses deux grands rivaux qu’étaient la France et l’Espagne se devaient de s’incliner devant son triomphe, du moins, pour l’instant.

Faenza et la folie des grandeurs : toujours plus d’argent

Outre leur fourberie à l’encontre de Ferrare, la plupart des Etats centraux polarisèrent leurs efforts sur la reconstruction et l’amélioration d’une économie qui avait tout de même pas mal souffert de la guerre. En ce sens, le Duché de Faenza s’efforça de multiplier les projets économiques afin de stimuler une région qui, malgré tout, était déjà considérée comme la plus dynamique de toute l’Italie.
Par exemple, on vit une gigantesque route commerciale, pourvue de relais, de commerces et de vignobles, être mise en place conjointement avec le Duché d’Urbino. De manière plus spectaculaire, l’entreprise la plus grandiose fut celle qui fut imaginée avec le concours de Sienne. En effet, Petrucci et le Conseil de Régence de Faenza se mirent d’accord pour former un monumental axe économique entre les grandes manufactures de Faenza et le port de Sienne. Après des mois de travaux acharnés pour permettre à cette idée de voir le jour, la théorie devint réalité. Cette abondance de richesses poussa certains des sujets faentins à se demander si la rumeur selon laquelle le duc Astorre chier de l'or était vraie.

Au sud de l'Italie :

Profitant de l’opportunité que lui offraient les Fils d’Archimède, Ferdinand semblait revigoré par la progression territoriale opérée durant le début d’année. En effet, il avait pu s'emparer de la Sicile et d'une partie de la Calabre grâce aux multiples fronts que les Français avaient à gérer un peu partout sur leur territoire. Comprenant que la possibilité de reconquérir son ancien trône de Naples était réelle, le duc de Palerme s’empressa de multiplier ses tractations diplomatiques afin d’obtenir le soutien militaire des puissances centrales. Il déboursa des sommes d’argent faramineuses afin de les recruter comme mercenaires et d'abattre les troupes françaises au plus vite. Son dernier mouvement, prouvant d’autant plus sa hâte de retrouver ses anciennes possessions, fut d’accepter de se vassaliser auprès des Rois catholiques en échange d’un financement lui permettant de subventionner son hâtif dessein. De son côté, le roi de France s’occupa d’envoyer des mercenaires gascons et les osts de ses vassaux afin de prêter secours à un Robert de Balzac bien isolé. Ce dernier, dans son empressement, accepta même la proposition du duc d'Urbino d'engager ses troupes pour défendre la cité napolitaine. Il ne savait pas encore que, ce faisant, il avait permis au loup d'entrer dans la bergerie.

La ruée vers Naples : la bataille de Cosenza (Octobre 1496)

Après être parvenu à recruter les troupes de Faenza et de Mantoue, Ferdinand d'Aragon statua que la meilleure chose à faire était d'acculer les Français en les faisant se battre sur deux fronts, prenant exemple d'une certaine manière sur la tactique des rebelles qui n'avaient cessé de rendre chèvres les troupes françaises en les harcelant constamment partout sur le territoire. Alors que les mercenaires attaqueraient au nord, lui s'occuperait d'agresser les Français au sud. Conscient des plans palermitains, le vice-roi de Naples ordonna aux mercenaires gascons, aux troupes de Montferrat et aux troupes d'Urbino d'aller affronter les mercenaires à la solde de Palerme au nord pendant que lui et tout ce qui restait de l'armée française irait se battre contre l'armée de Ferdinand.

Le général français et le duc de Palerme s'affrontèrent à Cosenza, ville stratégique au nord de la Calabre. Si les armées se valaient en terme d'expérience, et bien que la France avait un léger avantage en ce qui concernait l'artillerie, le nombre d'hommes était quand même nettement en la faveur de Palerme. La bataille fut acharnée et meurtrière, mais au bout de la lutte, Ferdinand décrocha la victoire et la Calabre avec. Près de 3000 soldats moururent ce jour-là, mais aux yeux du duc de Palerme, cela valait largement le coup : la route du sud vers la Campanie était ouverte. Les soldats français, quant à eux, s'étaient rapidement replier vers Naples.

L’affrontement des mercenaires : la bataille de l’Aquila (Novembre 1496)

Aux yeux de tous, le véritable affrontement n'aurait pas lieu entre les deux armées nationales, mais bien entre les mercenaires recrutés par les deux belligérants. Malgré la redoutable armée de Faenza, l'avantage semblait sur le papier quand même légèrement penché du côté français. On dénombrait pas moins de 11000 hommes du côté français contre 9500 du côté de Palerme. Quoiqu'il arrive, la lutte serait âpre.

La bataille se déroula dans les alentours de la grande ville d'Aquila. Les féroces Gascons aux ordres de Montpensier et les forces du Marquis de Montferrat occupaient toute la partie gauche et centrale de la ligne française tandis qu'Urbino siégeait sur le flanc droit directement en face à face avec les troupes de François II de Mantoue. Pendant une heure, le combat fut indécis et d'une étrange asymétrie. Là où Faenza, les Gascons et Montferrat se tailladaient comme des morts de faim, Mantoue et Urbino semblaient englués dans une guerre de position non-coutumière des affrontements de ce temps. Tout à coup, le tocsin retentit et le larcin fut dévoilé : l'armée urbinate montra à qui allait sa véritable allégeance en chargeant violemment la ligne gasconne. Ainsi, le duc d'Urbino avait volontairement proposé ses services au roi de France pour le trahir sans aucun hésitation à la première escarmouche. Il ne savait pas encore que sa trahison serait férocement punie, mais en attendant, sa perfidie porta ses fruits : les troupes françaises sonnèrent la retraite en direction de Naples. L'Aquila et la région toute entière étaient aux mains de Palerme.

