La Vie, la Mort
Détails spirituels quotidiens des Esas NaissanceLorsque les jeunes Esas naissent, ils le font au sein de familles soudées, plus ou moins hiérarchisées selon les régions et les différences culturelles mineures. Durant les cinq premières années de leur vie, les Esas ne sont pas nommés autrement que par le nom de leur père et un chiffre, une méthode déjà utilisée pour nommer leur culture dans la globalité (
Ge'ez signifiant Premier et
Esat étant une déformation de Esana, le fondateur légendaire de leur peuple). Ainsi, les enfants d'Amhar s'appelleront Ge'ez Amhar, Ka'êb Amhar, Salês Amhar, et ainsi de suite.
Cérémonie du nomA leur sixième anniversaire, les enfants sont officiellement acceptés dans la communauté. A compter de cet instant, ils reçoivent un véritable nom. Si ce sont en général les parents de l'enfant qui le nomment, il est courant qu'un parrain ou une marraine de l'enfant reçoive cette lourde tâche. La personne qui nomme l'enfant est considérée comme son parent le plus important, qu'elle ait un lien biologique avec lui ou pas.
On retrouve cette fonction notamment au sein de la noblesse de Bahiri, où elle permet l'adoption des enfants (particulièrement dans le cas de relations clientélistes), mais aussi chez les mystérieux habitants de Terera, où tous les enfants sont ainsi nommés par quelques personnes dans les villages, généralement les chefs.
JournauxUn Esat adulte ne prie pas, pour la bonne raison que les dieux ont abandonné l'humanité il y a bien longtemps. Le principal acte pseudo-religieux consiste pour ceux qui en sont capables en la rédaction d'un journal intime, dans lequel sont racontées les journées de ceux qui les écrivent.
Il ne faut cependant pas croire que ce journal soit une pratique extrêmement répandue ou développée ; la plupart des Esas se contentent de griffonner quelques rapides informations, notamment pour se souvenir de l'essentiel. Plus ils sont attachés à la culture et à la spiritualité, cependant, plus ils s'efforcent d'être exhaustifs et honnêtes sur ce qu'ils écrivent.
Dans la région de Terara, ce fait culturel a acquis une dimension quasiment religieuse. Les chefs de village passent près de la moitié de leur temps à lire les journaux des Esas les plus éduqués, pour contrôler qu'il n'y soit écrit ni mensonge, ni vérité trop évidente que les non-initiés pourraient mal utiliser.
La mortÀ leur mort, les Esas sont incinérés. On considère en effet qu'à partir de l'instant où ils n'ont plus de présence intellectuelle, ils doivent limiter leur présence physique au minimum. Les cendres sont ensuite généralement dispersées, et l'on considère que l'Esat mort et incinéré est désormais capable de se reposer de son long travail de recensement des faits et objets du monde. Les cimetières où sont dispersées les cendres sont de grandes étendues grisâtres, de sables et de cendres mêlées, bâties à la frontière des villes.
Cette pratique connaît deux variantes majeures, encore une fois à Bahiri et Terara.
A Terara, les cendres sont mêlées à l'encre que l'on produit localement pour l'écriture ou la peinture. Il n'est pas rare que cette encre soit même utilisée pour des tatouages ; les chefs de village portent ainsi leur généalogie tatouée sur eux, dans une encre faite des cendres de leurs ancêtres.
A Bahiri en revanche, les rites funéraires des autres peuples du continent ont vu la naissance de tombeaux familiaux. Généralement réservés à l'élite, ils consistent en des tombes partiellement troglodytes où de grandes fosses accueillent les cendres des morts.