Marin de la guerre de sept ans.

Canonniers !

Je peux jouer une mouette ?

Tem accordé, ior refusé...

Et puis je pose pas trop de limitte non plus tem.
Pour ior, j'ai pas envie que le navire coule à pic avec un boulet comme toi...

Puis-je faire donc un boulet de canon ?

Je crains que même dans ce rôle la tu échoues

Et moi, accepter j'espère?
Quand je dis boucher c'est le médecin hein...

voui voui, je répondais au demandes excentriques...

mât'lot m'sieur !

Je suis persuadé que Ior fera un très bon boulet.

XD

Je prends le rôle du matelot !

Mais gloire à ce fringant navire dont le renommé capitaine De Borreau venait de prendre le commandement ! Il fendait l'écume avec panache et paraissait pouvoir affronter le grand Neptune en personne.

De Borreau arpentait le pont de la poupe à la proue cherchant quelque matelot à réprimander, une corde qui traine et c'est l'accident, que les hommes qui pensaient que rejoindre l'équipage du fameux Minotaure se résumait a boire, faire des escales et des virées chez les catins se détrompent !

Le capitaine est le seul maitre à bord après dieu, car, sur un navire bien discipliné, le capitaine est le diable en personne !

Arsène Dubreucq, soldat du prestigieux 15ème de Ligne, errait sur le pont en constatant les dégâts de la tempête.
Arsène n'avait pas l'âme d'un marin. Il avait même horreur de la marine. Lui, il se voyait sur la terre ferme, dans l'infanterie légère, à repousser l'ennemi à coups de baïonnette. Et la baïonnette il connait ! Il fut présent à fort Carillon, il y a un an, et fut décoré pour son courage et sa vaillance. Mais cette gloire fut de courte durée... Son tempérament violent et indiscipliné l'a fait renvoyer de son régiment pour le 107ème de Ligne. Du coup, le voici, malgré lui sur un bateau, entouré de personnes qu'il exècre.

Etant toutefois accoutumé à vivre sur cette prison flottante, il n'hésitait pas à se rendre utile sur le pont pour de multiples travaux... Sauf pour les corvées.
La seule chose qui le gardait encore sur le navire, sans prendre en compte le fait que personne ne peut s'échapper d'un bateau en pleine mer, c'était sa vigueur au combat et sa fiabilité dans les situations les plus difficiles et dangereuses...

Jean Gauvrit, jeune mousse de 15 ans se plaisait en mer. Travaillant sur des navires depuis maintes années déjà, il n'avait jamais souffert d'un quelconque mal de mer ou d'une nostalgie de la terre ferme. Le roulis du navire, la boiserie du navire qui craque, le battement des voilures au gré du vent, et les vociférations du capitaine, pour lui, tout ceci était familier; c'était sa vie. Pourtant, ce navire là n'avait rien des navires de pèches, puis plus tard, des navires marchands sur lesquelles il avait l'habitude de voguer. Non, ce navire là était différent. D'abord, quant on lui avait dit que la marine royale avait besoin d'homme pour ses navires devant partir aux Indes, il crû rêver. L'occasion tant espérée de quitter la vielle France et s'embarquer voir le monde, vers les Indes ! Il se voyait déjà naviguer sur une mer turquoise, dans des navires orientaux croulant sous le poids des épices. Il se voyait déjà affronter des pirates de ces mers orientales et libérer la fille d'un quelconque maharadja qui ne manquerait pas de le récompenser. Il se voyait ... Tout ça n'était qu'un rêve et la désillusion fut des plus rudes. Quittant le foyer familial malgré le désespoir de ses parents et de ses frères et sœurs, il s'embarqua en tant que matelot sur le Minotaure. Et vint s'additionner à la vie déjà rude d'un marin, la vie militaire. Sans compter qu'il était en plus Benjamin du navire, ce qui lui valait les railleries de ses paires, bien plus âgé. Le mioche comme on l’appelé ... Mais il ne bronchait jamais.
Les premiers combats l’éprouvèrent terriblement. A peine habitué à la dur réalité de la vie d'un marin dans la mer des Indes, il avait été confronté à celle d'un soldat. Il avait attendu les premiers combats avec un sentiment mi-anxieux mi-impatient, et c'est cette impatience qu'il regrettera amèrement. Certes il n'avait pas eu à combattre, mais ce vacarme, cette agitation, et ces morts ! Il en était épouvantait. Même si à la longue on s'habituait, demeuré tout de même une certaines horreurs des combats, comme un léger traumatisme.
Désormais son navire voguait seul, alors qu'il y a quelques heures seulement il était l'un des composants d'une puissante flotte, mais un puissant intempérie vint dissoudre cette dernière en une multitude de navires disséminés dans la mer des Indes.
"Et maintenant ? se dit-il, qu’adviendra t-il de nous ? . Il s’abandonna à ses pensés, tout en nettoyant le pont d'une brosse d'apparence miteuse, se son foyer perdu et de son cruel sort.