Dans le camp français, certaines voix s'élevèrent pour maudire les plans du vice-roi de Naples. La victoire eut été possible si les forces de Ludovic II de Saluces avaient été là. Pourquoi ne pas les faire débarquer comme toutes les autres ? L'interrogation générale trouva sa réponse dans les nouvelles qu'on leur rapporta une fois arrivés à Naples.

Le coup de poignard dans le dos : le siège de Palerme (Décembre 1496)

En effet, Ferdinand n'avait pas été le seul à prendre exemple des méthodes employées par les Fils d'Archimède. Balzac avait anticipé la possibilité de se retrouver sous un feu croisé, et en avait informé les généraux de Montferrat et de Saluces. Il fut convenu que les troupes d'élite de Saluces seraient envoyées à Palerme pour prendre d'assaut la capitale sicilienne et priver ainsi le duc de ses renforts et de ses ressources.

Escortée par la flotte française, l'armée de Ludovic II débarqua sur la côté nord de la Sicile et fondit sans attendre sur la cité sans défense. La ville fut prise et le carnage fut total. Les hommes de Saluces s'emparèrent en même temps de la famille ducale. Le plan avait fonctionné. Ferdinand avait remporté deux belles batailles, mais sa capitale et sa famille étaient aux mains de l'ennemi.

La flotte française ne traîna pas aux alentours de la Sicile et, obéissant aux ordres de Charles VIII, prit la direction de l'Adriatique. Les navires français mirent en place un blocus gigantesque de toute la côte d'Urbino. L'amiral français, suivant les instructions très claires de son roi, ordonna également qu'on mit en place des machines de siège et autres bombardes sur des bâtiments de guerre expressément prévus à cet effet. Le pilonnage en règles d'Urbino allait pouvoir commencer.

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 24 Avr - 16:57

Echanges diplomatiques d'intérêt entre février 1497 et août 1497 :

Annonce du rattachement de la Savoie à la Ligue Lombarde:

Annonce de la remise entre les mains du roi de France de la famille ducale de Palerme:

En réponse aux menaces de la Ligue Lombarde quant à l'annexion par le Royaume de Romagne de Ferrare, Astorre Manfredi a déclaré:

Annonce implicite du choix de Maximilien de protéger le Royaume de Romagne face à quiconque:

Annonce de la paix entre la France et le Duché de Palerme, devenu Duché des Deux-Siciles:

TOUR 9 - AOÛT 1497


Avènements des Princes - Récapitulatif  Imaget15
Les offensives d’ampleur annoncées n’ont finalement accouché que d’une seule bataille d'importance à Spolète

Carte:

Au nord de l'Italie :

L'heure était à la guerre ! Ce crédo se fit largement sentir dans le nord de l’Italie : tous les grands potentats s’attelèrent à renforcer leurs troupes, au dépend d’une économie mise de côté. L’affrontement attendu face au Royaume de Romagne était dans toutes les têtes.

Du côté de Venise, la récente prise en main du nouveau doge continua à insuffler un vent nouveau au sein de la République. Depuis sa prise de fonction, on vit l’armée vénitienne prendre un tout autre visage : professionnelle et de plus en plus fournie. De la même manière, les chantiers navals de la lagune entreprirent de renforcer la flotte, déjà puissante, de la Sérénissime. On vit d’ailleurs cette flotte rapidement rejoindre le blocus d’Urbino mis en place par la marine française.

A Mantoue, on fut surpris d’apprendre la capitulation sans condition du duc de Ferrare, Hercule 1er d’Este qui abandonna toutes ses prétentions sur son duché. Il abdiqua et permit à ses envahisseurs de se repaître de ses terres, en échange de quoi on lui autorisa à léguer la ville de Ferrare et ses environs à Béatrice d’Este, épouse de François II de Mantoue. L'ancienne place forte de la famille d'Este, connue essentiellement ces dernières années pour ses jongleurs de grand talent, revint donc à Mantoue, qui s’efforça durant ces six mois à fortifier les positions défensives du duché.

A Milan, Ludovic Sforza, ne lésina pas sur les moyens pour affirmer sa position dominante en matière militaire dans le nord de la péninsule. Amélioration constante du matériel, mise en place de nouvelles formes d’entraînement innovantes et recrutement massif de jeunes volontaires dans les forces militaires contribuèrent à renforcer l’hégémonie milanaise en la matière. Il fit venir d’Allemagne un régiment de lansquenets, payé à grand frais, qu’il envoya directement sous les ordres de ses amis de la Ligue Lombarde. Pour le reste, le mot d’ordre du Duché fut le suivant : défense du territoire et stationnement des forces à la frontière pour éviter toute intrusion.

En Savoie, on obéit consciencieusement à la ligne directrice mise en place par les membres les plus respectés de la Ligue Lombarde. La Régente Blanche de Montferrat recruta donc un régiment de mercenaires autrichiens qu’elle mit sous les ordres du célèbre général de Bayard. L’armée savoyarde, ainsi renforcée, fut envoyée du côté de Gênes où elle embarqua sur les navires de la surpuissante flotte de la Superbe en direction du sud de la Romagne, sur les terres du roi de France, où les armées de la coalition du nord devaient se retrouver. Si l’armée génoise ne fit pas chemin avec les troupes savoyardes, le condottiere Galeazzo de Sanseverino et ses hommes, récemment engagés par Paolo Fregoso, firent route en leur compagnie.

Les deux têtes pensantes de l’expédition contre la Romagne, les Marquisats de Saluces et de Montferrat – respectivement nommés duc de Valentinois et duc du Châtillonnais par Charles VIII en récompense de leurs actes à Naples –, joignirent leurs forces pour rejoindre la coalition au nord du Royaume de Naples.

En tout, les chroniqueurs rapportèrent que le camp lombard réunissait près de 26.000 hommes et une vingtaine de bombardes. Cela put paraître peu à la connaissance de ce que pouvait réunir la Ligue Lombarde, mais cela constituait néanmoins une force de frappe très intéressante qui avait de quoi faire frémir un Royaume de Romagne en pleine ébullition et qui se préparait méticuleusement à la guerre depuis la fin de l'hiver.

Au centre de l'Italie :

En Romagne, Astorre Manfredi, duc de Faenza, et son conseil de régence s’efforcèrent de solidifier les défenses du Royaume face à l’incursion qu’on estimait imminente des coalisés septentrionaux. Une fois le démantèlement de Ferrare effectué – la partie est revint à Sienne, la bande de terres au sud à Faenza et la partie ouest à Vitellozzo Vitelli que Faenza éleva à la fonction de seigneur de Rovigo -, fortifications et recrutements massifs furent les principales occupations de tous les membres du Royaume de Romagne. Tous ? Presque, puisqu’un petit malin qui avait fait de la fourberie son mode de vie entreprit de faire sa route seul, loin des problèmes de ses camarades. Le Prieur de Sienne, Pandolfo Petrucci, avait misé gros sur une entreprise complètement folle : renverser le Pape pour placer son évêque sur le trône de Saint-Pierre.

La trahison insensée de Petrucci : l’invasion des Etats pontificaux (Mai 1497)

Alors que le roi de Romagne avait confié des tâches à chacun de ses alliés, la République de Sienne décida subitement et sans aucun préavis de se délier de ses obligations. Les armées de Rimini, envoyées initialement pour défendre l’ouest du Royaume avec les troupes siennoises, furent bien surprises quand elles virent qu’aucun soldat ne les attendait à l’endroit où la réunion des forces était censée se faire. Rapidement, tout le monde comprit : comme d’habitude, Petrucci avait encore une fois trahi. Mais contrairement à ce qu’il avait l’habitude de faire, ne se risquant jamais à entreprendre des choses irréalisables, le dirigeant siennois se hasarda à vouloir ferrer un poisson peut-être trop gros pour lui cette fois-ci : le Pape.

Alors que la situation pontificale semblait totalement stabilisée pour tout le monde, Sienne estima qu’installer un souverain pontife à sa botte serait quand même bien plus pratique qu’un pape accepté par tout le monde. Ce faisant, Petrucci ordonna à son général, Cesare Borgia, d’envahir sans tarder les Etats pontificaux afin de mettre le siège à Rome. Pratiquement toutes les forces de la République de Sienne traversèrent la frontière au sud, déferlant avec vigueur sur les terres saintes de Pie III. Fou mais pas stupide, le Magnifique n’oublia pas qu’une telle entreprise, une fois l’effet de surprise passé, nécessitait l’appui des citoyens. Ce fut pourquoi il ordonna à ses hommes de main d’aller distribuer moult or afin de faire passer son coup de pute pour un magnifique geste d’humanité. En effet, chargés de convaincre les gens que Petrucci était bon, miséricordieux et saint – il aurait une fois permis à un chacal de se relever rien qu’en lui touchant le front –, les Siennois multiplièrent les actions pour faire bien voir l’offensive de leur maître.

Le résultat fut très contrasté, certains – les plus faibles d’esprit, des "Wojak" comme on les appelait dans le patois local – adhérèrent au discours des hommes d’Il Magnifico. Mais pour la plupart, on vit cette invasion comme ce qu’elle était : une odieuse putasserie qu’on ne laisserait pas passer. Cependant, l’armée siennoise, fort nombreuse et menée par un commandant de génie, parvint promptement jusqu’à Rome, jouissant de la soudaineté de cette attaque, le temps que l’armée pontificale se mit en branle. Rapidement, on vit des foyers de révolte émerger sur les terres occupées par Sienne. Les citoyens aimaient ce pape qui s’était efforcé depuis son accession à la charge suprême de s’enquérir du bien-être de ses sujets plutôt que d’agir comme un impérialiste boulimique, si bien que le dessein siennois tomba bientôt dans une impasse. Rome était assiégée mais loin d’être tombée, les populations commençaient à se soulever à l’arrière et même à Sienne on commençait à se demander ce qui était passé par la tête d’un leader si souvent éclairé. Ses plus gros détracteurs se réjouirent même de ce coup de poker de Petrucci, murmurant : « Et si c’était bientôt la fin de cet emmerdeur ? ».

Un gros affrontement à défaut d’une invasion massive : la bataille de Spolète (Mai 1497)

Sur le territoire du Royaume de Naples récemment libéré de l’occupation des mercenaires palermitains, les troupes de la coalition orchestrée par la Ligue Lombarde œuvrèrent aux derniers préparatifs de l’invasion du Duché d’Urbino. Ayant suffisamment mis en garde les membres du Royaume de Romagne, ils se préparaient à aller assiéger la capitale du Duché afin de faire payer au jeune duc ses errances et la trahison qu’il avait commise à l’égard du roi de France.

En somme, le plan était assez simple : foncer sur Urbino en profitant du fait que les Romagnols seraient occupés à se disperser sur tous les fronts du Royaume afin de se défendre contre d’éventuelles incursions. N’étant pas certains des plans lombards, les défenses au sud ne pourraient tenir face à une offensive de grande ampleur. Ce qu’ils ne savaient pas, c’était l’acharnement avec lequel le Duché de Faenza avait œuvré pour se constituer un réseau d’espionnage largement aussi performant que celui de Mantoue. Les Romagnols prirent rapidement conscience que le nord du Royaume ne serait pas visé par la Ligue Lombarde, Milan, Mantoue et Venise se renfermant dans des positions très défensives. Toute l’action aurait lieu au sud, d’autant plus que la défection siennoise était maintenant connue de tous. Les armées romagnoles, renforcées par l’envoi d’un régiment impérial, firent donc marche vers le sud du Royaume et se mirent à attendre avec inquiétude l’arrivée des hommes de la Ligue Lombarde.

Les deux armées se firent face aux environs de Spolète, bourgade prestigieuse au sud du territoire d’Urbino. Les deux forces étaient fort grandes, renforcés par un afflux de mercenaires venant de toute part : le Roi de Romagne avait en effet pris le soin de contacter des potentats en secret afin de louer leur armée sous bannière faentine. En tout, ce furent près de 30.000 soldats et 70 bombardes du côté romagnols qui s’opposèrent aux 26.000 hommes et 20 pièces d’artillerie de la Ligue Lombarde.

Sur le papier, le combat était déséquilibré, mais il ne le fut pas tant que cela sur le terrain grâce aux excellentes troupes de Saluces et de la Savoie. Le Chevalier de Bayard fit encore une fois des miracles pour essayer de contrecarrer les manœuvres défensives orchestrées de main de maître par la générale de Faenza, Catherine Sforza. Ce ne fut toutefois pas suffisant et la lutte pencha au fur et à mesure du côté de la Romagne. Trop bien préparées, plus nombreuses, plus expérimentées et avec un large avantage d’artillerie, les armées romagnoles repoussèrent finalement les troupes de la Ligue Lombarde qui se replièrent au-delà de la frontière sans avoir pu atteindre l’objectif initial, Urbino. On compta à la fin des combats près de 13.000 morts sur le champ de bataille en marge de Spolète.

Peu désireux de perdre l’avantage qu’offraient les fortifications érigées de part et d’autre de la frontière urbino-napolitaine, les deux ennemis ne se risquèrent pas à tenter de nouvelles offensives. Les deux camps s’efforcèrent de regarder en chien de faïence l’ennemi au-delà de ce no man’s land improvisé. Chacun se demandait ce qui allait advenir : les factions du Nord passeraient-elles à l’action ? Qu’adviendrait-il de Sienne ? Beaucoup de questions restaient en suspens alors que la fin d'une époque pointait de plus en plus le bout de son nez.

Au sud de l'Italie :

La fin du conflit fut acté entre les différents belligérants suite à une entrevue officielle entre le vice-roi de Naples et le duc de Palerme. Tous les habitants des différentes provinces du sud espéraient que ce nouvel accord de paix serait le bon et permettrait à la région de vivre dans la sérénité.

Robert de Balzac et Ferdinand 1er d’Aragon s’entendirent pour se diviser les territoires équitablement afin de contenter, une bonne fois pour toute, le souverain de Palerme - devenu duc des Deux-Siciles suite à sa déclaration de vassalité à l’égard des Rois catholiques d’Espagne. La famille ducale retenue par les forces de Saluces fut rendue en même temps que les armées françaises quittèrent la Sicile. Les terres occupées par les mercenaires à la solde de l’Aragonais revinrent dans l’escarcelle du Royaume de Naples. Les deux puissances conclurent un accord de non-agression et s’entendirent pour créer une véritable relation de bonne entente, voulant laisser loin derrière eux la guerre et les méfiances réciproques.

Le duc des Deux-Siciles remercia solennellement les fils d’Archimède. Dans une cérémonie officielle, quelques-uns des rebelles les plus en vue furent récompensés, Ferdinand s’empressant de les qualifier de « héros de la nation sicilienne ».

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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 24 Avr - 17:04

Echanges diplomatiques d'intérêt avant 1515 :

Déclaration du petit duc d'Urbino, le cœur brisé par les actes de Petrucci:

Pie III excommunie Pandolfo Petrucci:

Condamnation de la Romagne par le marquis de Montferrat:

TOUR FINAL - 1515

Avènements des Princes - Récapitulatif  Tourfi11

En cette fin d’année 1514, Nicolas Machiavel paraissait vieux et las. Il est vrai que l'homme n'avait jamais cessé de prendre la route pour remplir les missions confiées par les plus illustres hommes de son temps. Dans sa propriété en marge de San Casciano, petite bourgade aux alentours de Florence, il prenait plaisir à se reposer loin du tumulte des cours d'Europe. Cependant, lui revenant en tête ses légations passées, il sentit monter en lui l’envie irrépressible de coucher sur papier les événements dont il avait été un acteur à part entière durant ces vingt dernières années. Francesco Vettori, son plus fidèle ami, aujourd'hui ambassadeur de la République de Gênes auprès du pape Léon X, prendrait lui aussi sûrement plaisir à ressasser tout cela. Peut-être fut-ce la chaleur réconfortante du foyer attenant à son bureau qui le poussa à se livrer ainsi, mais il s'empressa de saisir plume et papier et se mit à écrire.  

Le 28 décembre 1514, Nicolas Machiavel a écrit:

A Francesco Vettori,

Magnifique ambassadeur, je me permets de vous envoyer cette lettre parce qu'aujourd'hui m'est venue l’envie de me remémorer les événements qui ont frappé notre belle Italie durant ces dernières années. Loin de moi l’envie de vous barber avec les bavardages d'un vieil homme, mais puisque nous étions tous les deux, à cette époque, envoyés aux quatre coins de la péninsule pour transmettre la parole de nos princes, je me suis dit qu’il vous serait peut-être agréable que nous nous souvenions ensemble.

Alors que nos inspections nos métayers ce matin, mon fils Bernardo m’a posé diverses questions sur le Royaume de Romagne, et précisément sur ce qui avait fait la légende du roi Astorre Ier. Comme vous le savez, j’étais à cette époque l’ambassadeur spécial du duc de Faenza, ce qui m’a permis de connaître absolument tout des ambitions et des mouvements du jeune prince. Je pris donc soin d’expliquer à mon fils les raisons du succès de la Romagne, en commençant par les fameuses manœuvres opérées par Manfredi durant la Guerre lombardo-romagnole. En effet, ce dernier avait rapidement compris que les armées de Romagne ne suffiraient pas à battre les puissantes troupes de la Ligue Lombarde, d’autant plus que Petrucci s’était condamné à périr en envahissant les territoires pontificaux, privant ainsi le Royaume de précieux soldats. En conséquence, il dut se montrer astucieux : avec l’aide de Léonard de Vinci, il investit d’énormes sommes d’argent pour préparer des pièges plus astucieux les uns que les autres afin d'empêcher l’avancée de ses ennemis au nord, pièges qui contribuèrent à tuer plusieurs milliers d’hommes alors que les armées de Romagne se battaient au sud contre le reste de ses ennemis. Néanmoins, sa plus grosse réussite avait été de s’allier secrètement avec la Sublime Porte. Cette manigance lui permit de recevoir un soutien important, puisque Bajazet fit envoyer des mercenaires au sud de la péninsule – sur le territoire des Deux-Siciles. Plus intéressant, il fit envahir les terres de Venise alors dépouillée de ses troupes qui marchaient avec celles de Milan et de Mantoue ; la Sérénissime se retira pour sauver ce qui restait à sauver. Toutes ces manœuvres permirent à la Romagne de rééquilibrer les débats, sans pour autant lui assurer une victoire. D’ailleurs, celle-ci ne vint jamais. La guerre dura quatre années et se solda par une armistice entre les deux belligérants : Manfredi accepta de verser un très lourd tribut à ses ennemis tout en leur laissant les terres qui avaient été conquises au sud. De plus, il se résigna à céder sa charge de prince-électeur du Saint-Empire au Duché de Milan, en accord avec Maximilien ; en contrepartie, il n’exigea qu’une chose : qu’on lui laisse sa couronne. Toutes les parties se réunirent et signèrent une paix qui s’avéra, très étonnamment, durable. Nous jouissons encore aujourd’hui cher ambassadeur des effets de ce pacte puisque, comme vous le savez bien, plus aucun conflit n’est venu contrarier la quiétude de notre belle Italie.

Quid de Rimini, d’Urbino et de Sienne me demanderez-vous ? A vrai dire, en ce moment, j’entreprends de finir la rédaction d’un petit fascicule appelé De Principatibus que je compte adresser à Andrea Doria, le Doge de Gênes, et dans lequel j’ai consacré un chapitre entier aux choses que les princes doivent éviter pour ne pas être blâmés, et ces trois potentats sont des tristes exemples de cet écueil. Pandolfo Petrucci – bien qu'il fut un prince de génie durant la quasi-totalité de sa vie – ne survécut évidemment pas à son mouvement suicidaire contre le Pape. La République de Gênes s’efforça d’abattre avec vigueur Sienne, ce qu’elle fit sans trop de soucis : Petrucci fut arrêté et envoyé à Rome où les instances ecclésiastiques le jugèrent pour son infâme trahison. Il disparut. Rimini et Urbino subirent peu ou prou le même sort que l’ancien prieur de Sienne. Le duc de Rimini, Pandolfo Malatesta, se tint sur un fil pendant une bonne partie de la guerre, hésitant à trahir son camp pour ne pas avoir à subir le sort des perdants. Devant cette inconstance, Faenza prit une décision implacable mais nécessaire dans son optique de survie : elle annexa tout bonnement Rimini sur le chemin de la guerre. Malatesta fut jugé pour haute trahison, pendu, et son fief se fondit dans celui du roi de Romagne. La question d’Urbino fut réglée sur le champ de bataille : les Romagnols perdirent, les Lombards avancèrent, prirent Urbino et son duc. Le « petit sot » comme on l’appelait fut envoyé en France pour y recevoir une correction du roi de France alors que le reste de son territoire était dépecé entre la Romagne et le Royaume de Naples.

Quand on voit les choses telles qu’elles sont aujourd’hui, il est difficile de se rappeler qu’il y a encore peu de temps la péninsule était encore composée d’une myriade de petits Etats indépendants. Les conséquences de cette guerre furent nombreuses. Dans un premier temps, le Royaume de Naples fut considérablement agrandi par l’acquisition des terres urbino-riminaises. Louis XII, le successeur de Charles VIII, prit vite conscience, contrairement à son prédécesseur, que l’Italie était selon ses dires « difficilement gouvernable » et entreprit de déléguer les pouvoirs péninsulaires de la France à ses nombreux alliés. Il rendit la Couronne de Naples indépendante, tout en la vassalisant à la France, et la confia à la famille régnante de Saluces, qui se vit ainsi récompenser plus qu’elle n’eut pu jamais l’imaginer avant le commencement de ces guerres d’Italie. Avec l’approbation de Montferrat et de la Savoie, finalement rentrée dans le giron français – suite à la triste affaire du mariage du duc Charles-Jean-Amédée et de la princesse Marguerite d’Autriche que tout le monde connaît -, les trois anciens ennemis frontaliers se réunirent tous en une grande et puissante entité : le Duché de Piémont-Savoie qui revint à la famille régnante de l’ancien Duché de Savoie. Tout cela put avoir lieu grâce à l’événement qui marqua le début de notre siècle : la croisade de 1510 pour reprendre Constantinople.

Cette dernière fut à l’initiative de Guillaume IX Paléologue, marquis de Montferrat et descendant légitime de la famille ayant régné jusqu’en 1453 sur le trône de l’Empire Byzantin. Confiant son projet au roi de France, il lui énonça qu’il avait le soutien de nombreux potentats italiens qui étaient prêts à la suivre dans son entreprise périlleuse. Conscient qu’il était redevable au brave Marquisat de son implication dans tous ses projets en Italie, il s’efforça de défendre le projet de l’ancien marquis de Montferrat auprès du nouveau pape Jules II. Jouant sur le fait que l’appétit ottoman semblait être sans limites - Venise n’ayant réussi à repousser que partiellement l’invasion ottomane récente - et conjecturant que la reconquête de l’ancienne capitale de l’Empire byzantin permettrait de créer un nouveau rempart de la Chrétienté contre les Mahométans, Louis XII se montra un allié fort convainquant pour le jeune marquis. Jules II, voyant tous les bénéfices qu’il pourrait tirer d’une croisade victorieuse, accepta l’idée et décida de donner son aval au dessein des Paléologues. Au printemps 1510, une flotte gigantesque emportant plusieurs dizaines de milliers de croisés prit la direction de Constantinople avec Guillaume IX – maintenant adulte et fringuant – comme guide. « Les Paléologues vivront ou mourront à Constantinople », furent ses mots quand il vit au loin la Basilique Sainte-Sophie apparaître. De manière totalement prodigieuse, les Ottomans - au courant qu'une Croisade avait été lancée et ayant préparé leurs défenses sur les frontières occidentales - n'eurent pas vent des projets chrétiens de directement attaquer l'Empire en son coeur, dans sa capitale. Les Croisés, après moult combats, parvinrent à reprendre la ville et le jeune Guillaume hissa le drapeau à tête bicéphale sur les hauteurs de la cité de Constantin. Ces quatre dernières années ont été marquées par les nombreuses tentatives ottomanes de reprendre la ville alors que les forces du Seigneur de Constantinople se sont efforcées d'agrandir petit à petit le territoire de ce nouvel Empire byzantin, bien loin cependant d'être assis. Toutefois, on m'a rapporté que cet outrage fait à la toute-puissance du Sultan a eu le mérite de réveiller les peuples sous hégémonie ottomane, un marchand de passage à Florence nous a raconté comme les peuples orientaux se seraient mis dans la tête de suivre l'exemple byzantin pour se soulever contre leur maître. Il est fort à parier que ce ne sont que des racontards mais il est drôle de voir comme l'ambition et la volonté d'un homme peut parfois avoir le mérite de changer un tant soit peu le monde.

J'ai également du expliquer à Bernardo comment Ferdinand d'Aragon était parvenu à récupérer la Sardaigne des mains de ses cousins les bons Rois Catholiques pour se couronner de nouveau roi, mais bref, ceci est une autre histoire et vous ne la connaissez que trop bien puisque vous étiez l'envoyé du Pape à cette époque, me semble-t-il ? Tout cela pour dire que l'Italie a bien changé ces dernières décennies et je trouve cela fort heureux que nous ayons pu être témoins de ces transformations, vous et moi. J'espère d'ailleurs bientôt pouvoir reprendre la route, l'exil imposé par mon roi n'ayant que trop duré à mes yeux. Mon ami à la Cour de Faenza - qui me tient toujours bien informé des dernières nouvelles des grandes cours d'Europe - m'a d'ailleurs rapporté que le roi de France serait mourant et que son successeur, François d'Orléans, aurait de grandes visions pour la France en Europe. Vous devez être bien plus au courant que moi à ce sujet, et j'aimerais, si possible, que vous m'en donniez. Cela noierait quelque peu mon ennui.

Dans l'attente de vos nouvelles, je me recommande à vous, et je vous prie de saluer votre maisonnée de ma part.
Nicolas Machiavel.
A San Casciano, le 28 décembre 1514


Etat de l'Italie en 1515:
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MessageSujet: Re: Avènements des Princes - Récapitulatif    Avènements des Princes - Récapitulatif  Icon_minitimeMer 24 Avr - 17:04

Récompenses et classements de fin de MV

Bilan de fin :


Parce qu'ils ont glorieusé quasiment tout le MV, qu'ils ont réussi à tirer leur épingle du jeu un petit peu mieux que les autres et ne sont - surtout - pas morts ou n'ont pas ragequit comme des enfants, les vainqueurs du MV sont à mes yeux :

AEDHR / BEREGIL / KEVIN13 / LABTEC

Parce qu'ils ont su survivre, ont prospéré et ont finalement trouvé une place de choix lors du festin final, les gens qui n’ont pas démérité sont :

ARZGLUF / ENDWARS / SILVIO / TEMUDHUN / HGH 2.0 / SERGUEIBORAV

Parce qu’ils ont su joué un rôle important à un moment donné et ils ont su survivre jusqu’à pratiquement la fin du MV, les joueurs sans gloire mais sans honte sont :

LARS / FABIAN / KORATOS

Parce qu’ils ont globalement fait ce qu’il ne fallait pas faire, qu’ils ont couiné comme des gorets ou sont morts dans un oubli total, les perdants du MV sont :

DODO / HGH 1.0 / MARAUD / ZHYMA / SERVIETSKY / ARKANTOS / HAMES / FIRIAS


Liste des différents classements de pré-bond dans le temps :

Classement militaire :

1. Faenza (140 pts)
2. Milan (121 pts)
3. Gênes (85 pts)
4. Saluces (79 pts)
5. Savoie (77 pts)
5. Mantoue (77 pts)
7. Deux-Siciles (72 pts)
8. Montferrat (68 pts)
9. Urbino (65 pts)
10. Venise (55 pts)
11. Sienne (49 pts)
12. Rimini (38 pts)
13. Lucques (21 pts)
14. Raguse (11 pts)

Classement économique:

1. Faenza (112 pts)
2. Milan (111 pts)
3. Montferrat (86 pts)
4. Gênes(75 pts)
5. Savoie (74 pts)
5. Venise (74 pts)
7. Sienne (73 pts)
8. Lucques (72 pts)
9. Saluces (71 pts)
10. Deux-Siciles (69 pts)
11. Urbino (68 pts)
12. Mantoue (53 pts)
13. Raguse (52 pts)
14. Rimini (49 pts)

Classement général:

1. Faenza (428,4 pts)
2. Milan (417,6 pts)
3. Gênes (304 pts)
4. Savoie (287 pts)
5. Montferrat (277 pts)
6. Saluces (270 pts)
7. Deux-Siciles (253,8 pts)
8. Mantoue (234 pts)
9. Venise (232,2 pts)
10. Urbino (199,5 pts)
11. Lucques (186 pts)
12. Sienne (183 pts)
13. Rimini (139,2 pts)
14. Raguse (107,1 pts)



Liste des titres :

Pour finir en beauté, voici la liste de vos titres que vous pourrez, si vous le voulez, accrocher glorieusement dans votre signature :

- Aedhr (Seigneur de Faenza, puis Duc de Faenza et enfin Roi de Romagne) : pour l'exploit d'avoir élevé Faenza du rang de tas de merde à capitale d'un Royaume de Romagne finalement fort prospère malgré sa défaite dans la guerre contre la Ligue Lombarde, pour ta capacité sans limites à anticiper et à t'élever au-dessus de la mêlée et pour avoir survécu aux coalitions de - pratiquement - tous les potentats d'Italie qui voulaient te voir échouer, je te donne le titre de CE QU’AURAIT DU ETRE CESAR BORGIA

- Beregil (Marquis de Montferrat puis Seigneur de Constantinople) : pour ta volonté continue d'avoir voulu diplomater plutôt que d’envahir bêtement tes voisins à la moindre contrariété, pour ta capacité à t'être élevé comme le leader naturel de la Ligue Lombarde et enfin pour ton entreprise suicidaire et en même temps pleine de panache de reprendre Constantinople pour rétablir l'Empire byzantin, je te donne le titre de LE DIGNE HERITIER DE JUSTINIEN

- Kevin13 (Duc de Milan) : pour avoir démontrer ta capacité de résilience après t'être fait violer par la France et ses alliés puis avoir subi une invasion sans préavis de nombreuses petites ordures, pour avoir fait le dos rond et t'en être finalement sorti, devenant au fur et à mesure du temps la seule faction capable de tenir tête à Faenza, je te donne le titre de ATATÜRK

- Labtec (Doge de la République de Gênes) : pour ta conquête aisée de Sienne alors que Petrucci avait menacé durant tout le MV de te blober, pour ton entreprise réussie de devenir la puissance commerciale dominante d’Italie grâce, notamment, à ton petit coup de pute rigolo ayant entraîné le savatage en règle de ton concurrent direct, je te donne le titre de MARK ZUCKERBERG

- Arzgluf (Marquis de Saluces puis Roi de Naples) : pour ta fidélité absolue à la France dont tu as été le bras armé le plus sûr et le plus brillant, pour ta brillante collaboration avec Montferrat et l’accession finale de la famille régnante de Saluces sur le trône de Naples, je te donne le titre de JOACHIM MURAT

- Endwars (Marquis de Mantoue puis Duc de Mantoue) : pour ta capacité légendaire à venir pleurer à absolument tous les tours en hurlant « CA Y EST ON M’A RASE MANTOUE °O° » alors que personne ne savait la placer sur la map, pour ton réseau d’espions très performant au début mais finalement complètement inutile et risible à la fin, je te donne le titre de OSS 117, NOM DE CODE : PLEUREUSE

- SergueiBorav (Prieur de Sienne) : pour ta continuelle volonté d’escroquer et de baiser tout le monde - sans distinction - du début à la fin du MV, pour ton incapacité à te comporter comme un être humain doué d’émotions et ton dernier coup de pute qui a finalement causé ta ruine totale, je te donne le titre de BERNARD MADOFF. Pour ton interprétation magistrale de Petrucci, je t’octroie de plus le titre de PETRUCCI LE MAGNIFIQUE

- Silvio (Roi de Naples, puis duc de Palerme et enfin Roi des Deux-Siciles ) : pour avoir volontairement accepté de te faire violer par la France en prenant Naples, pour avoir couiné quand le viol est arrivé et t’être plaint constamment que la vie était injuste mais finalement être devenu roi des Deux-Siciles grâce à ton acharnement à vouloir toujours plus de pouvoir, je te donne le titre CERSEI « OUIN-OUIN » LANNISTER

- Temudhun (Duc de Savoie puis Duc de Piémont-Savoie) : pour ton mouvement couillu en début de MV de t’opposer à la France alors que t’étais livré à toi-même, pour le reste du MV où t’as passé ton temps à te rattraper pour tes errances de début de partie, et pour avoir finalement su gagner la confiance de tes anciens ennemis et être devenu un élément moteur de la Ligue Lombarde, je te donne le titre de JORAH MORMONT

- Hgh (Seigneur de Florence puis dans une deuxième vie Doge de Venise) : pour ta première décision du MV (10 minutes après sa création) qui a conduit Florence à une déchéance pathétique en deux tours, pour tes arguments à la tire-moi-le-nœud lorsqu’il t’a fallu expliquer les raisons de l’invasion Bologne et le ridicule qui a entouré ta gestion de la ville de Laurent le Magnifique, je te donne le titre de NICOLAS DUPONT-AIGNANT. Pour ta deuxième partie de MV où tu t’es évertué à essayer de rétablir la situation brinquebalante laissée par Dodo à Venise, je t’octroie le titre de MARIO MONTI

- Lars (Seigneur de Rimini puis Duc de Rimini) : pour ta gestion très tranquille de Rimini qui t’a amené à ne jamais t’exposer ou à ne jamais apparaître sur le devant de la scène, pour ta volonté d’essayer de jouer sur les deux tableaux afin de survivre, ce qui t’a finalement mené à ta perte, je te donne le titre de LITTLEFINGER SOUS TRANXENE

- Fabian (Duc d'Urbino) : pour avoir réussi à faire du Duché d’Urbino la deuxième puissance de Romagne sous la direction de ton premier duc glorieux qui est mort au combat, et pour avoir tout détruit en faisant de son héritier un mioche stupide et geignard, montrant tous les symptômes d’une schizophrénie inquiétante, je te donne le titre de NORMAN BATES

- Dodo (Doge de Venise) : pour t’être essentiellement concentré à faire prospérer le commerce à Venise sans jamais te soucier de renforcer son armée, pour avoir tenter des coups de pute qui n’ont jamais marché à cause de ton incapacité à te défendre (faisant ressembler Venise à Andorre), et pour ton ragequit final à base de « Le MJ est un nazi qui pipe le jeu », je te donne le titre de CALIMERO LE FRIQUE

- Hames (Pape) : pour avoir récolté dans un premier temps les lauriers du travail de tes vassaux, pour t’être enfermé dans un mutisme malaisant ayant conduit la plupart des potentats italiens à te haïr et à vouloir te renverser, et pour avoir finalement disparu comme tu avais joué (c’est-à-dire sans un bruit), je te donne le titre de BERNARDO, LE SERVITEUR DE ZORRO

- Arkantos (Duc de Ferrare) : pour avoir hérité d’une faction puissante et connue pour son savoir-faire militaire, pour l’avoir littéralement transformé en un cirque géant où troubadours et jongleurs furent à la fête, et pour ton désossement final survenu finalement tard à la vue des faiblesses de ton duché, je te donne le titre de ARLETTE GRUSS

- Zhyma (Seigneur de Pérouse) : pour tes nombreuses absences et ton acharnement à n’envoyer tes actions que tous les deux tours, pour ta fidélité absolue à Hames (qui t’a coûté la vie) et ton investissement systématique dans l’amélioration de ton armée, je te donne le titre de CHIEN GUIDE D’AVEUGLE KAMIKAZE

- Maraud (Seigneur de Bologne) : pour ta volonté de nuire dès le premier tour en créant des bandes de malfrats sur les terres de tes voisins, pour ta capacité à propager des fake news en disant à tout le monde que ton armée était très puissante alors qu’elle était finalement ridicule, et pour ton suicide politique final en laissant Bologne sans défense, je te donne le titre de FLORIAN PHILIPPOT. Pour ta fuite vers l’Orient et ta disparition des radars laissant penser que tu as fini dans un bordel à Antioche (et pas comme client), je te donne le titre de BENTIVOGLIO L’EUNUQUE

- ServietSky (Recteur de Raguse) : pour ta volonté de rejoindre le MV et mon empressement à te donner une faction glorieuse comme Raguse laissant penser que tu pourrais jouer un rôle très intéressant, pour ton absentéisme forcené m’ayant déçu et continuellement tapé sur les nerfs, je te donne le titre de JAR JAR BINKS LE FANTÔME

- Koratos (Seigneur de Lucques) : pour avoir rejoint le MV très tardivement et avoir hérité d’une toute petite faction que tu as néanmoins fait prospérer intelligemment mais sans pouvoir en faire une réelle puissance qui compte, je te donne le titre de LANDO CALRISSIAN

- Firias (Seigneur de Forli) : pour avoir abandonné dès le tour 1 et laissé la voie libre à Faenza, permettant ainsi à Aedhr de devenir le monstre qu’il est devenu, je te donne le titre de RONALD WAYNE

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